Pro D2 – Arthur Mathiron (Nevers) : "J’évite d’aller faire mes courses les lendemains de défaite"

  • Arthur Mathiron une des révélations de la saison de Pro D2.
    Arthur Mathiron une des révélations de la saison de Pro D2. Icon Sport - Romain Biard
Publié le
Partager :

Dans la foulée de son titre de champion du monde U20 avec les Bleuets, Arthur Mathiron (20 ans) a été prêté par Lyon à Nevers. Un passage en Pro D2 aussi fructueux que prolifique avec 11 essais en 18 rencontres. Épanoui en Bourgogne, le centre ou ailier a pris une vingtaine de minutes durant la trêve de la Pro D2 pour se confier sur la saison réussie de l’Uson et la vie à Nevers.

Avant la trêve, vous avez gagné contre Provence rugby. Était-ce important pour ne pas se faire chambrer par votre ami Léo Drouet ?

À l’aller, nous n’avions pas joué tous les deux. Là, on a été content de s’affronter. Mais heureusement que j’ai gagné contre lui ! Entre nous il y a eu égalité en termes d’essais, un partout. Comme on s’intéresse tous les deux à la Pro D2 vu qu’on y joue, on va regarder les performances de l’autre si on ne joue pas en même temps. On va s’écrire, s’encourager.

Avec Léo Drouet, vous constituez un groupe d’amis avec Paul Costes et Théo Attissogbe…

C’est ça, on a ce petit groupe de quatre où l’on est assez proche. On prend souvent des nouvelles les uns des autres, on s’appelle régulièrement. On a un groupe où l’on s’envoie régulièrement des messages. Quand un joue, les autres mettent un petit message pour l’encourager.

Est-ce que vous avez réussi à les amener au Pré Fleuri ?

Léo, oui mais seulement quand il est venu nous affronter avec Provence. Mais les autres habitent trop loin, ça va être compliqué… Théo et Paul, ça va être dur de les sortir de Pau et Toulouse !

En parlant des membres des générations 2003 et 2004, êtes-vous surpris de voir plusieurs de vos anciens coéquipiers chez les Bleuets déjà avec le XV de France ?

Surpris, non. Louis (Bielle-Biarrey), ça fait bientôt un an qu’il y est donc ce n’est plus surprenant. Posolo (Tuilagi) et Nico (Depoortere) ils y sont car ils font de très bons matchs et, vraiment, ils le méritent. Ce n’est pas étonnant que des mecs commencent à taper à la porte des grands quand on voit la génération que l’on a… Sur notre groupe Whatt’s App, il n’y a plus trop de messages. Mais on prend des nouvelles les uns des autres, je ne vais pas dire de manière régulière, mais de temps en temps un peu de chacun.

Pourquoi avoir fait le choix de descendre momentanément d’une division au lieu de rester en Top 14, comme nombre de vos partenaires chez les U20 tricolores ?

Le but, c’est de jouer un maximum. Je ne vais pas dire que la porte était fermée pour moi à Lyon, mais je savais que partir en Pro D2 me donnerait plus de temps de jeu et plus de possibilités pour m’exprimer. À Lyon, la saison dernière, heureusement que j’avais l’équipe de France des moins de 20 ans pour sortir un peu du cadre car cela a été une année compliquée. Quand je voyais tous mes potes de la sélection jouer en équipe première dans leur club, c’était assez frustrant pour moi. J’ai pris cette décision de partir pour avoir plus de temps de jeu.

Arthur Mathiron lors du Mondial U20, contre les Gallois.
Arthur Mathiron lors du Mondial U20, contre les Gallois.

Sur les six premières journées, vous n’avez joué qu’une seule rencontre. Pourquoi votre entrée dans les 23 a-t-elle mis autant de temps ?

La Pro D2 ça reprend plus tôt que le Top 14. Donc quand l’Uson a commencé l’entraînement, j’étais encore à la Coupe du monde U20. Je suis revenu à Nevers le 1er août, seulement trois semaines avant le premier match. J’avais eu deux semaines de vacances avant ça, je débarque dans un nouveau club dont je ne connais pas encore totalement le système, même si j’avais essayé d’apprendre tout ça avant d’arriver. J’avais un petit temps de retard par rapport à ceux qui avaient fait la pré-saison.

Cette saison, vous avez joué majoritairement trois-quarts aile, vous centre de formation. Êtes-vous surpris de vous épanouir à ce poste-là ?

À Lyon, on m’avait déjà parlé de passer à l’aile. J’étais un peu réticent. Là, je me suis dit que l’objectif était vraiment de jouer. J’ai fait un, deux, trois matchs comme ailier et je prenais plus de plaisir à chaque fois. Je me plais bien. Tu touches moins de ballons qu’au centre, mais généralement ce sont les meilleurs (sourire). Je n’ai pas envie d’arrêter de jouer centre mais j’aime être ailier. Quand je suis sur l’aile, je ne joue pas souvent au pied. Ce que je travaille, c’est le jeu au pied pour finir une action, sur des un contre un. J’essaye surtout de bosser le jeu aérien. On ne bosse pas trop la couverture en troisième rideau et les duels aériens quand on joue centre, j’avais beaucoup de travail à faire là-dessus !

