Bouchet : "Je buvais du vinaigre, je mettais mon nez dans le pot de Javel..."

  • Pro D2 - Laurent Bouchet (Grenoble) avec le ballon, encadré par Enzo Selponi et Davit Kubriashvili
    Pro D2 - Laurent Bouchet (Grenoble) avec le ballon, encadré par Enzo Selponi et Davit Kubriashvili
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PRO D2 - Touché par le covid-19, Laurent Bouchet se réjouit aujourd’hui d’un certain retour à la normale à l’entraînement, ainsi que d’avoir pu retrouver de bonnes sensations. Avant cinq jours de vacances bien méritées, le talonneur du FCG exprime plus que jamais sa contagieuse joie de vivre.

Avant cinq jours de vacances, le dernier entraînement du FCG vous a vu renouer avec l’opposition totale. On imagine que dans les esprits, cela procure un bien fou...

Franchement, oui, ça fait du bien. Après, le fait que l’on ait recommencé le 2 juin nous a permis de bien nous préparer, de réhabituer nos corps et éviter les blessures. On a fait beaucoup de petits exercices comme ça, avec des boucliers, des attitudes au contact. Mais à, reprendre à plein pot et revenir à de la vraie opposition, cela fait effectivement un bien fou dans la tête. On commence à travailler nos systèmes, nos annonces, les matchs amicaux ne vont plus tarder... On refait du rugby, quoi ! Ce n’est plus la même chose que lorsqu’on s’est retrouvé, qu’on travaillait en tout petits groupes sans se croiser... En plus, les joueurs qui ne continuaient pas avec nous étaient encore là, ça contribuait à cette atmosphère un peu bizarre. Là, on est vraiment reparti.

Mardi, le groupe est monté au Sept Laux pour une journée en montagne....

On a la chance d’avoir de magnifiques massifs juste à côté de la maison, et une foule de trucs à faire qu’on n’imagine même pas, dans un rayon de moins de 100 kilomètres... Une sortie comme ça, ça permet de changer d’air et de nous retrouver entre nous, dans un autre cadre. On a mangé un petit bout ensemble, on a passé un bon moment... Je crois que bientôt, on a prévu de faire quelque chose sur Chamrousse, notamment pour intégrer les nouveaux. On a la chance d’avoir un cadre de vie magnifique, autant en profiter.

Vous évoquiez le début de la préparation. Il y a prescription aujourd’hui, mais vous figuriez en outre dans le "groupe covid" composé des joueurs infectés au moment de la pandémie. Cela ne contribuait-il pas à rendre l’atmosphère plus étrange encore ?

Paradoxalement, notre groupe était celui qui vivait le plus normalement, puisque nous avions déjà contracté la maladie et qu’on ne risquait pas de le transmettre ! Alors, lorsqu’on bossait, on était un peu plus libres dans nos mouvements... C’était vis-à-vis des autres qu’il s’agissait de faire davantage attention.

Et aujourd’hui ?

On nous a fait fait des prises de sang et a priori, par rapport aux anticorps que l’on a créé, il s’avère que l’on est naturellement immunisé pendant un certain temps, et on ne peut pas non plus le transmettre. L’avantage, du coup, c’est qu’on évite le test nasal auquel les autres joueurs doivent se soumettre toutes les semaines, dans le cadre de leur suivi. (rires)

Comment s’est manifestée la maladie, en ce qui vous concerne ?

C’est arrivé à beaucoup, mais c’était dingue : j’ai totalement perdu les sens du goût et de l’odorat. C’était très angoissant, vraiment. Pour essayer de ressentir quelque chose, je faisais n’importe quoi ! Je buvais du vinaigre, je mettais le nez dans le pot de javel... Mais rien, aucune sensation. Alors forcément, dans ces moments-là, on craint que ça ne revienne jamais. Je ne vous raconte pas ce que j’ai ressenti quand j’ai retrouvé un peu de goût... Je m’en souviendrai toute ma vie, c’était en mangeant une poire. J’étais comme un gamin, jamais je n’ai autant apprécié de manger quelque chose. Je peux vous dire que j’ai pris le temps de la déguster comme je ne l’avais jamais fait...

La question peut paraître bien naïve, mais voit-on la vie différemment après être passé par une épreuve aussi étrange que le coronavirus ?

Bien sûr que notre vision des choses change après un truc pareil. Ne serait-ce que lorsque je me trouve face à un beau paysage, j’y pense. Je me dis que j’ai de la chance de ne pas être aveugle, et j’essaie de profiter au mieux de la vue... C’est toujours pareil : il faut que l’on soit malade ou blessé pour se rendre compte de la chance qu’on a d’être en bonne santé. Alors, il faut parfois se satisfaire de ce qu’on a...

Cela permet aussi de relativiser beaucoup de choses, et de se rendre compte de la chance de mener une vie de rugbyman professionnel...

Totalement. C’est très Français, ça : on aime bien se plaindre, râler... Mais ce que je vois, c’est que même si tout le monde se plaint chaque fois qu’il faut aller à la muscu, c’est qu’après trois semaines de confinement tout le monde s’est pris en main pour travailler chez soi. On râle beaucoup, mais au final, on fait les choses. Mieux vaut ça que l’inverse...

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