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Challenge Cup – Exclusif. Christophe Urios : "Cette demi-finale n’effacera pas la souffrance"

  • Christophe Urios a évoqué la situation actuelle de l’ASM, quelques heures avant la demi-finale contre les Sharks de Durban.
    Christophe Urios a évoqué la situation actuelle de l’ASM, quelques heures avant la demi-finale contre les Sharks de Durban. Icon Sport - Romain Biard
Publié le Mis à jour
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À quelques jours d’une demi-finale européenne, véritable rayon de soleil dans une saison morose, Christophe Urios nous a accordé une interview fleuve dans laquelle il évoque la situation actuelle de son club, ses difficultés, ses ambitions, son travail au sein du "Big Five" clermontois, ainsi que sa relation avec le très prometteur Baptiste Jauneau, qu’il a récemment nommé capitaine.

Avec le recul, comment analysez-vous la large victoire de l’ASM acquise contre le Stade français : était-ce une réaction d’orgueil ou l’illustration du vrai niveau de l’équipe ?

Bonne question. Je trouve que c’était notre meilleur match. Pas sur le plan du rugby car on a fait mieux contre l’Ulster, mais parce qu’il a réuni tout ce que j’aime dans ce jeu : l’engagement des mecs, le fait d’être sur la même page pendant 80 minutes, ne pas faire de cadeau, dominer physiquement, construire la rencontre, avoir des célébrations et autant de joie sur le terrain. C’était la première fois que je voyais autant de joie depuis mon arrivée ici. Cela a été une réaction, c’est sûr, parce qu’on est une équipe à réaction. Et en plus nous étions dos au mur. Mais en même temps, je trouve que c’est notre niveau. Ce match a montré nos forces : dans le jeu d’avant, dans notre faculté à avancer sur la ligne d’avance avec George (Moala, NDLR.) et le petit Léon (Darricarrère), et nos facteurs X, comme Alivereti Raka. J’aime tout ça, et c’est ce que je suis venu chercher à Clermont.

Vous n’aviez jamais vu autant de joie à Clermont ?

Trois images m’ont marqué et je ne les avais encore jamais vues depuis mon arrivée. Après le premier essai de « Bauti » (Delguy), il va sauter dans le public, comme pour exprimer une rage. Ensuite, Baptiste (Jauneau), exulte sur son essai alors qu’il est plutôt réservé. Comme pour dire : « Y’en a plein le c** de cette saison de m****, un coup c’est oui, un coup c’est non. » Et la troisième où Antho (Belleau) plonge pour marquer son essai, et Raka plonge à côté de lui, comme au foot. J’ai aimé cette mentalité et ce partage avec notre public. Après, ça s’arrête là. Je ne me dis pas que ça part de là. Je l’ai déjà fait trois ou quatre fois dans la saison et cela a terminé en pétard mouillé.

Justement, cette victoire arrive à point nommé avant cette demi-finale mais efface-t-elle les doutes liés à votre inconstance chronique ?

Pas du tout. Je suis déçu de notre saison. Parfois je ne me retrouve pas dans ce que l’on fait. Je n’aime pas cette irrégularité, on dirait qu’on est spectateur. Je ne trouve pas qu’on a progressé depuis le début de la saison. Quand tu encadres une équipe, tu construis petit à petit, du progresses et après tu saisis des opportunités qui enclenchent des dynamiques. On aurait pu le faire : tu gagnes Bayonne à domicile (47-14), tu vas gagner à Montpellier (17-20), et derrière tu te ramasses contre Toulon (27-30). Fin janvier, début février on était au top. Et à la reprise, on ne repart pas. On fait notre meilleur match contre l’Ulster (53-14, en quart de finale de Challenge Cup) et derrière on en prend quarante à Bordeaux (41-7). Cette demi-finale n’effacera pas ce que j’ai vécu pendant dix mois, c’est-à-dire de la souffrance. Mais cela fait quand même du bien ! Et cela n’enlève rien à mon ambition et ce que j’ai envie de faire à Clermont.

Que vous disent vos leaders au sujet de cette inconstance ?

