Sella: "La France? Du solide !"

Quel jugement portez-vous sur le XV de France, vainqueur de ces trois matchs de préparation?

P.S: On peut avoir un très bel espoir et la perspective d'un beau parcours. Je rêve d'un France-Nouvelle-Zélande en finale qui nous ramènerait 20 ans en arrière. Je crois que les Bleus en sont capables. Rêvons ! Par contre, il faut garder les pieds sur terre, ne pas s'emballer, ni tomber dans l'euphorie. Les joueurs doivent profiter de cet élan pour aller encore plus loin, tout en passant désormais à la compétition elle-même. En tout cas, l'équipe de France a réussi son avant Coupe du monde.

Au coup d'envoi contre l'Argentine, tout ça ne comptera plus. Sans oublier la pression du résultat...

P.S: Il faut faire attention. Ce que les Bleus ont fait jusque-là, c'est très bien. Il vaut mieux sortir avec des victoires et des convictions, c'est clair. Mais la compétition c'est autre chose et la pression va être énorme. Il faudra la maîtriser. Quant aux Pumas, ce sont de sacrés adversaires, très ambitieux. Ils ont souvent posé des problèmes à l'équipe de France et me semblent bien mieux préparés que lors des précédentes Coupes du monde. Ils sont capables d'aller en quart de finale.

Beaucoup de joueurs se sont positionnés et Bernard Laporte a le choix. Est-ce un inconvénient ou un avantage, selon vous?

P.S: Aujourd'hui, c'est un avantage, notamment sur la préparation. Le groupe est riche de titulaires en puissance. On a vu, malgré les blessés, que la performance de l'équipe de France restait la même. Pour l'instant, l'ambiance est bonne et on dit que la Coupe du monde va se gagner à 30. Après, pendant la compétition, ce sera peut-être différent. Dès l'annonce des 15 pour l'Argentine, il risque d'y avoir des joueurs déçus, blessés moralement. Il faudra voir ce qui va, alors, se passer dans le groupe. C'est une phase délicate à gérer.

Qu'est ce qui vous plait dans le jeu de l'équipe de France?

P.S: La partie 10-12-13 est très solide et amène des garanties. Les joueurs ont cette capacité à rester debout, à résister au plaquage pour ensuite prendre les intervalles, trouver des solutions. Défensivement, c'est du solide aussi bien individuellement que collectivement. A l'arrière, le trio 11-14-15 est très fort. Ca joue à l'instinct, il y a de la vitesse. Ce mélange entre la solidité au milieu du terrain et les déplacements derrière est très complémentaire.

Et la charnière? Vous êtes plutôt Mignoni-Skrela ou Michalak-Elissalde?

P.S: Je me lance ! Je ne m'appelle pas Bernard Laporte mais je pense que les quatre seront sur la feuille de match face à l'Argentine. Après, je vois bien Mignoni-Skrela pour débuter. C'est la paire qui a bien fonctionné pendant le Tournoi et c'est ce qui me semble logique. David Skrela a fait beaucoup d'effort, a bien digéré la concurrence au Stade Français et a grandi. Michalak et Elissalde seront utiles pour entrer en jeu. En tout cas, les deux paires s'entendent bien et amènent des garanties.

Un joueur a-t-il retenu votre attention en particulier pendant cette préparation?

P.S: J'ai envie de parler d'un joueur qui ne sera pas titulaire, voire même pas sur le banc contre l'Argentine, c'est Nicolas Mas. Il a été efficace dès son entrée en jeu à Marseille alors qu'il n'avait pas eu la même préparation que les autres. De plus, il a tenu à Cardiff en jouant à gauche alors qu'il évolue normalement à droite. C'est une garantie supplémentaire alors qu'il pouvait y avoir des doutes après le forfait du meilleur pilier en France, Sylvain Marconnet.

Qui d'autre?

P.S: J'ai beaucoup aimé Cédric Heymans. Il a été solide sur les chandelles, il a un jeu au pied long mais surtout c'est un excellent relanceur. Il est à l'origine du premier au pays de Galles. Il a gagné sa place dans les 22 grâce à sa polyvalence ailier-arrière. Il peut pallier la blessure de Clément Poitrenaud. Lionel Beauxis est encore jeune mais il a été bon aussi. Jérôme Thion a été très présent, notamment dans la couverture sans ballon. Sans oublier Thierry Dusautoir à Marseille. C'est agréable de voir ce joueur ouvrir du terrain, impulser des mouvements.

Un petit mot sur votre record de sélections (111) qui est tombé dans les mains de Fabien Pelous (112)?

P.S: J'ai beaucoup pleuré (rires) ! Il a eu des mots très gentils à mon égard. C'est exceptionnel ce que fait Fabien. Cela fait 12 ans qu'il est là et se donne complètement. Il a su résister à toutes les blessures, réussi à repousser ces moments de détresse où l'on a envie d'arrêter et où il faut penser à tous les bons moments pour avancer. On lui a fait confiance et cela lui a permis de revenir à son meilleur niveau. C'est un champion. Cette Coupe du monde, c'est son dernier grand objectif.