"L'arbitre, je l'aime moi non plus"

Par Rugbyrama
  • Tous arbitre
    Tous arbitre
Publié le
Partager :

Interview du sociologue Gérard Mermet qui intervient à l'occasion des 10e journées de l'arbitrage. Ce dernier tire les enseignements après l’étude BVA/La Poste sur le rapport entre l’arbitrage et les Français.

Quelle conclusion générale tirez-vous de l’étude BVA /La Poste sur le rapport entre l’arbitrage et les Français ?

Geard MERMET: Ce qui est intéressant, dans les quatre disciplines, c’est l’ambivalence du sentiment du grand public à l’égard de cette fonction. D’un côté, nous pouvons percevoir la nécessité d’avoir un arbitre, et de l’autre la difficulté d’accepter cet arbitrage. On reconnaît la nécessité de l’autorité, mais on a du mal à s’y soumettre. Finalement, c’est assez symptomatique de la situation sociale française. On pourrait remplacer le mot arbitre par celui de responsable politique et obtenir des résultats similaires. La reconnaissance du besoin d’autorité est contrariée par la volonté de chaque citoyen de vouloir exercer cette autorité lui-même. Cette relation crée un rapport basé sur le "je t’aime moi non plus".

Dans cette enquête, les arbitres des quatre disciplines disent qu’il est plus difficile d’arbitrer aujourd’hui (79 %). En rugby, chez les amateurs, la raison invoquée la plus citée est la pression exercée par les dirigeants (54 %), devant celle exercée par les joueurs (37 %) ou le public (47 %). Comment l’expliquez-vous?

G.M: Je crois que cela correspond à l’évolution de l’activité. Les dirigeants des clubs deviennent sans doute plus directifs et plus pressants parce qu’ils ont eux-mêmes davantage de comptes à rendre.

Chez les arbitres pro du rugby, la raison principale invoquée pour expliquer les difficultés d’arbitrer est la pression générée par les enjeux financiers (91 %). Or, dans le football, où les enjeux financiers sont plus importants, ils sont moins nombreux à la mettre en exergue (84 %). Pourquoi?

G.M: C’est une question d’habitude. Les arbitres de football ont complètement intégré le problème. Ils savent qu’ils ont à faire face à des gens riches et fortunés. Les arbitres du rugby commencent seulement à prendre la mesure de cette donnée. Cette notion d’habitude se retrouve dans l’utilisation de la vidéo. Les arbitres du rugby sont très largement pour cette utilisation (95 %), alors que ceux du football sont moins unanimes (61 %). Les arbitres du rugby, qui utilisent déjà la vidéo, l’ont complètement intégrée.

Que ressentez-vous des besoins des arbitres au travers de cette étude?

G.M: Ils veulent permettre à tout le monde de mieux comprendre leur point de vue et leur passion. Quelque part, ils voudraient un "Vis ma vie d’arbitre". Ils sont portés sur l’échange, et privilégient le rapprochement avec les autres acteurs du sport pour clarifier leur rôle, mieux expliquer les règles, et mieux les faire accepter.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?