L’année dernière, c’était pareil. Je suis arrivé en février, il restait cinq matchs à domicile et autant à l’extérieur. Nous avions été solides à domicile, mais incapables d’imposer quoi que ce soit à loin de chez nous. Il n’y a pas une assez grande cohésion, ou une envie de vaincre quoi qu’il se passe. Sur certains matchs on est là, d’autres pas. Et au sein même d’une rencontre, on peut avoir des absences. Il y a trop de matchs où nous avons pris quarante points dans les vingt dernières minutes, où l’on perd le fil, où l’on tombe dans un jeu individuel, où chacun veut sauver la patrie… Ce n’est pas possible.

Clermont ne serait-il pas dépendant de certains joueurs, comme George Moala ?

N’importe quelle équipe a besoin d’avoir ses meilleurs joueurs sur le terrain. Même s’ils ne sont pas à leur meilleur niveau, ils diffusent de la confiance autour d’eux. Contre Paris, George était en reprise après trois semaines d’absence. Il n’a pas fait le match de l’année, mais il amène tellement de confiance qu’il embarque l’équipe. Pareil pour Fritz (Lee, NDLR.), on a besoin d’eux. Le problème se pose en Top 14, car la quasi-totalité de nos meilleurs joueurs sont non-Jiff. Le top, c’est d’avoir le contraire, mais on n’en est pas encore là. On est en train de construire dans ce sens-là. On peut dire qu’on a besoin de certains joueurs mais en même temps, on a produit notre meilleur match de rugby contre l’Ulster, sans George ni Fritz… Et je me défends de dire qu’on dépend d’untel ou d’untel parce que ce n’est pas l’idée que j’ai du rugby, où le collectif doit être sacré. C’est à travers ce collectif que les meilleurs vont émerger. Mais en même temps, quelle équipe peut se targuer d’être aussi performante sans ses meilleurs joueurs ? À part Toulouse, je n’en vois pas beaucoup…

Cette gestion des Jiffs est donc problématique à Clermont ?

Oui et non. On ne peut pas aligner notre meilleure équipe à chaque fois. Et quand je vois les mecs qu’on laisse à la maison certains week-ends, ça fait un peu ch***. Tant en termes de salary cap que de qualité. Mais on est tellement justes… Un week-end on va prendre quatre Jiffs d’avance et les perdre le week-end suivant. On a besoin de construire l’effectif. L’année prochaine, on ne sera pas mieux avec les Jiffs, mais on doit l’être dans deux ans.

Que savez-vous de cette équipe des Sharks de Durban ?

Elle est fidèle à une équipe sud-africaine : solide devant, performante en conquête, rude en défense. Mais attention, elle ne fait pas que ça : derrière il y a des joueurs de qualité qui trouvent vite les couloirs, qui vont très vite et qui utilise beaucoup le jeu au pied d’attaque. Ils te mettent sous pression. À la différence d’autres équipes de leur championnat, leur profil ressemble à celui d’une équipe de Top 14.

Que représenterait un éventuel titre en Challenge Cup dans cette saison ?

Un moment de bonheur dans une saison de souffrance !

Comment avez-vous choisi de donner le capitanat à Baptiste Jauneau ?

Avant de vous répondre, je dois d’abord vous expliquer la gestion des leaders, car c’est un sujet à Clermont. Sur les deux dernières saisons, l’ASM a perdu des leaders incroyables : Morgan Parra d’abord, il y a deux ans, qui faisait tout dans la boutique, Camille Lopez, qui était un patron du jeu. Deux tauliers de l’équipe. Puis Arthur Iturria et Judicaël Cancoriet l’année dernière, des joueurs importants. Ces mecs étaient le ciment de cette équipe, et le plan de succession des leaders n’a pas été très bien préparé. Et, pour la première fois de ma vie, nos stages de présaison ne m’ont pas permis d’avoir les idées claires sur nos leaders.

C’est-à-dire ?

