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Galles - XV de France - Technique. Comment les Bleus se sont réappropriés leur combinaison "Baa-Baas" sur l'essai de Gaël Fickou

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Alors que les Écossais leur avaient emprunté avec succès une combinaison pour marquer face aux Gallois, les attaquants bleus se sont réappropriés "leur" mouvement sur l’essai de Fickou, au bout de 24 temps de jeu qui leur ont permis de contourner la rush défense galloise. Décryptage.

On était revenu dans ces colonnes, en début du Tournoi, sur ce drôle de constat. À savoir le fait que, face aux Gallois, l’équipe d’Écosse s’était approprié un des lancements de jeu favoris du XV de France (que les Bleus avaient eux-mêmes "emprunté" au Stade toulousain sous l’influence des Dupont, Ntamack et compagnie). Une combinaison nommée "Baa-Baas" d’une simplicité biblique, généralement utilisée après une mêlée en bord de touche ou après un ballon porté ayant fixé le pack adverse. Son principe ? Il réside en une simple passe sautée du demi de mêlée directement pour le premier centre, qui se voit proposer deux options : jouer à hauteur pour le numéro 13, ou dans son dos pour l’ouvreur ayant redoublé.

La nouveauté ? Elle était que les Écossais étaient parvenus face aux Gallois à réaliser ce lancement dans le jeu courant, trouvant ainsi une parade à la "rush défense" des hommes de Warren Gatland susceptibles de couper les extérieurs au niveau des 15 mètres. Une observation que les Bleus avaient également effectué et se sont réappropriés, rendant à César ce qui leur appartient…

Image 1, (capture d'écran de la rencontre pays de Galles - Ecosse).
Image 1, (capture d'écran de la rencontre pays de Galles - Ecosse).

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Face aux Gallois au début du Tournoi, les Écossais avaient déjà réussi à s’organiser pour utiliser la combinaison « Baa-Baas » dans le jeu courant, uniquement entre trois-quarts… Décryptage :une fois les 10 (cercle blanc), 12 (rouge) et 13 (jaune) réunis après plusieurs temps de jeu, ceux-ci communiquent l’information à leur demi de mêlée.

Image 2 (capture d'écran de la rencontre pays de Galles - Ecosse).
Image 2 (capture d'écran de la rencontre pays de Galles - Ecosse).

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Comme sur le lancement « classique », le 13 rentre sa course (flèche jaune) à hauteur du 12 (cercle rouge), tandis que Russell redouble (flèche blanche). La manœuvre est « limite », puisque Jones entre clairement en contact avec le défenseur (cercle jaune).

Image 3, (capture d'écran de la rencontre pays de Galles - Ecosse).
Image 3, (capture d'écran de la rencontre pays de Galles - Ecosse).

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Après sa redoublée, Russell avait deux options : écarter pour son ailier Van der Merwe (cercle vert, au large) ou attaquer l’intervalle, en fonction du choix du dernier défenseur (flèches roses). Ce qu’il va faire ici, avant de jouer tranquillement son 2 contre 1 sur l’arrière…

Meafou en "faux 12"

Pour ce faire, les Tricolores ont encore innové sur l’essai de Gaël Fickou, en ne se cantonnant pas seulement à la ligne de trois-quarts mais au bout d’un immense travail d’équipe. "Quand on prépare un match, on étudie beaucoup l’équipe adverse et on avait remarqué que dans les zones "action" (les 40 mètres adverses, NDLR), à partir d’un certain nombre de rucks positifs, on aurait l’occasion de trouver notre organisation et de poser notre jeu pour utiliser notre puissance, expliquait le sélectionneur Fabien Galthié. Sur cette fameuse action, en direct, j’avoue que je me suis inquiété un peu car elle a duré très longtemps, vingt-quatre temps de jeu. Mais on a su garder notre structure basique et, à la fin, tout le monde a joué juste jusqu’au bout. Même s’il se conclut sur les extérieurs, c’est un essai en puissance très bien construit, qui part de loin et qui représente l’objectif offensif qu’on s’était fixé."

