"J'en veux à ceux qui sont restés"

Par Rugbyrama
  • Marc LIEVREMONT - 10.02.2010 - Annonce de l equipe
    Marc LIEVREMONT - 10.02.2010 - Annonce de l equipe
Publié le Mis à jour
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Ce mardi, le sélectionneur de l'équipe de France Marc Lièvremont n'a pas seulement livré son XV de départ pour le pays de Galles. Il s'est aussi longuement expliqué sur l'éviction de six joueurs et sur les propos très durs qu'il a tenus à l'encontre de son groupe après la défaite en Italie.

Le groupe sort d'une semaine très difficile. A-t-il retrouvé un peu de sérénité ?

Marc LIEVREMONT : Nous y travaillons. Dès lundi, il a fallu revoir le match de l'Italie puis basculer sur celui du pays de Galles. Nous devons faire en sorte que la confiance revienne, de même que l'engagement. Mais en même temps, il faut placer encore les joueurs devant leurs responsabilités et voir ce qui n'a pas été sur le plan rugbystique en Italie. Alors nous allons essayer de focaliser les joueurs sur le sentiment de colère et de revanche. Nous avons quatre jours pour cela.

Les six joueurs évincés du groupe sont exclusivement des "anciens". Aviez-vous besoin d'insuffler un nouveau souffle ?

M.L. : Peut-être avons-nous voulu donner un peu plus de fraîcheur et d'enthousiasme à ce groupe mais ça n'a pas été la raison fondamentale de ces changements. J'avais un groupe très expérimenté et, en se servant de la liste des trente annoncée en janvier, on allait fatalement rappeler des plus jeunes, même si Marty ou Papé sont des joueurs d'expérience.

Vous avez tenu des propos très durs à l'encontre de vos joueurs le week-end dernier. Craignez-vous d'avoir perdu leur confiance ?

M.L. : C'est une question qui mérite d'être retournée compte tenu de leur prestation samedi... Ce que j'ai dit devant la presse, je l'avais dit de manière plus virulente aux joueurs. Il faut que les choses sortent. Cela a été des moments très violents à vivre. Il y a eu de la déception, de l'incompréhension, de la colère, de la honte, mais aujourd'hui, il existe une nécessité de faire les choses très vite, dans un laps de temps très court, pour rebondir.

Regrettez-vous la violence de vos propos ?

M.L. : Non, sachant que j'ai d'abord dit les choses aux joueurs et qu'elles étaient légitimes. Dimanche, j'étais encore en colère, habité par ce sentiment d'injustice pour les six joueurs évincés. Je me suis longtemps demandé si je devais conserver le même groupe et changer certaines choses le 11 mai au moment de l'annonce de la liste pour le Mondial ou faire ce choix de se séparer de six joueurs. C'était difficile, ils ne sont pas forcément plus responsables que ceux qui sont restés. On m'a beaucoup reproché de trop aimer mes joueurs... Et d'une certaine manière, j'en veux à ceux qui sont restés. Mais il faut maintenant dépasser la rancoeur, la frustration et se concentrer sur notre objectif. C'est ce que j'ai dit aux joueurs ce matin.

Le contact est-il renoué avec votre groupe ?

M.L. : Oui, il l'a été dès dimanche soir, avec une explication agitée on va dire, mais constructive. J'ai dû annoncer le nouveau groupe. Comme souvent dans ces moments-là, les langues se délient, les joueurs s'impliquent. Moi, j'étais encore énervé, encore habité par un sentiment de colère mais je considère qu'il faut toujours expliquer les choses. C'est comme ça que je conçois les relations d'homme à homme.

Les choses ont-elles été plus constructives que l'explication qui avait eu lieu après la défaite contre l'Australie ?

M.L. : C'est difficile de graduer ce genre de choses, il s'agissait de deux contextes différents et je considère qu'il y a eu des enseignements positifs à chaque fois. Ce qui me gêne, c'est que l'Australie, c'était il y a trois mois et que trois matchs ont eu lieu depuis, où j'avais vu des choses positives. On rechute trop rapidement. Comme dans n'importe quel groupe, les joueurs ont été vexés par ce qui s'est passé et j'attends une rébellion pour que les choses se remettent en place. Cette rencontre face au pays de Galles, ce n'est pas une finalité, mais c'est le match qui compte. Le prochain aura lieu en août !

Vous aviez choisi de vous séparer de six joueurs...

M.L. : (il coupe) J'ai déjà répondu à cette question avant l'annonce de l'équipe en expliquant avoir tenu compte de la liste des trente donnée en janvier. Ça a été compliqué de choisir. Quand la défaite est collective, il n'est pas simple de montrer du doigt cinq ou six joueurs. On en fait des boucs émissaires en quelques sortes. Mais j'ai essayé d'être le plus cohérent possible. Excepté Schuster et Estebanez, qui vient en raison du forfait de Mermoz, tous ces joueurs faisaient partie de la pré-liste. Rougerie aurait été reconduit si son club n'avait pas demandé à avancer sa comparution devant une commission de discipline de la LNR.

Avez-vous le sentiment que votre avenir est lié à une victoire samedi ?

M.L. : Je ne pense pas. Je ne me suis jamais inscrit dans cette démarche, même dans les moments les plus difficiles, de penser à mon avenir personnel. Je ne tiens pas à rester à ma place pour des raisons financières, même si j'estime que j'ai un bon salaire, ni pour des raisons de gloire. Peut-être que si la roue tourne, les titres des journaux seront plus flatteurs et que ce seront mes joueurs, et non plus moi, qui feront la une.

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