L'honneur du Sud

L'Afrique du Sud en finale de la Coupe du monde, c'est une certaine idée du rugby qui survit pour le bien de toute la planète ovale. Le rugby total peut aussi être efficace lors des matchs à élimination directe.

Les Sud-Africains, longtemps gourous d'un rugby sans risque, voire destructeur, ont changé de style sous l'ère Jake White qui a eu la très bonne idée de collaborer avec Eddie Jones. L'ancien sélectionneur australien a pris en charge les trois-quarts des Springboks pour un résultat décoiffant. Les bouchers de Durban, de Pretoria ou du Cap sont devenus de très bons joueurs ballons en mains et ils n'ont jamais inscrit moins de trente points lors de cette Coupe du monde. Tout le monde garde en mémoire le sévère 36 à 0 infligé aux Anglais lors des matchs de poule. Le potentiel des Boks est aujourd'hui impressionnant.

Emmenés par Fourie Du Preez, certainement le meilleur demi de mêlée de la compétition, les trois-quarts boks sont imprévisibles et terriblement efficaces. François Steyn, JP Pietersen, Jaque Fourie, Percy Montgomery affolent les défenses sans oublier la star Bryan Habana qui est en route pour battre le célèbre record de Jonah Lomu. Avec huit essais inscrits depuis le début du mondial, l'ailier sud-africain a égalé le nombre d'essais marqués par la vedette All Black en 1999.

Enfin, les avants sud-africains ont une nouvelle fois démontré qu'ils étaient sans doute les plus rudes du monde. Piquants à l'impact et très précis dans les phases de conquête (leur alignement en touche est exceptionnel), les hommes de John Smit fournissent leurs attaquants en très bons ballons. L'Afrique du Sud est aujourd'hui la formation la plus équilibrée de la scène internationale. Cette place en finale est tout à fait méritée car il ne faut pas oublier que Boks sont les seuls à avoir battu la Nouvelle-Zélande au moins une fois par an en 2003, 2004, 2005 et 2006.