Une action \ud83d\udd1f/\ud83d\udd1f pour l'@usonneversrugby et le trois-quarts Arthur Mathiron
Le champion du monde U20 marque là son 10e essai de la saison \ud83d\ude4c pic.twitter.com/RU4vJF0ZKP

— Rugby PRO D2 (@rugbyprod2) March 8, 2024

18 matchs, 11 essais, l’intégration semble être réussie pour vous dans la Nièvre…

Ce qui est cool à Nevers, c’est que l’on joue beaucoup au ballon. Nous sommes un des clubs qui produit le plus de jeu. Les trois-quarts, on prend beaucoup de plaisir. Les coachs nous donnent beaucoup de liberté. On veut jouer au rugby, si ça passe, ça passe et si ça ne marche pas, tant pis. On ne veut pas se débarrasser du ballon en attendant que les autres commettent une erreur, on veut provoquer notre chance et obtenir des résultats en produisant au rugby. On veut que les gens se disent qu’à Nevers ça joue au rugby et que c’est plaisant à voir ! Je n’étais jamais allé au Pré-Fleuri, même si je n’habite pas trop loin étant de Chalon-sur-Saône. Les mecs m’avaient prévenu qu’il y avait du monde et une grosse ambiance, même si c’est une petite ville. Je ne m’attendais pas à ça. J’ai été agréablement surpris. Pour une ville de 35 000 habitants, remplir un stade de 7 300 places à chaque match, c’est fort !

Sentez-vous cette ferveur dont vous parlez dans la vie de tous les jours ?

Généralement, j’évite d’aller faire mes courses les lendemains de défaite, sinon, pendant cinq minutes, les supporters me disent ce que l’on aurait dû faire ou pas. Mais c’est toujours bienveillant quand on parle avec les supporters. Ils sont contents de nous voir après les soirs de victoire. Il y a toujours des gens qui nous glissent des petits mots la semaine, sans être trop encombrants. C’est toujours sympa de voir que cette ville suit vraiment le rugby et qu’elle est à fond derrière nous.

A lire aussi : Transferts. Top 14 / Pro D2 - Christian Ambadiang (Nevers) tout proche de rejoindre Castres

Vous êtes à onze essais quand Christian Ambadiang n’est qu’à huit, est-ce que vous vous mettez des pièces à ce sujet ?

On est très heureux quand l’autre marque. C’est toujours plaisant quand on inscrit un essai, mais le plus important c’est de faire gagner l’équipe. Il n’y a pas de concours entre nous mais si je peux finir devant lui au classement des essais, c’est mieux (rires).

Arthur Mathiron ici contre le CA Brive.
Arthur Mathiron ici contre le CA Brive. Icon Sport

Vous êtes arrivé à Nevers avec le statut de champion du monde U20. Vous êtes-vous senti attendu ?

Oui, un peu quand même. J’ai été présenté au club comme un champion du monde, à mon arrivée, les supporters venaient me parler que de ça, mes coéquipiers pareil. Même sans forcément me le dire, mes partenaires avaient une petite attente vis-à-vis de moi avec ce titre. Je ne me suis pas dit qu’il fallait que je prouve, je suis resté naturel.

Vous êtes arrivé cet été à Nevers. Selon vous, qu’est-ce qui fait la force de l’Uson, régulièrement dans le wagon des qualifiables ces dernières saisons ?

L’ossature de la saison dernière a été gardée, on sent que ce groupe se connaît vraiment. On n’est pas beaucoup à être arrivés, seulement cinq joueurs (NDLR, Chris Gabriel est arrivé en prêt de Clermont-Ferrand en cours de saison). Les nouveaux, nous avons été très vite et bien intégrés. Ce groupe se connaît depuis plusieurs années maintenant, cela fait sa force. Il n’y a pas ces mouvements sans arrêt ou des joueurs arrivent et partent chaque année. Là, le club essaie de garder la même base. Tout le monde se connaît bien, chacun maîtrise le plan de jeu et le groupe est plutôt uni. La fin de championnat sera très excitante, beaucoup d’équipes sont au coude-à-coude. Si on ne fait pas bêtises, qu’on est sérieux et qu’on est bon on pourra aller chercher plus haut.

A lire aussi : Pro D2 – Valence Romans s’impose au forceps face à Nevers et poursuit sa belle série à domicile

Vous êtes pensionnaire du centre de formation. Vous êtes donc obligé de faire des études à côté. Qu’avez-vous choisi ?

Je ne sors pas trop du contexte sportif, je passe un diplôme pour entraîner les enfants, un CQP (certificat de qualification professionnelle). Ça me prend un jour par semaine. Là, je vais avoir quelques dossiers à rendre mais c’est tout. Valider ce diplôme, ça sera toujours ça de pris et je verrai l’année prochaine ce que je ferais. C’est important de voir autre chose que ce que l’on fait tous les jours, de voir du monde et d’apprendre de nouvelles choses. Le rugby peut vite être encombrant.

Quand on a 20 ans, n’est-ce pas dur de passer de la vie lyonnaise à celle nivernaise ?

Ce n’est pas plus mal d’être à Nevers à mon âge. Ça évite les tentations de sortir. À Lyon, il y a toujours un truc à faire, c’est beaucoup moins le cas à Nevers (rires). Ça me permet de me reposer et de me concentrer sur mes objectifs. Je fais vraiment attention à mon hygiène de vie, surtout le sommeil et l’alimentation. Je pense que ce sont des facteurs très importants et j’y fais vraiment attention !

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Hub_58 Il y a 25 jours Le 03/04/2024 à 22:54

Allez Arthur continue de nous faire plaisir sur l'aile