Les Bleus bien dans leur tête ?

Depuis novembre 2004, Jean-Marie Goyeneche a suivi 73 joueurs, du XV de France, des postulants au XV de France et des Moins de 21 ans champions du monde. A deux mois du Mondial, son travail d'accompagnement psychologique est donc terminé. Ou quasiment. "Officiellement, les autres experts et moi ne sommes plus censés intervenir mais au besoin, nous restons bien sûr à disposition."

Les derniers mois de sa mission ne furent pas les plus simples, entre des tests de novembre ratés, un Tournoi pas complètement satisfaisant et la plus grosse défaite de l'histoire de l'équipe de France encaissée en Nouvelle-Zélande au début du mois (61-10). "Après les tests de novembre, il y a eu beaucoup de discussions individuelles et collectives. Les joueurs avaient des arguments objectifs pour relativiser cette déroute, qui prouvent que ces matchs n'étaient pas représentatifs de l'écart réel entre la France et les Blacks." Un exemple ? "Les Français ne s'étaient pas retrouvés depuis trois mois alors que les Néo-Zélandais avaient du temps de jeu ensemble et étaient sur une pente ascendante."

Poursuite du travail psychologique après le Mondial

Concernant les deux matchs en Nouvelle-Zélande du mois dernier, le psychologue ne pense pas qu'ils puissent dérouter les Tricolores à quelques mois de la Coupe du monde. "Au contraire. Seulement trois joueurs de la liste des 30 étaient en tournée et ce sont ceux qui se sont le plus montrés. Bruno et Chabal ont gagné leur place là-bas alors qu'Ibanez était là pour encadrer le groupe. Je ne suis pas inquiet du tout, même si tous les joueurs ont bien repéré où sont les favoris." Pour lui, ces mauvais résultats pourraient même avoir des effets bénéfiques : "Ce n'est pas plus mal parce que, du coup, on ne place plus forcément les Français dans la peau de favoris. Ça partage la pression avec les autres Nations."

Le travail avec les Bleus semble avoir porté ses fruits puisque la cellule d'experts devrait être pérennisée à l'issue du Mondial. Les joueurs ont adhéré. Beaucoup ont sollicité des entretiens supplémentaires aux entrevues obligatoires mises en place. "Surtout des joueurs cadres, reprend Jean-Marie Goyeneche. Ils venaient discuter de leur investissement dans la vie du groupe, de leur interférence avec les autres, de leur façon de gérer leurs émotions ou de développer leur leadership à tel ou tel moment. Certains totalisent près de cinq heures d'entretiens." Mais maintenant, l'heure n'est plus aux tergiversations. Place à l'action.