Au moment de faire les Vulcains (les Olympiades de présaisons chères à Christophe Urios, NDLR.), nous avions préparé des équipes en répartissant ceux que nous pensions être leaders, tout en sachant qu’il nous en manquait plusieurs qui étaient à la Coupe du monde. Et à la sortie des Vulcains, je n’avais plus du tout les idées claires. On ne voyait plus les mecs que nous avions identifiés. Les groupes étaient forts, mais plus personne n’émergeait. J’ai donc commencé par choisir Irae Simone, qui avait embarqué les mecs l’année dernière, qui apportait de la nouveauté et qui faisait un lien avec les anglophones… Étienne Falgoux était vice-capitaine pour tout ce qu’il représentait par rapport à l’identité auvergnate, et enfin Baptiste parce que pour moi, c’est l’avenir du club, et qu’il évolue à un poste qui se prête au rôle.

Mais ?

Je ne voulais pas le faire démarrer comme capitaine. Je me disais que c’était encore trop tôt. C’est quelqu’un de réservé, il avait besoin d’affirmer son leadership. Mais ce vice-capitanat lui permettait d’intégrer le conseil des Sages, de s’exprimer, et de prendre ce rôle en cours de match. Après les blessures d’Irae et d’Etienne, on redéfinit les rôles. Je choisis donc de mettre Seb Bézy parce qu’il est très bon. Accompagné de Fritz Lee, et Baptiste en vice-capitaine. Sauf que Seb et Fritz se blessent aussi ! Je ne voulais pas encore ajouter un mec… Donc le capitanat est revenu à Baptiste, d’autant qu’il retrouvait son meilleur niveau. Les premières fois ont été un peu difficiles, mais aujourd’hui il a vraiment progressé. Il prend ce rôle à cœur, il trouve ses marques et on avance bien avec lui.

Quelle relation avez-vous avec lui ?

Très bonne. Je pense qu’il y a du respect entre nous. J’aime ce gamin parce qu’il est bien éduqué, il est fiable, travailleur, possède un grand potentiel. Il fait partie de ces joueurs qui savent où ils veulent aller, qui ont une ambition incroyable et qui fait tout pour y arriver. J’aime ces joueurs, comme tous les entraîneurs. Pourtant, il n’est pas toujours au top : par exemple, il n’a pas fait un bon début de saison. Il mélangeait tout, il n’arrivait pas à éclaircir son jeu… Avec en plus des blessures, puisqu’il a connu trois rechutes à la cheville, résultat il a perdu confiance. C’était compliqué pour lui, mais on l’a laissé mariner. On l’a laissé faire et… Il ne s’est pas trouvé d’excuse. De nos jours, c’est facile de dire qu’on ne joue pas parce que l’entraîneur est un con. Lui, il n’est pas comme ça. Il avait besoin de comprendre pourquoi ça n’allait pas, et avec Julien (Laïrle, NDLR) et Fred (Charrier), on l’a accompagné et on a retrouvé le joueur spontané de la fin d’année dernière. J’ai beaucoup d’affection pour lui, et je pense que c’est réciproque. Et pourtant, on ne le rate pas… Il est en train de prendre le rôle que j’avais imaginé en début de saison.

On l’avait vu très touché après la défaite contre l’UBB…

Bien sûr, ça lui tient à coeur. Il aime le club, il en est reconnaissant, il aime les gens et puis ça le touche : c’est un gamin, il a 20 ans. Mais il est engagé à 3000 %.

Votre relation avec les jeunes joueurs a-t-elle elle évolué au gré de votre carrière ?

On me dit souvent que j’ai des problèmes avec les jeunes… Je vais vous dire une chose : ce ne sont pas les jeunes qui sont emmerdants à gérer dans un groupe. Ce sont les anciens.

Pourquoi ?

