Pro D2 - Joe Jonas (Biarritz) : "Même si je ne suis pas de Biarritz, je me sens comme quelqu’un qui a grandi ici"

  • Joe Jonas va dépasser, vendredi, la barre des 60 matchs avec le BO.
    Joe Jonas va dépasser, vendredi, la barre des 60 matchs avec le BO. Icon Sport
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Avant de faire ses valises pour Paris, dans quelques mois, Joe Jonas souhaite laisser le Biarritz olympique, qui l’a lancé chez les professionnels, en Pro D2. Cette semaine, avant la réception de Rouen, l’arrière de 23 ans a longuement évoqué la rude bataille pour le maintien dans laquelle est engagée son équipe. Au cours de l’entretien qu’il nous a accordé, il est aussi revenu sur sa polyvalence, utilisée à plusieurs reprises cette saison, et a expliqué pourquoi il avait décidé de rejoindre la capitale, l’été prochain.

Joe, de l’extérieur, on a l’impression que le même sentiment d’impuissance ressurgit, après chaque défaite. Qu’est-ce qui vous pousse à croire que vous allez finir par vous en sortir ?
Pour moi, nous l’avons beaucoup dit, mais nous avons des joueurs de qualité, un effectif qui fait un peu rêver. Lors des matchs précédents, nous avons vu des bonnes choses et je reste confiant sur le fait qu’un jour, ça va marcher. Peut-être ce week-end, ça pourrait relancer l’équipe.

N’y a-t-il pas un risque de se répéter, chaque semaine : “ça peut marcher” car les journées passent, mine de rien…
Oui, c’est frustrant, mais si nous, joueurs, on n’y croit pas, les gens autour n’y croiront pas non plus.

Qu’est-il ressorti de la défaite à Soyaux ?
Nous étions déçus au sortir de ce match, car c’est une rencontre qu’on aurait pu gagner à l’extérieur. Si on gagne ce match, on se met dans une situation plutôt bonne. Au final, le résultat est compliqué. Il n’y a pas d’inquiétude, mais tu te demandes si on se rend vraiment compte de la réalité. Aujourd’hui, en tant que groupe, on se dit vraiment que, maintenant, il faut qu’on se réveille. Notre manager, Simon Mannix, nous a dit après la rencontre que nous avions tout fait pour la gagner, mais que nous avions aussi fait beaucoup de choses pour la perdre…

Le positif, ce sont les beaux essais inscrits ?
Oui, mais en même temps, c’est frustrant quand tu vois ça, puis le résultat à la fin. C’est presque bête. Après, il faut arrêter de se dire qu’on a une équipe qui pouvait jouer le top six. Il faut regarder la situation réelle, retourner à la base et jouer un rugby agressif, mettre la tête, se battre pour le mec à côté de soi. On veut voir une équipe.

La discipline vous a fait mal à Soyaux. Que faut-il faire, selon vous, pour éviter ces fautes ?
Il y a des choses qu’on peut changer et corriger pendant la semaine. Vendredi, je pense que ça se jouera sur la base du rugby, sur celui qui veut le plus la victoire. Autour de moi, j’aurai des mecs qui vont avoir envie de jouer, de batailler. Si on fait ça et qu’on écoute ce que nos entraîneurs nous disent, je pense que ça peut marcher.

La 19ème journée de Pro D2 se termine ce vendredi soir avec plusieurs matchs serrés. Colomiers a notamment dominé Dax alors que Biarritz s'est incliné sur la pelouse de Soyaux-Angoulême.https://t.co/XzFYSk2Y8P

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) February 9, 2024

Jusqu’ici, estimez-vous que chacun voulait sauver la patrie de son côté ?
Oui. Dans la semaine, ça se ressent. L’entraîneur dit qu’on est un effectif, mais qu’il faut réagir comme un effectif. Jusqu’ici les réactions étaient très individuelles. Si nous commençons à jouer ensemble en faisant les choses pour l’autre, ça ne peut que marcher.