Pour ce faire ? Sur le temps de jeu gagnant, les Bleus ont ainsi utilisé Emmanuel Meafou dans un rôle de "faux 12" au milieu d’une cellule classique d’avants. C’est ainsi que les mains agiles du colosse toulousain lui ont permis de retrouver dans l’axe son partenaire de club, Thomas Ramos, tandis que l’auteur de la deuxième intervention décisive ne fut autre que le centre Nicolas Depoortere.

Image A, (capture d'écran du match pays de Galles - France).
Image A, (capture d'écran du match pays de Galles - France).

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C’est exactement la même combinaison que les Bleus ont utilisée à leur tour face aux Gallois, dans le même cas de figure. La différence ? Ceux-ci ont utilisé des avants pour réaliser la redoublée, avec Meafou et Ollivon (cercle rouge) au milieu du terrain et Depoortere en leurre à hauteur (flèche blanche).

Ramos : "La force de cet essai, c’est que tous les trois-quarts ont basculé ensemble"

Ainsi, alors qu’il avait lui-même été piégé par un leurre sur l’essai de Tomos Williams, le centre de l’UBB a rendu la monnaie de leur piège aux Gallois en ciblant très intelligemment sur son épaule extérieure l’avant-dernier défenseur Josh Adams, en théorie chargé de couper les extérieurs. Une manœuvre qui bloqua l’ailier de Cardiff et offrit aux trois-quarts tricolores un boulevard que Ramos, Penaud et Fickou utilisèrent à la perfection, dans un classicisme de bon aloi. "De telles séquences, ça nous fait du bien. Et ça prouve qu’on a la capacité de tenir le ballon, ce dont on a pu douter au début du Tournoi, appréciait Thomas Ramos. Même quand on ne prenait pas la ligne d’avantage, on prenait le temps de se poser, reprendre nos systèmes. Et au bout d’un moment, si ce n’est pas nous qui craquons, c’est l’adversaire qui craque. La force de cet essai, c’est que tout le monde a travaillé ensemble, et que tous les trois-quarts sont basculés ensemble, au bon moment. On avait envie sur ce match de moins se jeter les ballons, mais aussi de se laisser la possibilité de se faire des passes lorsque l’occasion s’en présenterait. Là, c’était le bon moment."

Image B, (capture d'écran du match pays de Galles - France).
Image B, (capture d'écran du match pays de Galles - France).

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La passe de plus réalisée dans l’axe par Meafou décale d’autant plus Ramos (flèche jaune) que le leurre de Depoortere est parfait, qui fixe l’ailier Adams en attaquant son épaule extérieure (cercle blanc). Tandis qu’à l’extérieur de Ramos, Penaud et Fickou (flèches rouges) sont déjà prêts à ressortir.

Image C, (capture d'écran du match pays de Galles - France).
Image C, (capture d'écran du match pays de Galles - France).

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Comme les Écossais, les Bleus ont fait le plus dur en isolant le dernier défenseur gallois, qui doit faire un choix : garder Penaud ou se décaler sur Fickou (flèches roses). Logiquement, Winnett choisira de prendre l’ailier, permettant à Penaud de jouer un 2 contre 1 d’école sur Fickou.

Et les Bleus l’ont saisie. Comme une preuve que le travail de Patrick Arlettaz commence à payer, et que les Bleus sont aussi capables que leurs adversaires de construire des lancements intelligents, en fonction de l’observation de leurs adversaires…

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Les commentaires (3)
Djive-ST Il y a 1 mois Le 12/03/2024 à 00:11

Arlettaz a entrainé au ST ? Il a inventé une combinaison ? En tout on l'a vu trépigner de joie !

Nigeou Il y a 1 mois Le 11/03/2024 à 18:12

Le travail d'Arletaz?
C'est une combinaison du ST réalisé avec 2 joueurs du ST à l'origine .

unquartdecentre Il y a 1 mois Le 11/03/2024 à 20:56

En sélection le job consiste énormément à faire un pot pourri des schémas de jeu travaillés en club. Les sélections reprennent ce qui fonctionne bien en club. L'Irlande pompe le Leinster, la Nouvelle Zélande pompe les Crusaders et les Chiefs, etc