Fall, un homme pressé

Il y a cinq ans, il débutait le rugby. Il y a un an et demi, il faisait ses premiers pas en Top 14. Il y a moins de trois mois, il honorait sa première sélection chez les Bleus. Aujourd'hui... Il est titulaire en équipe de France pour l'ouverture du Tournoi des 6 Nations. Décidément, la vitesse est la principale qualité de Benjamin Fall... Mais pas uniquement sur le terrain. Il semble tout faire plus vite que les autres. Pas de quoi dérouter pour autant l'intéressé qui joue le surpris après l'annonce de sa titularisation en Ecosse : "Cela fait bizarre. Je ne m'y attendais pas du tout. C'est un grand honneur et ça prouve que le staff a placé une part de confiance en moi". C'est le moins que l'on puisse dire. Le signal est fort, le symbole aussi : "Le Tournoi a une telle signification. Jouer contre les Samoa en novembre dernier était un moment important à mes yeux. Mais là, c'est différent. C'est encore plus grand".

Mais il faut avouer que sa présence dans le XV de départ n'a pas forcément étonné tout le monde. Le sélectionneur compte sur lui et a même dans l'idée de le positionner à l'arrière dans un avenir proche. "Peut-être que ce sera mon poste. Mais je n'y ai joué qu'un match et cela demande beaucoup de travail et de repères, notamment au niveau du placement et du jeu au pied. On ne peut pas se jauger sur un seul match ", indique Benjamin Fall de façon lucide. En attendant, c'est sur l'aile gauche de l'attaque française qu'il évoluera à Murrayfield. Coiffant au passage des joueurs reconnus sur la scène internationale comme Cédric Heymans, Maxime Médard, Vincent Clerc ou Julien Malzieu. "C'est étonnant. Je me rappelle des exploits de Cédric et Vincent il y a deux ans en Ecosse avec leurs chaussures orange. Là, ils ne seront même pas sur le terrain". Alors que lui sera bien présent.

"Ce sera vraiment un test"

Si Benjamin Fall apparaît comme un surdoué, il a véritablement franchi un cap cette saison. Car quand son équipe de l'Aviron bayonnais plongeait dans les profondeurs du classement, lui parvenait à briller. Et à se faire remarquer. "Etre retenu chez les Bleus m'a permis de me ressourcer après les difficultés que nous connaissions en club". Pour autant, il a dû rectifier certaines lacunes : "Richard Dourthe (ancien manager de Bayonne, NDLR) me reprochait souvent de dormir pendant la première mi-temps et de ne me réveiller qu'en deuxième, raconte le joueur. Aujourd'hui, j'essaye de rester concentré du début à la fin". Ce manque de concentration, c'est aussi ce que Marc Lièvremont lui a demandé de travailler, notamment sur ses replacements défensif. Certainement son principal point faible à l'heure actuelle. "On en a discuté. Je tente de m'appliquer là-dessus dorénavant".

Benjamin Fall a en tout cas une belle carte à jouer suer la pelouse de Murrayfield. "Ce sera un match très engagé. Nous n'aurons pas le droit à l'erreur et à titre personnel, ce sera vraiment un test. C'est toujours difficile de débuter la compétition mais je ne veux pas décevoir". Effectivement, ce n'est donc pas le moment. S'il n'a mis que quelques mois à gagner la confiance du staff technique des Bleus, il pourrait ensuite en prendre pour dix ans en cas de bonnes performances. Car même si rien ne semble l'arrêter, au-dessus de l'équipe de France, il n'y a plus grand chose...