La chronique de P. Villepreux

Par Rugbyrama
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Nous avons eu la chance, lors de la Coupe du monde des -19 ans de pouvoir apprécier le spectacle proposé par les jeunes Néo-Zélandais...

J"emploie le mot spectacle car l"opposition de style entre les deux équipes était saisissante et on sait que la spectacularisation d"un match de rugby gagne en intérêt quand la production des deux équipes est le reflet culturel de la représentation que les deux pays ont du rugby.

Pour arriver au même objectif marquer: d'un coté, une équipe, les petits All-Blacks qui conjuguent à merveille le verbe "jouer" en recherchant à faire dans l'espace disponible vivre le ballon - de l'autre, les petits Sud-Africains plus enclin à utiliser la seule puissance individuelle de l'un puis de l'autre.

La représentation du rugby, ses valeurs et donc sa conception a certainement un lien étroit avec la culture d'appartenance. Si les deux conformations de jeu sont à même de gagner et d'apporter dans la victoire les mêmes satisfactions aux uns et aux autres, on ne peut nier que le jeu néo-zélandais offre aux spectateurs un autre spectacle, aspect non négligeable pour la crédibilité d'un sport.

Cette meilleure utilisation de l'espace et du ballon est déterminante dans un sport comme le rugby qui présente une faible distance d'affrontement entre les adversaires (l'espace de liberté entre attaquants et défenseurs est minime). Savoir interagir dans les espaces disponibles y compris les plus étroits en préservant la vie du ballon est une arme déterminante dans le jeu moderne. Trop souvent, ce manque d'espace conduit les entraîneurs à rechercher la facilité. Celle-ci consiste à aller défier l'adversaire le plus vite possible par le plus court chemin, le plus souvent individuellement. En privilégiant un jeu direct, on ne créait que peu d'incertitude pour la défense et la seule force même si associée à la vitesse, ne suffit plus, à valeur physique à peu près équivalente, à faire la différence.

La supériorité des moins de 19 NZ dans cette finale gagnée sans partage s'est manifestée dans tous les mouvements collectifs. Les interactions entre partenaires, chacun agissant en relation avec les intentions du porteur de balle, ont généré un replacement permanent autour du porteur de balle. Replacement qui prend en compte le contexte situationnel et permet de faire face à tous les aléas rencontrés. La passe devient alors le moyen privilégié pour continuer d'avancer sans, autant que faire se peut, entrer dans une phase d'affrontement générateur de regroupements, et même quand c'était le cas, la libération très rapide du ballon avec un minimum de partenaires maintenait la défense en position de déséquilibre immédiatement exploitable.

La capacité à agir en fonction des attitudes, des intentions et des options de jeu que l'on prête aux partenaires est capitale pour la réussite de l'action de jeu en cours. La prise en compte de l'évolution de la situation permet d'anticiper et donc d'agir dans les meilleures conditions possibles.

Les essais marqués ont été la conséquence de cette dynamique collective que l'on avait déjà apprécié chez leur ainés lors de la tournée d'automne 2006, mais la mise en &oeliguvre collective des jeunes All-Blacks m'a semblé plus naturelle, pour ne pas dire mieux adaptée aux situations rencontrées, ce qui veut dire que le processus perceptifs et décisionnels sont certainement au c&oeligur de la formation initiale de ces futurs grands champions.

Il existe bien une école néo-zélandaise qui libère et place les joueurs quel que soit leur âge et l'importance de l'événement, en situation "d'envoyer du jeu". Ecole qui permet grâce au mouvement créé dans le cadre de principes simples de déplacement et de repères commun à tous les joueurs de passer, peu importe le poste, d'un rôle à un autre.

Les jeunes Néo-Zélandais ne copient pas leurs ainés. Leur jeu se construit derrière les mêmes principes logiques qui ne sont pas nouveaux. Imposés depuis toujours par les règles fondamentales du rugby, ils développent des modes d'interactions propres à ce jeu.

L'efficience de ses principes les rassure et les prédispose mentalement à entreprendre sans crainte. La latitude accordée pour prendre des initiatives booste les initiatives individuelles et galvanise le pouvoir d'initiative du collectif suscitant des conduites autorisant, dans la gamme des actions possibles, les comportements les mieux adaptés, à l'inverse des jeunes Springboks qui jouaient sur un registre amenant des conduites pratiquement privées de choix.

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