Parce qu’ils sentent que la fin approche, qu’ils ne sont pas toujours très performants mais qu’ils exigent des trucs. Avec eux, c’est compliqué ! Après, les jeunes ne sont pas toujours impliqués, peuvent être parfois légers, mais dès que tu les encadres et que tu leur donnes les bonnes directions, ça va très bien. Je sais bien sûr qu’aujourd’hui, tu ne peux pas faire des réunions de deux heures, qu’ils ont besoin d’images ou de clips pour les impacter, mais j’ai toujours fonctionné comme ça. Moi, j’ai des problèmes avec les mecs qui ne sont pas fiables. Et je ne parle pas de Clermont. À chaque fois que j’ai eu des problèmes avec des joueurs, c’était souvent des mecs pas fiables, et souvent des vieux.

On vous entend souvent dire qu’avec vos adjoints, vous œuvrez pour remettre le club sur de bons rails. Mais par quoi cela se traduit au quotidien ?

L’ASM m’a toujours fait rêver. C’est un club historique. À chaque fois que j’y suis venu avec mes précédents clubs, je trouvais les stades, le public et les infrastructures magnifiques. Quand je suis parti de Castres, Clermont faisait partie des trois clubs que je voulais entraîner. À mon arrivée l’année dernière, j’ai été étonné.

Par quoi ?

Quand il y a un changement d’entraîneur, c’est que les gens ne sont pas contents. J’ai été surpris de lire que des joueurs étaient contre l’éviction de Jono Gibbes. Je trouvais qu’il n’y avait pas de caractère d’urgence. Pour moi, l’ASM est un club qui incarnait la valeur travail. À chaque fois qu’on les affrontait, on se disait qu’il fallait qu’on travaille plus qu’eux : sur les replacements, les chasses, ils travaillaient comme des cons ! Et quand je suis arrivé ici, je n’ai pas trouvé que la valeur travail était plus importante qu’ailleurs. J’ai donc voulu changer trois choses.

Lesquelles ?

La première, faire évoluer notre mentalité en étant « rebelles », afin de regagner à l’extérieur. La deuxième, on devait changer nos semaines de travail, et même les journées dans leur totalité car elles n’étaient pas très claires Par exemple, la semaine du joueur blessé ou hors-groupe s’arrêtait le vendredi midi. Pour moi, c’était inconcevable d’avoir des mecs en week-end dès le vendredi midi quand d’autres allaient se faire casser la gueule le samedi. On a donc recalé les hors-groupe avec celui retenu pour le match, même si cela a fait grincer des dents. Enfin, il fallait changer le jeu, qui me paraissait trop déséquilibré : on avait la meilleure occupation du Top 14, mais avec le plus faible taux d’utilisation du jeu au pied. On ne s’appuyait pas dessus : donc on remontait tous les ballons à la main mais arrivé dans les 22 mètres adverses, on était cuit.

Quid de la formation clermontoise ?

Dans tous mes clubs, j’ai eu un œil sur la formation. Sauf à Bordeaux-Bègles, où l’on m’avait dit clairement que l’on n’avait pas besoin de moi. Bref. La dynamique d’un club doit partir des pros et redescendre jusqu’aux jeunes, comme ce fut le cas à Oyonnax et à Castres. Cela me rappelle un truc d’ailleurs : quand j’étais à Oyo, j’appelais les gens de Clermont pour connaître les Espoirs qu’ils n’allaient pas garder pour que je puisse les recruter. Je trouvais que ces mecs étaient sérieux, travailleurs et éduqués au monde pro. On était dans les années 2010. Les jeunes Auvergnats empilaient les titres, à l’époque. Mais à l’image des pros, cela s’est un peu essoufflé. Et il faut se rendre à l’évidence : on s’est fait doubler. Par des clubs comme Bordeaux-Bègles, ou la Rochelle… On s’est fait doubler partout : sur la formation, sur le fait de ne plus être capable de recruter les meilleurs jeunes… La remise en question est donc profonde. Mais même si je suis déçu par notre saison actuelle, je trouve qu’elle ne représente pas l’engagement des joueurs. Il faut mettre les mains dans le cambouis et repartir au combat.

Comment s’articule votre relation avec Aurélien Rougerie et Didier Retière ?

