"Vivement dimanche"

Par Rugbyrama
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Notre chroniqueur Rodolphe Rolland revient cette semaine sur la première sortie avec Perpignan de l'ouvreur néo-zélandais Dan Carter.

Qu'on se rassure je ne parlerai pas en ces lieux de l'émission de Michel Drucker bien que le titre de mon "papier" puisse prêter à confusion. Promis, je vous épargnerai le consternant cirage de pompes "à en râle-mourir", l'insipide dominical des programmes télévisuels qui contraignent bien malgré lui l'homme du XXIème siècle à délaisser momentanément sa maîtresse hertzienne pour aller faire pisser Médor, ou pour sortir madame, en dépit du mauvais temps. Je ne parlerai pas non plus, nonobstant l'admiration inconditionnelle que je voue à ce géant de la salle obscure, de François Truffaut et de son ultime opus cinématographique. Non ! Inutile d'embarrasser de surabondance la digestion du lecteur, inutile d'encombrer les estomacs saturés des troisièmes mi-temps qui présagent à leurs propriétaires l'interminable nuit rénale des allers-retours entre le lit et les toilettes: le coeur de mon sujet battra une fois de plus pour cette bien étrange vessie qu'est le ballon ovale.

Et pourtant... Surprenant ma grand-mère répéter inlassablement durant toute la semaine la formule, j'avais la crainte, pour quelqu'un qui partage avec Piaf cette haine des dimanches, j'avais la crainte disais-je, que mon aïeule ne soit atteinte de quelque mal mystérieux. Rien de tout cela en vérité. En effet, connaissant son aversion pour l'invité du dimanche, le chanteur belge Adamo, connaissant aussi son indifférence – et je cite "pour le trop consensuel Drucker, les filles du bord de mer et les assiettes de moules frites en général", j'avais oublié dans la hâte que ma grand-mère vouait un véritable culte aux All Blacks, et plus particulièrement à leur petit prodige Dan Carter. Cette manifestation incongrue était donc due à l'attente fébrile que déclenchait l'apparition prophétique du maestro néo-zélandais sous ses nouvelles couleurs catalanes, programmée ce dimanche 14 décembre.

Qui l'en blâmerait ? N'étions-nous pas tous, d'ailleurs, amateurs de rugby et médias confondus, dans ce même état d'excitation, dans cette attente non moins fébrile du Perpignan-Leicester qui se profilait ? Sur place, de la rue Porte-Balaguer au Pilou Pétanque Canet, les conversations catalanes tournaient à l'obsession, les Roland Condoumi et autres Claude Bails abandonnaient temporairement leurs cochonnets, leur fanny callipyge et leurs projectiles métalliques pour discutailler rugby, le regard tourné vers le lointain Aimé-Giral où le messie usapiste ferait bientôt sa toute première apparition. Chabal annoncé à Montpellier ? Bof ! Le transfert prématuré de la paire Travers-Labit ? Qu'importe ! Le premier match de Dan Carter avait occulté toute l'actualité, renvoyant même au-delà des vingt-deux les dessous du transfert, la pige saugrenue de sept mois, le salaire mirobolant et les obligations publicitaires encombrantes. La fièvre Carter s'était donc emparée des Pyrénées-Orientales, de ma grand-mère et plus considérablement de l'hexagone entier. Pas d'antidote ni de paracétamol, le temps seul, peut-être, ramènerait à la raison, à l'apyrexie des affaires courantes.

Perpignan a battu Leicester, Carter auteur d'une entrée prometteuse a été généreusement élu homme du match ; pourtant ce résultat ne suffira pas pour sortir de la poule et continuer l'aventure européenne de la H Cup. Le Brennus ? C'est l'objectif avoué de l'USAP. On dit partout que Paul Goze s'est "payé" les services de cette "machine à gagner" pour mettre à genoux le Stade Toulousain et effacer cinquante-trois ans de disette. Et après ? En s'offrant le meilleur joueur du monde et une énorme publicité, le club de Perpignan offre aussi une part de rêve aux supporters catalans et plus globalement à tous les aficionados qui profiteront de l'aubaine hebdomadaire de la présence du prodige dans le Top14. Mais le principal n'est pas là, l'atout majeur d'un tel joueur, c'est qu'il tire tout le monde vers le haut, force ses coéquipiers à se surpasser, à se sublimer et le groupe à progresser de façon exponentielle. C'est là un inestimable bénéfice. L'USAP reçoit Castres samedi 20. La fièvre Carter ne fait que commencer. En attendant, vivement samedi !

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