N’y a-t-il plus d’espoir ?

La France va mal, chantait l'un. La France a peur, chantait l'autre... Mais pas du ridicule ! Le moral des ménages français est en berne. Les politiques peinent à relancer l'économie et toute la grosse machine. La nouvelle d'un voyage du XV de France à Cardiff pour disputer un quart de finale de SA Coupe du monde face aux terribles Néo-Zélandais ne va donc pas contribuer à éclaircir l'horizon national.

"A nous les Blacks !", tente de s'enthousiasmer La Dépêche du Midi. "Et maintenant les Blacks ", reprend Le Parisien-Aujourd'hui en France. Il y aurait donc de quoi se réjouir à l'idée d'un quart de finale à Cardiff contre la meilleure équipe du monde ? C'est Le Figaro qui se charge de remettre les pieds sur terre : "Un tour d'honneur. Pour dire au revoir à la France. Ou adieu peut-être, tant le défi qui se présente aux Bleus paraît insurmontable. Vaincre les All Blacks samedi prochain en quarts de finale. Éliminer les favoris à la couronne mondiale. Faire tomber de son piédestal une équipe que le XV de France n'a plus battue depuis le début du siècle. Sept ans de malheur ont suivi. Une éternité assombrie par huit défaites (et un match nul pour conserver une miette de confiance...) pour les hommes de Bernard Laporte."

Mais que s'est-il passé ? "Cette victoire des Pumas envoie les Français à Cardiff pour disputer un difficile quart de finale face à la Nouvelle-Zélande le 6 septembre. Les Argentins, eux, affronteront l'Ecosse, le 7 septembre," résume Le Monde. Mais s'il est vrai qu'en terminant premiers de poule, les Argentins "envoient" les Bleus à Cardiff, la chose est plus compliquée que ça. La vérité sarcastique et ironique vient du quotidien Le Figaro : "On rassure aussitôt les rétifs aux cours de géographie. Non, la principauté n'est pas une province française. Simplement, soucieux de s'assurer la voix du pays de Galles lors de l'attribution de la Coupe du monde, Bernard Lapasset (le président de la FFR bien embarrassé par cette bourde vu ses vaines et alambiquées tentatives, hier soir, pour justifier l'injustifiable) leur a concédé ce cadeau. Qui se révèle, aujourd'hui, empoisonné pour le XV de France. "C'est sûr, on ne profitera pas de la ferveur populaire", regrette Bernard Laporte."

De l'autre côté de la planète, du côté de la Nouvelle-Zélande, la nouvelle d'une rencontre face aux Bleus de Bernard Laporte ne réjouit pas trop non plus. Fausse modestie ? "Les Français promettent aux Blacks un vrai combat des rues," s'inquiète The Dominion Post. Avant de renchérir : "France-Nouvelle-Zélande samedi prochain est le pire des résultats pour cette Coupe du monde" . Le souvenir de 1999 hante les esprits néo-zélandais depuis plus d'une semaine...

Les carnets d'adresse sont rouverts. Les acteurs de l'exploit de la demi-finale de 1999 à Twickenham sont consultés. Tous les spécialistes sont questionnés : Peut-on avoir un 1999 bis ? "Oui ! " s'écrie un enthousiasme général. Le Figaro se veut une nouvelle fois beaucoup plus terre à terre. Et constate "un optimisme démesuré, qui puise sa raison d'être dans le miracle de 1999. En demi-finale, on ne donnait pas cher de la peau des Bleus face à Jonah Lomu et ses partenaires. Pourtant, ce 31 octobre, l'irrationnel s'était produit. Une victoire 43 à 31 pour un immense exploit. Raphaël Ibanez, Fabien Pelous et Christophe Dominici (intronisé héros ce jour-là) y étaient. Ils pourront donner la recette à leurs jeunes coéquipiers."

Bref, "un exploit sinon rien". C'est bien là, sur ce titre de Midi Olympique qu'il faut clore ce tour d'horizon de la presse nationale et internationale. Et puis tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, non? Enfin, les victoires du XV de France sur les Blacks se comptent bien sur les doigts d'une main : 10 depuis 1954... Et puis non, tout n'est pas noir.