Encore du boulot !

Par Rugbyrama
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Derrière la légitime satisfaction d'une victoire probante et marquante, le XV de France reste largement perfectible à sept mois de la Coupe du monde. Le choc de Croke Parke face à l'Irlande, malgré son dénouement heureux, l'a démontré. Les Bleus vont mieu

Qu'on ne se méprenne pas. Il n'est pas question de jouer les pisse-vinaigre ni de bouder notre plaisir. Oui, les Bleus nous ont ravis dimanche en Irlande, un adversaire et une terre qui, décidément, inspire le rugby tricolore. Trois mois après la double claque infligée en pleine face par les All Blacks, cette victoire à Dublin fait du bien. Elle soulage autant qu'elle rassure. Pour autant, imaginons une seconde que Vincent Clerc ne soit pas allé à dame sur l'ultime baroud tricolore. Imaginons que les Bleus aient perdu 17-13 et soient rentrés aux vestiaires des regrets plein la tête.

Qu'aurait-on alors retenu de ce formidable combat? Plutôt que de mettre en avant l'entame parfaite des Bleus, leur final de rêve et leur volonté de ne jamais rien lâcher, nous aurions cherché des raisons à la défaite. L'éclair de Vincent ne doit donc pas faire oublier ce qui n'a pas fonctionné à Croke Park. Et tout ne fut pas parfait, loin de là, à l'exception des 15 premières minutes. Dommage que la suite n'ait pas été à la hauteur. Après tout, entre l'essai d'Ibanez et celui de Clerc, les Bleus n'ont pas marqué le moindre point, soit une disette de 64 minutes. C'est presque un miracle dans ces conditions qu'ils se soient tirés d'affaire...

Ibanez peste contre l'indiscipline

La différence, flagrante, entre la maîtrise parfaite de ce premier quart d'heure, et le creux subi par la suite, particulièrement lors des 20 premières minutes de la seconde période, n'aura pas manqué de sauter aux yeux de Bernard Laporte. Elle prouve simplement que ce XV de France reste à bien des égards convalescent, fragile. Pour n'avoir pas su tuer le match quand ils en avaient la possibilité, en première période, les Tricolores se sont exposés. A ce niveau, on n'a pas le droit de laisser trop de points en route. Or, dans les cinq dernières minutes du premier acte, c'est une bonne dizaine de points qui a manqué aux Bleus (deux pénalités manquées par Skrela et une énorme occasion d'essai vendangée).

Autre source d'inquiétude, une certaine indiscipline dans le jeu au sol. Si l'arbitre, M.Walsh, a parfois paru tatillon à l'excès, les Français ont tout de même commis certaines fautes bien inutiles (on songe notamment à Sébastien Chabal, sans rien enlever par ailleurs à la densité de sa prestation). Raphaël Ibanez acquiesce: "Cela restera comme le point négatif de ce match. Les pénalités me semblent justifiées. Nous avions pourtant insisté sur la discipline, surtout dans ce contexte difficile, à l'extérieur. Il fallait être nickel sur toutes les phases, et autour des rucks, et on s'est souvent laissé aller. C'était la meilleure façon de remettre les Irlandais dans la partie." Et cela aurait pu coûter cher.

Ajoutez à cela un nombre assez élevée de fautes de mains par séquences, un manque d'alternance dans les choix offensifs et un jeu au pied irrégulier (à l'image du dévissage de Poitrenaud à l'origine de la touche ayant amené l'essai irlandais), et le tableau devient tout de suite plus nuancé que l'euphorie initiale, et légitime, de la victoire, aurait pu le laisser croire. Oui, il fallait être fort pour gagner à Dublin contre une équipe d'Irlande aussi solide. Oui, dans l'optique de la Coupe du monde, ce n'est pas plus mal d'avoir douché l'enthousiasme vert. Mais la gloire de Croke Park ne garantit rien de plus que l'intense bonheur d'un jour. Après tout, ce n'est déjà pas si mal...

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