Aurélien est « team manager », donc au-delà de s’occuper de la logistique des déplacements, il fait en sorte que le staff et les joueurs soient dans les meilleures conditions possibles pour faire leur boulot. Il a aussi un rôle dans l’état d’esprit : il incarne le fait d’être Jaunard, et cette éthique chez les jeunes et les pros. C’est la personne idoine pour le faire, et il prendra plus de responsabilités avec le projet « One ASM » prévu pour 2027 qui vise à développer la cohésion entre toutes les équipes du club, sur différents plans. Didier, lui, s’occupe du développement du club sur la formation et les jeunes. Pour faire simple, je suis là pour le court terme. Didier travaille sur le moyen long terme, tandis que « Roro » bosse sur la mentalité, l’état d’esprit et le quotidien de l’équipe.

Quelles sont vos relations avec le président Jean-Claude Pats ?

Même si l’ASM me faisait rêver, je ne savais pas trop comment j’allais m’y sentir. On me disait : « Clermont c’est Michelin, faut pas parler, faut pas ci, faut pas ça » bref… Tout le contraire de moi quoi ! Et finalement, je trouve que c’est comme partout. De façon générale, je suis très bien à Clermont. J’ai été très bien intégré, on a fait en sorte que je sois bien, comme jamais dans mes clubs auparavant. Ma famille se plaît en Auvergne aussi. J’ai une relation d’honnêteté et d’authenticité avec mon président, que je rencontre une à deux fois par mois. Nous savons où nous allons, et nous avons fait le même constat de la situation de l’ASM. On est tous au coeur de la reconstruction. Je dis « tous », parce qu’avec Jean-Claude, Benoit Vaz, Didier (Retière), « Roro » et moi, on forme le « Big Five ». Nous sommes tous alignés. Donc pour en revenir à la question, j’ai une relation de confiance et d’honnêteté avec mon président. Mais comme tout le monde le sait, ce n’est pas un président qui complique les relations, ce sont les résultats. Ce n’est pas un président qui te vire. Ce sont les résultats.

En parlant de cela, vous sentez-vous sous pression ?

Non. Je me sens sous pression parce que je ne suis pas content. Mais vous savez, je ne me sentais pas sous pression à Bordeaux non plus… En tout cas je trouve que la relation que nous avons dans le « Big Five » est plus authentique. Encore une fois, on est aligné et aujourd’hui je suis en confiance. Ce n’est pas pour autant que je n’ai pas les yeux ouverts.

Que comptez-vous faire pour votre deuxième vraie saison, l’année prochaine ?

Ce sera dans la continuité. On a besoin de cohésion, d’une vraie identité, d’une vraie culture… D’une vraie équipe quoi. On ne va pas tout changer, même si les résultats ne sont pas bons. Mais si on regarde en arrière, notre saison aurait pu être complètement différente si on avait mieux géré trois actions. Juste trois : un pick n’go contre Toulon qui se solde sur un en-avant dans les dernières minutes (défaite 27-30 le 18 novembre). Contre Toulouse, on rate cette dernière touche alors qu’on aurait pu aller marquer sur maul (défaite 33-37, le 25 février). Contre Bordeaux, on est devant au score et on manque ce coup d’envoi (défaite 35-40 le 29 décembre), ou même la dernière mêlée du Stade français, qui arrache le match nul la semaine suivante (14-14 le 6 janvier). Avec ces trois ou quatre actions mieux gérées, on serait probablement dans le Top 6, comme ça (il serre les poings, NDLR.). On est sur le bon chemin. Ce qu’il nous faut, c’est une institution forte. Un club fort.

Où en êtes-vous du recrutement ?

Il est quasiment bouclé. On ne doit pas se tromper sur les joueurs. Quand tu reconstruis, tu as besoin de le faire sur des choses solides. On veut des joueurs confirmés, des jeunes, d’autres qui reviennent dans le circuit. Je pense que le recrutement va apporter de la valeur ajoutée à la cohésion de groupe.

Est-ce que Benjamin Urdapilleta sera toujours Clermontois l’année prochaine ?

Je ne comprends pas pourquoi tout le monde se pose cette question. J’ai même l’impression qu’on se sert beaucoup de nous pour faire monter les enchères.

