Lutte des classes, professionnalisme et haute intensité : le XIII, l'autre rubgy

Par Rugbyrama
  • Coupe du monde rugby à XIII - Trophée
    Coupe du monde rugby à XIII - Trophée
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RUGBY A XIII - Dans l'ombre de son "grand frère" pas toujours bienveillant du XV depuis des décennies en France, le rugby à XIII, né de la lutte des classe anglaise et enjeu politique sous l'Occupation, offre pourtant une version spectaculaire de l'ovalie.

Sport pro et prolo

Les origines du rugby à XIII en Angleterre plongent dans un profond clivage nord/sud et aristocrates/ouvriers encore marqué.

Créée en 1871 pour codifier ce sport balbutiant, la Rugby Football Union (RFU), dominée par les aristocrates, défend un amateurisme "de classe" en refusant que les clubs du nord industriel de l'Angleterre paient à leurs joueurs ouvriers les journées de travail perdues.

Dès 1895, des équipes de la région de Leeds et de Manchester font sécession en créant la Northern Rugby Football Union, ancêtre de l'actuelle Rugby Football League, qui fait passer en 1906 le nombre de joueurs à 13, avec deux avant en moins. Plus d'un siècle plus tard, le nord de l'Angleterre reste le bastion européen de la discipline.

Le XIII à la conquête du Monde

Dès 1907, le Pays de Galles se met à cette variante, puis la Nouvelle-Zélande l'année suivante, entraînant la création d'une fédération internationale en 1927.

La France est contaminée par la fièvre treiziste en 1934, à l'époque où la sélection à XV a été bannie du Tournoi des cinq nations pour violences et entorses à l'amateurisme.

Jean Galia, ancien deuxième ligne international, convertit les masses et le XV se sent menacé, si bien que durant l'Occupation, certains de ses dirigeants profitent de leurs accointances avec Vichy pour obtenir, en 1940, l'interdiction du XIII dont les instances sont dissoutes et les biens saisis.

Lors de la reprise des compétitions à XIII après-guerre, ultime mesquinerie, les "quinzistes" obtiennent l'exclusivité du terme "rugby", obligeant le XIII a s'appeler "Jeu à XIII" de 1948 à 1993.

Le virage raté de la télé

Le "Jeu à XIII" poursuit malgré tout son développement et organise en 1954, 33 ans avec le XV, sa première Coupe du monde, dont la finale se tient au Parc des Princes.

Mais grisé par son succès populaire, le XIII français rate le train de la diffusion télé et laisse le champ libre aux samedi après-midi bercés par les "Allez les petits !" de Roger Couderc lors du Tournoi des cinq nations, qui assoient la popularité du XV.

Totalement absent des écrans français de 1981 à 2006, le XIII peine à s'y refaire une place, malgré l'intégration des Dragons Catalans à la Super League depuis 2006.

Un rugby survolté

Toujours populaire en Angleterre septentrionale et dans l'hémisphère sud, le XIII a pourtant des atouts certains, à commencer par son rythme effréné grâce à l'absence quasi-totale de phase statique et un jeu au pied réduit à la portion congrue.

Lorsqu'un joueur est plaqué, pas de mêlée ouverte, son adversaire le lâche et toute l'équipe qui défend recule de 10 mètres. Le plaqué remet rapidement en jeu en talonnant la balle vers son camp, initiant une nouvelle phase de jeu appelée "tenu". Chaque équipe n'a que cinq tenus - donc 6 phases de jeu en tout - pour marquer ou repousser au maximum l'adversaire.

Les mêlées à 6 - qui remplacent aussi les touches - ne sont pas poussées, le ballon étant introduit dans le camp de l'équipe attaquante, dynamisant encore le jeu qui demande de grosses qualités cardio-respiratoires.

Des passerelles existent entre XIII et XV, certains joueurs ayant brillé dans les deux disciplines comme l'arrière anglais Jason Robinson, vie-champion du monde à XIII en 1995 et champion du monde à XV en 2003 ou le Néo-Zélandais Sonny Bill Williams, vice-champion du monde à XIII en 2013 entre ses deux titres mondiaux à XV en 2011 et 2015.

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