Poitrenaud, c'est sérieux

Six ans qu'il n'avait pas enchaîné deux Tournois d'affilée. Après le doublé en 2003/2004, l'arrière du Stade toulousain Clément Poitrenaud l'a donc réalisé en 2009/2010. Le moment parfait alors que se construit le squad du XV de France pour le Mondial 2011. Comme l'an passé, Poitrenaud a ouvert le Tournoi à l'arrière. Comme l'an passé, il va enchaîner avec une deuxième titularisation. En 2009, il avait défié Irlande puis Ecosse, cette fois-ci l'ordre est inversé. Qu'importe, la véritable différence est ailleurs : Clément Poitrenaud a les moyens désormais d'aller au bout du Tournoi. Son entame en Ecosse incline à croire qu'il n'y aura pas de sortie de route comme ce fut le cas il y a tout juste un an. Remplaçant non utilisé contre le pays de Galles, il n'avait pas été convié face à l'Angleterre et l'Italie...

Dans la brume d'Edimbourg, Poitrenaud a marqué des points. Il ne s'enflamme pas : "Je me suis senti bien, au diapason du groupe. J'ai joué comme je le souhaitais. Je voulais jouer juste. J'ai essayé de relancer quand c'était possible, de jouer au pied quand il le fallait. Après, je regrette de ne pas avoir touché beaucoup de ballons intercalé mais les avants ont pris le jeu à leur compte et nous avons une paire de bulldozers au centre du terrain qui a d'ailleurs permis de marquer un essai." Et analyse son match dans les moindres détails : "J'ai peut-être été un peu frileux. J'aurais parfois pu faire une passe supplémentaire sur mes réceptions mais je me méfiais de Max Evans qui montait en pointe. Ceci dit, j'ai vu à la vidéo qu'il était souvent seul. Son bluff a fonctionné. N'empêche, je me suis surtout appliqué à faire jouer derrière moi, à ne pas enterrer le ballon, à faire jouer les autres." Un travail de l'ombre version trois-quarts. "Cela me va très bien".

"L’intensité du match sera plus importante".

Surtout, Poitrenaud a repris ses marques en Bleu. Pour lui, son match est à des années lumières de la copie fournie l'an passé contre l'Irlande. "Je m'étais beaucoup investi mais c'était désordonné, pas forcément intelligent. Là, mes interventions défensives ont été meilleures." Au-delà de son cas personnel, Clément Poitrenaud a quand même ressenti le goût d'inachevé du succès inaugural en Ecosse. Sans colère, il l'explique par "une fâcheuse tendance à l'insatisfaction". "On aurait aimé marquer plus d'essais, proposer un jeu d'attaque plus abouti. Mais de l'autre côté, nous n'avons été inquiété à aucun moment. C'est une bonne base de travail. Face à l'Irlande, il faudra y rajouter davantage d'engagement, de précision dans nos relances."

L'Irlande un défi majuscule. Pour les Bleus. Pour l'arrière. Le match qui peut l'imposer définitivement. Il le sait : "O'Gara en face est un artilleur de premier choix. L'implication sera primordiale". Il connait son rôle : "Faire déjouer le numéro 10 adverse. Jouer au chat et à la souris en le faisant taper là où on souhaite qu'il le fasse". Et pour cela, il aura même un soutien supplémentaire : Alexis Palisson retenu pour sa polyvalence ailier-arrière. "Il y aura des automatismes à prendre. Alexis Palisson est habitué à naviguer entre le poste d'arrière et d'ailier, seulement nous n'avons pas les repères que je peux avoir avec Vincent Clerc ou CédricHeymans. C'est la première fois que nous évoluerons ensemble. Mais je ne suis pas inquiet pour autant : il fait de très bons matchs avec Brive", esquisse le Toulousain.

L'Ecosse en entrée, l'Irlande en plat de résistance. Clément Poitrenaud se prépare à la montée en puissance. "L'intensité du match sera plus importante. J'espère avoir la même capacité à trier les ballons, être rassurant sur les ballons aériens. Et puis j'attends la victoire. Qu'on accumule de la confiance et qu'on confirme notre bon début de Tournoi." En 2010, Poitrenaud s'affirme conquérant. Les Bleus peuvent apprécier.