Le BO marque de beaux essais, mais au bout du compte, cela ne suffit pas. Faut-il réduire la voilure ou au contraire insister là-dessus ?
Jouer, c’est notre ADN ! Il faut donc continuer ainsi, mais il faut être plus calme, avoir plus confiance en nous. Parfois, on veut trop en faire. On joue bien, mais il y a, des fois, un en-avant parce qu’on veut forcer une passe de plus, alors qu’on peut garder le ballon, construire des phases de jeu et ça va s’ouvrir tout seul. C’est important de savoir quand il faut jouer et quand il ne faut pas jouer. Il faut être assez mature pour garder le ballon, attaquer fort la ligne et ouvrir derrière. En fait, il faut être plus patient et précis.

Comment est l’ambiance, au quotidien ?
Il y a de la frustration, bien sûr. L’ambiance est un petit peu bizarre, mais en même temps, quand tu es sur le terrain, à l’entraînement, tu te dis que tout est normal, on ne dirait pas qu’il y a trop de pression. Pour autant, quand tu vois le résultat des matchs puis le classement, tu te dis “wow, c’est ça la réalité…” Ça te fait réagir. Cette semaine, je me suis dit que si on avait battu Dax et Soyaux, on aurait été dans une bonne situation. Mais ça n’a pas été le cas. On commence vraiment à jouer le maintien. Il faut qu’on soit fort et qu’on joue comme une équipe qui veut s’en sortir.

Voyez-vous des attitudes qui changent, par rapport à cette prise de conscience ?
Je ne l’avais pas trop senti avant, mais cette semaine, oui. En même temps, au quotidien, il y a un mélange. D’un côté, il faut se réveiller, mais de l’autre, il ne faut pas trop se mettre la pression. Si toute l’équipe est complètement sous pression, elle ne sera pas performante le jour même.

J’en ai presque marre de perdre et de ne pas être dans une équipe qui gagne

Ce rendez-vous contre Rouen, vendredi, est-il vu comme un match de la peur ou vous dites-vous que, malgré tout, il en restera dix derrière ?
Il restera des matchs derrière, mais pour être bien dans sa tête et que la fin de la saison soit meilleure, c’est important de gagner ce match. Il aura lieu à domicile et nous voudrons montrer un autre visage de nous.

D’un point de vue plus personnel, comment vivez-vous la situation ?
C’est dur… La saison dernière et celle d’avant, en Top 14, n’étaient pas faciles. Nous étions toujours un petit peu dans le dur pendant la saison. Quand tu perds des matchs pendant aussi longtemps, ça fait forcément quelque chose. J’en ai presque marre de perdre et de ne pas être dans une équipe qui gagne.

Comment cela affecte-t-il votre quotidien ?
Quand ça ne va pas dans le rugby, c’est compliqué. Après, bien sûr, j’ai d’autres choses au quotidien qui me font sortir de tout ça. Être à Biarritz, qui est une belle ville, ça aide, ma copine et mes potes me font aussi penser à autre chose. Mais bon… Le week-end dernier, nous avons perdu et je ne vais penser qu’à ça jusqu’au prochain match. Je suis comme ça depuis l’école, ça fait partie de moi.

Vous avez joué tous les matchs cette saison, comment êtes-vous physiquement ?
Ça va. La saison dernière, j’ai joué 26 matchs, mais je n’ai pas pu la terminer à cause d’une blessure. Pour moi, c’est important de faire une saison complète, afin que je puisse me dire que j’en suis capable. Je fais ce qu’il faut, pendant la semaine, pour être au mieux et ne pas être blessé.

On vous a vu jouer au centre, à l’aile et à l’ouverture cette saison. Avez-vous aimé le fait de couvrir plusieurs postes ?
Oui, j’ai beaucoup aimé. Lorsque tu sors d’un poste, ça te permet de voir autre chose, ça te fait grandir dans le rugby. Après, c’était important que je retrouve le poste d’arrière et que je m’y sente en confiance, car c’est le mien, celui que je préfère.

Que pouvez-vous nous dire sur votre expérience en treize ?
C’était bien. Comme lorsque tu joues en dix, tu es plus dans le match que quand tu joues en quinze, où c’est plus du jeu sans ballon. En treize, tu vois plus le ballon, défensivement aussi, tu es plus dedans. Vous savez, plus je suis proche du ballon, plus j’aime ça dans le match, car j’ai plus d’occasions.

