Très chère Cardiff

Qu'écrire qui n'a déjà été dit ? Que dire qui n'a déjà été écrit ? Reprendre les faits se suffit en lui-même : le XV de France joue un quart de finale de sa Coupe du monde à Cardiff contre la Nouvelle-Zélande. Pour ceux qui suivent de près ou de loin cette Coupe du monde, ces quelques mots sont assez éloquents et les connexions sont nombreuses : condamnés à l'exploit, les Bleus doivent affronter ce qui se fait de mieux au monde dans un quart de finale à Cardiff, loin de leurs terres et de leurs ancêtres.

La situation est ubuesque, mais il faut faire avec et c'est bien l'intention des hommes de Bernard Laporte. De ceux qui ont été choisis pour disputer ce quart de finale, quatre étaient sur la feuille de match de la demi-finale du Mondial 1999 à Twickenham, gagnée 43-31 par les Bleus ; douze ont participé au match de novembre 2006 quand les Blacks ont atomisé le XV de France à Gerland sur le score de 47-3... Dans ces deux résultats se trouve un tas de ressorts psychologiques sur lesquels il faudra s'appuyer.

Un pari osé

Les perfides n'hésiteront pas à souligner qu'en alignant pour la première fois à ce niveau Damien Traille à l'arrière et en préférant Lionel Beauxis pour jouer à l'ouverture, Bernard Laporte a confondu un quart de finale de Coupe du monde et une partie de poker. Mais les sceptiques d'aujourd'hui seront peut-être (croisons les doigts) les encenseurs de demain. Alors ceux qui auront réussi l'exploit de se loger dans cette onéreuse Cardiff (un journaliste a dû payer 500£ pour une chambre deux étoiles) pourront dire : "On y était ! "

Mais à côté des perfides, se trouvent les analystes, du genre de ceux que les joueurs du XV de France qui ne lisent pas la presse ont posé sur le papier pour une équipe originale*. Et quand les chiffres sont de sortie, là ça coince sérieusement. Ainsi comme le souligne Midi Olympique, Thion, titulaire samedi à Cardiff, a manqué un plaquage sur quatre en moyenne depuis le début de la Coupe du monde quand Lionel Nallet "malgré ses quinze plaquages, ses trois essais et ses cinq ballons récupérés" va essuyer les sièges en tribunes... Une statistique révélatrice. Pour autant, comme le dit un candidat à la succession de Bernard Laporte : "Il faut soutenir cette équipe". Rien n'est impossible en effet.

* Lors de la dernière conférence de presse à Marcoussis, les journalistes ont trouvé un tract sur lequel était écrit "le XV des amnésiques et des raisonnements" où les consultants et journalistes étaient "sélectionnés".