Maddocks, de la balle à l'aile des Rebels

"Back to back". A Melbourne, l'expression a été matraquée en ce début d'année pour souligner l'exploit du tennisman Roger Federer, qui avait réussi à conserver son titre à l'Open d'Australie. Back to back, l'expression a inspiré les Rebels qui sont allés gagner 37-17 ce week-end sur le terrain de Sunwolves, pour leur premier retour à Tokyo depuis mars 2016 (9-35).

Derrière cette victoire, une première : jamais dans son histoire les Rebels n'avaient remporté leurs deux premiers matches en Super Rugby. Le témoin d'une nouvelle ère pour une franchise qui n'avait gagné qu'un match l'an passé…Une nouvelle ère incarnée notamment par Jack Maddocks, auteur d'un triplé à Tokyo, le premier hat-trick de l'histoire des Rebels. Cinq matches, deux titularisation l'an passé pour aucun essai : déjà deux titularisations à l'aile et trois essais en 2018 pour prendre les commandes du classement avec son coéquipier Naivalu et Akira Ioane (Blues).

Une révélation si l'on s'en tient à son histoire. Maddocks était programmé pour une autre discipline, le cricket. Le rugby, il y avait joué petit mais s'en était lassé, déçu de ne pas pouvoir s'exprimer à sa guise. À la fin de ses années lycée, évoluant avec l'équipe trois, il était davantage porteur d'eau que joueur. Quand son équipe gagna un titre, il fut le seul à ne pas recevoir de médaille et à ne pas être convié sur la photo d'équipe…

J'ai l'impression d'être une pièce sur un échiquier

Au cricket en revanche, Maddocks était l'incontournable, élu à deux reprises meilleur joueur de sa génération dans l'état. Le rugby n'était plus qu'un loisir pratiqué au sein d'un club de Sydney, Eastern Suburbs. C'est du moins ce qu'il croyait. S'il avait commencé par refuser sa convocation préférant se réserver pour le cricket, Maddocks se rendit en sélection junior de l'état de Nouvelle Galles du Sud et y gagna sa place en équipe d'Australie U20, titulaire à l'arrière pour le Mondial 2016, tapant en prime dans l'oeil de Michael Cheika, sélectionneur des Wallabies qui lui annonça son intention de le convoquer pour la tournée européenne. Et voilà comment l'espoir du cricket devint celui du rugby. Une histoire déjà vue : avec Matt Burke, John Eales ou encore George Gregan. Pas de tournée en 2016 en raison d'une mononucléose mais des débuts en Super Rugby avec les Rebels où il a signé jusqu'en décembre 2018 et in fine, une invitation dans le groupe des Wallabies en novembre dernier. Pour Cheika il était question de préparer l'avenir. Maddocks n'a pas disputé de test-match mais a eu droit à une entrevue avec le coach des arrières Stephan Larkham qui lui a exposé les plans du staff à son égard : l'installer comme numéro 10 des Wallabies.

Dave Wessels, son entraîneur à Melbourne approuve l'idée. Mais n'entend pas précipiter le moment où il lui confiera les clés du jeu. Ce début de Super Rugby appuie cette idée : Maddocks ne fait ses armes ni à l'ouverture (Jack Debreczeni), ni à l'arrière (Dane Haylett-Petty) mais à l'aile. Si sa défense est encore perfectible (5 plaquages ratés en deux matches), son efficacité offensives compense. Dans ce système, celui qui avait l'impression d'être un pion sur le damier peut désormais se sentir pièce maitresse.

Vendredi, pour le retour des Rebels à Melbourne contre les Brumbies, Maddocks aura une autre occasion de marquer l'histoire de sa franchise : jamais celle-ci n'a gagné trois matches de rang en Super Rugby...