La chronique de P. Villepreux

Par Rugbyrama
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Notre consultant, Pierre Villepreux, explique que la dernière défaite des Blacks n'est qu'un accroc où Mortlock est sorti du lot.

Une victoire et voilà que les cartes sont redistribuées. Les Australiens ont retrouvé le sourire et la confiance utiles pour se projeter positivement vers la Coupe du monde et ceci quoi qu'il arrive dans leurs deux prochains matchs. En effet, ils se souviendront, si par bonheur les deux équipes se rencontrent en phase finale, que tout est possible, que les Néo Zélandais sont bien sur un match "battables" et les ingrédients utilisés qui ont permis de momentanément démystifier l'invincibilité de leurs adversaires seront forcément resservis lors de la préparation du match.

Personnellement, je ne suis pas de ceux qui pense que la défaite des Néo-Zélandais modifie la donne, elle sera même salutaire pour les perdants trop habitués depuis 1987 à assurer le spectacle, à se positionner comme favori imbattable en Coupe du monde mais laissant l'impression qu'il leur manque quelque chose pour concrétiser la supériorité que tout le monde leur accorde. Ce qui est sûr, c'est que les Australiens ont rendus service au rugby et aux autres nations en rendant cette Coupe plus accessible aux principaux postulants et donc d'autant plus attractive. Epiphénomène à la fois rassurant et inquiétant car il peut générer un surcroit de confiance sans pour autant évacuer les doutes qui seront à la mesure des attentes optimistes que provoque un tel résultat dans l'environnement.

Ce match est en effet trompeur. Les Blacks pouvaient largement se mettre à l'abri d'un éventuel retour des Wallabies. Les mouvements développés en première mi-temps semblaient ne pas pouvoir être contrariés et, en fait, ils ne l'étaient pas puisque toutes les actions et séquences, tant individuelles que collectives, se traduisaient par une avancée notable, critère d'efficience porteur de déséquilibre exploitable. Cette propension à avancer aurait dû se traduire par 2 ou 3 essais qui, ajouté aux 2 premiers, aurait aussi permis de compenser, ce qui n'est pas coutume, les pénalités manquées de Carter.

En fait, le grand vainqueur de ce match c'est Mortlock. Ce n'est pas le jeu collectif des Australiens qui a perturbé les Blacks mais bien les percées franches décisives de leur capitaine. Il semblait le seul à vraiment y croire. Attaquer à ce haut niveau de pratique la ligne défensive par le plus court chemin, sans réel défi individuel, sans créer la moindre incertitude et traverser celle-ci plaçant ainsi tout le collectif adverse en situation de repli relève de l'exploit. Sa seule puissance (via son poids et sa vitesse) ne peut être un facteur d'explication rationnelle, puisque cette dimension physique est presque commune aujourd'hui à tous les joueurs des lignes arrières. On ne peut mettre davantage en avant sa grande habileté technique, il est plus connu comme destructeur de défense que comme un passeur émérite, même si sa passe de basketteur lors du dernier essai peut laisser penser que l'on n'utilise pas toutes les ressources techniques de ce joueur.

S'il y a un coupable, c'est la défense des Blacks pourtant en place sur toutes les perforations de Mortlock mais qui, me semble t-il, a manqué de communication particulièrement entre le joueur intérieur et le joueur responsable du placage. Ce n'est pas la première fois que l'on constate cette lacune chez les Blacks et il n'est peut être pas inintéressant d'analyser comment l'exploiter. J'ai pu en effet relever des caractéristiques similaires dans d'autres actions et séquences sur des matchs différents.

Les Blacks sortiront indemnes de cet accroc. Ils sauront utiliser leur prochain Haka pour affirmer à leurs adversaires, leur identité nationale et rugbystique.

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