C’est-à-dire ?

Quand je lis que Miotti va signer chez nous, je m’interroge… « Urda » est arrivé chez nous avec un 1 + 1, et on a levé l’année optionnelle dès le mois de novembre. Donc « Benji » ne fait pas la meilleure saison de sa vie, mais il est comme nous : il souffre. Parce qu’il n’est pas bien, qu’il n’est pas encore intégré, qu’il n’arrive pas à faire ce qu’il veut… Mais il sera avec nous l’année prochaine et il va accompagner Anthony Belleau et le petit Théo Giral sur le poste. On pense aussi à faire travailler Irae Simone sur le poste de dix.

En quoi Benjamin Urdapilleta n’est pas suffisamment intégré ?

Il est arrivé en retard, a été assez souvent blessé… C’est un tempérament aussi ! Quand on en prend quarante à l’extérieur, ça le mine. Je l’ai vu quitter une réunion leaders parce qu’il n’était absolument pas d’accord avec ce que les mecs disaient. C’est aussi ça l’idée d’être rebelle, de se révolter, mais dans le sens constructif du terme. Sur le terrain, il passe devant. Quand on est arrivé à Castres, en 2015, c’était pareil. Il avait les mêmes soucis. Nous n’étions pas tous sur la même page, et « Benji » avait été en difficulté, notamment avec une grosse blessure à Toulouse. Et je suis sûr qu’il fera une grande saison l’année prochaine.

Peut-être paye-t-il votre relation très étroite, qui le fait passer aux yeux des autres joueurs pour une sorte de fils spirituel…

C’est possible, oui. Ici je ne sais pas, mais je suis sûr qu’il l’a payé à Castres en 2015. Il voulait venir à Bordeaux d’ailleurs. Je ne l’ai pas pris, parce que j’avais peur de ça.

De quoi ?

D’abord, j’avais peur que ce qui s’est passé à Castres se reproduise. Ensuite, je ne voulais pas mettre des bâtons dans les roues de Matthieu Jalibert, qui devait s’épanouir. Mais avec le recul, je le regrette car je pense qu’il aurait fait progresser Matthieu. Et je pense même qu’avec lui, on aurait été champions. Au moins une fois.

Pourquoi ?

Parce qu’il a ce que peu de joueurs ont : la rage de vaincre. Il a ça en lui. Tout le temps. Tous les jours de la semaine, et encore plus le samedi. Dans une jungle comme le Top 14, il n’y a pas de mystère : les équipes qui sortent sont les mieux armées. Qui ont une super mentalité, qui sont sur la même page, qui travaillent dur, qui ont de la clarté dans leur jeu avec une vraie identité.

C’est toujours difficile de mettre deux numéros un au même poste, non ?

C’est vrai. À l’époque, j’ai estimé que ce n’était pas le bon moment. Matthieu revenait d’une grave blessure au genou, il ne se retrouvait pas dans le projet, il était en difficulté. Lui mettre une concurrence aussi forte à ce moment-là, en 2019, n’aurait pas été une bonne chose. Donc « Benji » aurait pu venir plus tard, mais entre-temps Matthieu avait pris son envol et cela ne se justifiait plus, d’autant que « Benji » vit pour être numéro un. C’est ce qui fait sa force. Mais à ce poste, je ne voulais pas avoir deux numéros un, même s’ils avaient des profils bien différents.

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Les commentaires (6)
JiHache Il y a 12 jours Le 04/05/2024 à 12:57

Une interview intelligente d'un entraîneur intelligent. Ça fait du bien de lire de temps en temps du haut niveau ...

LeoDuc Il y a 14 jours Le 02/05/2024 à 15:42

L'ancien gourou des bordelais pleurniche encore ?

ThieudricCO Il y a 14 jours Le 02/05/2024 à 17:40

Je ne vois pas en quoi il «  pleurniche »

Victoire Il y a 14 jours Le 02/05/2024 à 15:22

En tout cas il va falloir rester solide et déterminé face aux Sharks parce que vu l'équipe qui s'avance ça ne va pas être drôle!