"Colorée et festive"

Par Rugbyrama
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Bernard Lapasset, président de la FFR et du Comité d'organisation, souhaite que la Coupe du monde soit "colorée et festive" et ne soit pas centrée essentiellement sur la rentabilité économique.

En 2003, John O'Neill, président australien du Comité organisateur, avait voulu une Coupe du monde rentable. Quel but poursuivez-vous ?

B.L: Je voudrais que cette Coupe du monde ait du sens. L'organisation, ce n'est pas difficile. Il y a une méthode, des techniques, une armée en marche, des gens qui savent faire. Mais le plus difficile, c'est de donner une image, du sens. Cette Coupe du monde, je la vois colorée et festive, avec du monde dans les rues, des gens souriants, qu'il y ait un partage d'émotion. Qu'il y ait du bonheur dans les stades et en dehors. Mais je n'oublie pas que ceux qui vont faire cette Coupe du monde, ce sont les joueurs. Alors nous faisons en sorte que les équipes se sentent chez elles et que les joueurs fassent partie de cette fête.

Comment concilier le côté festif avec l'aspect économique inhérent à la Coupe du monde ?

B.L: L'argent, il faut en parler le moins possible. Bien sûr que l'on est là pour vanter les mérites d'un produit, renforcer l'image d'une marque. Mais cela ne doit pas tout phagocyter. C'est l'idée de notre opération "Les rebonds de la mémoire". Et quand je vois qu'un sponsor fait disputer un match de rugby à la verticale à l'occasion du J-365, cela correspond totalement à cette philosophie.

L'argent représente quand même un aspect important dans une Coupe du monde. Et on vous a reproché le prix élevé des billets qui éloigne des stades une certaine frange de la population...

B.L: Effectivement. Mais dans une Coupe du monde de rugby, il y a moins de matches qu'au foot. Nous aurons 48 matches, dont six à l'étranger. Alors, nous avons fait des choix. Il y a des matches bon marché en province, avec des tarifs attractifs, à 15 ou même 10 euros le billet, et nous avons choisi de capitaliser sur Paris, avec des matches à gros enjeu et les phases finales.

Considérez-vous la vente des billets comme une réussite ?

B.L: Oui, c'est une réussite car nous avons rempli la plupart des stades, même s'il reste encore des places à vendre. Et d'ailleurs, j'espère que nous serons en mesure d'ouvrir la billetterie dans des stades pour permettre un accès de dernière minute. Dans ce cadre, je rappelle qu'en 1991, nous avions organisé des matches dans des stades moyens, comme à Agen. En 1999, nous sommes passés à la dimension supérieure, à Béziers, Bordeaux ou Toulouse. En 2007, nous allons remplir des stades comme Marseille, le Stade de France et d'autres, qui ont accueilli la Coupe du monde de foot en 1998. Il y a eu une prise de risque forte et nous sommes satisfaits du résultats, car nous avons dépassé les 85% de remplissage moyen, même si nous avons quelques regrets à Edimbourg et à Cardiff, où il y a des manques".

En attendant, il semble que l'engouement ne soit pas encore total...

B.L: L'engouement, cela ne se décrète pas ! Il viendra avec les matches, avec une équipe de France séduisante. Mais l'engouement, il est aussi dans le comportement des supporteurs écossais qui boudent le match Ecosse-Roumanie à Edimbourg parce qu'ils préfèrent aller à Saint-Etienne voir Ecosse-Italie ! Cela traduit leur envie de faire la fête en France. Ce n'est pas un hasard. On attend 350.000 ou 400.000 visiteurs étrangers contre 80.000 en Australie en 2003. Pour eux, comme pour les autres, il y aura 2000 événements autour des matches. Chacun va pouvoir s'approprier la Coupe du monde.

L'engouement populaire et la réussite du Mondial dépendent-ils du parcours du XV de France ?

B.L: Oui, en grande partie. L'équipe de France va donner le ton. C'est l'équipe nationale qui va apporter un supplément d'âme. On a besoin d'une équipe de France qui sache séduire. Et le match face à l'Argentine, le 7 septembre, va constituer le point de départ indispensable. Il faut que l'on sente une équipe de France dans le ton de la compétition. Les matches amicaux ont donné un avant-goût. On sent que tout le monde est focalisé sur le 7 septembre. C'est un match fort, qui va lancer la Coupe du monde.

Avez-vous peur de ce match ?

B.L: Je n'emploierais pas le mot peur. Chaque fois que l'équipe de France joue, je ressens beaucoup d'émotion et d'envie, comme tous ses supporteurs. Cette fois, je vais mesurer la valeur du travail accompli non pas en termes de billets vendus, mais à travers la performance de l'équipe de France. C'est à travers les résultats de l'équipe de France que chacun pourra mesurer l'engagement qu'il a mis ! Cela ne vaut pas simplement pour moi, mais pour tous les gens de la Fédération, ou du Comité d'organisation. La valeur de notre travail sera décuplée si l'équipe de France est performante.

Et concernant l'organisation proprement dite, avez-vous des sources d'inquiétude ?

B.L: Tant que le dernier match n'aura pas été joué, nous devrons rester vigilants, concentrés sur l'organisation. Il y a des paramètres nombreux et variés, que ce soit sur les transports, les secours, les stades, le médical. Tout ! Nous ne sommes pas à l'abri d'un dérèglement qui pourrait être préjudiciable à l'organisation. Alors, notre vigilance doit être permanente.

Quelle est votre principale crainte ?

B.L: Qu'il y ait une tentative extérieure de nuire à la compétition. Il y a ces menaces qui existent dans le domaine des relations internationales. Nous avons mis en place un système d'informations pour y pallier si nécessaire. Les problèmes sociaux ? Nous avons prévu un dispositif d'accompagnement, qui pourrait être mis en place dans un délai très court. Et puis, il y a les intempéries. Et surtout, je crains le pépin de jeu. Nous n'avons pas oublié l'accident qui est arrivé à Max Brito en 1995 (international ivoirien handicapé à vie après un accident de jeu). Nous devons veiller à ce que cela ne se reproduise pas.

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