Joe Jonas évoulera au Stade français la saison prochaine.
Joe Jonas évoulera au Stade français la saison prochaine. Icon Sport - Icon Sport

En en dix, alors ?
J’ai vécu deux matchs compliqués au niveau des conditions, car il pleuvait, mais j’ai beaucoup appris. C’est dur de jouer avec un temps comme ça, mais maintenant, je peux mieux gérer si je suis amené à me retrouver dans une situation comme ça. En dix, le fait de pouvoir contrôler ce qu’on va faire m’a plu.

Aujourd’hui, vous entraînez-vous encore parfois en dix ?
Non.

La ligne de trois-quarts du BO est belle, avec plusieurs internationaux. Est-ce plaisant, d’en faire partie ?
Oui. Tu as des mecs qui ont de l’expérience, ce sont des joueurs qui ont confiance en leur capacité, qui vont jouer quelque chose s’ils le voient. Ils sont toujours ouverts à jouer le ballon. Quand Jonathan Joseph ou Tyler Morgan font pratiquement toujours les bons choix, c’est plus facile, pour toi, derrière. Tout ça m’aide beaucoup.

Plus jeune, admiriez-vous un garçon comme Jonathan Joseph ?
Jonathan est un joueur très connu, mais je ne me projetais pas beaucoup dans ce poste de centre, plus jeune, donc je ne l’ai pas trop admiré. En fait, je l’ai plus admiré lorsqu’il est arrivé ici. Quand tu vois ce qu’il fait à l'entraînement, comment il voit les choses sur le terrain, tu sens qu’il a joué à un très haut niveau. Lorsque tu passes beaucoup de temps avec ce genre de joueur, ça fait plaisir, car tu apprends tout le temps. Là, Jonathan s’est blessé, c’est dommage, mais lorsqu’il joue, derrière, tu sais que tu vas avoir des ballons. Il faut toujours être présent pour finir le coup.

J’espère pouvoir me rapprocher de l’équipe de France

Vous quitterez Biarritz cet été, pour rejoindre le Stade français Paris. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Biarritz a été ma maison pendant quatre ans. Il y a un moment où tu penses avoir fait ton temps. C’est une chance, une opportunité d’aller encore plus haut dans le rugby et de voir autre chose, une nouvelle expérience.

Vous aviez l’embarras du choix, puisque plusieurs clubs vous suivaient. Pourquoi avoir décidé de partir dans la capitale ?
J’ai fait mon choix tôt. On a beaucoup parlé de ma polyvalence. Si tu veux être un grand joueur, il faut se dire que tu vas dans un grand club où tu peux être titulaire, aligné et concentré sur un poste. Je voulais avoir l’opportunité de jouer à l’arrière.

Les autres clubs vous voulaient-ils plus pour votre polyvalence ?
Oui, voilà.

En optant pour le Stade français, vous rejoignez un club plus exposé, dans l’élite. Rêvez-vous toujours de devenir international français ?
Oui. C’est aussi pour ça qu’il faut se fixer à un poste, ça aide beaucoup. Si je joue, que je suis titulaire et que je commence à faire de bons matchs, j’espère pouvoir me rapprocher de l’équipe de France. C’est aussi un de mes objectifs.

Que garderez-vous de vos quatre ans ici ?
Ce groupe “centre de formation”, quand j’ai commencé et avec qui j’ai joué chez les professionnels. Je pense, là, à des mecs comme Baptiste Fariscot, Temo Matiu. Ça va être dur de partir après tout ce temps passé ensemble sur et en dehors du stade. C’est ce qui va vraiment me manquer. Même si je ne suis pas de Biarritz, je me sens comme quelqu’un qui a grandi ici, alors que ça ne fait que quatre ans que je suis là. Je connais pas mal de gens en dehors du club et ça fait plaisir de jouer pour le BO, se battre pour eux. [...] Je ne m’étais jamais dit que je pourrais jouer à ce niveau-là, en Top 14, aussi tôt. Grâce à Biarritz, ça a pu se faire.

On vous imagine d’autant plus motivé de partir en laissant le club en Pro D2…
Oui, c’est pour ça. Je ne veux pas partir en laissant Biarritz en Nationale. Ça ne serait pas cool. Le BO m’a donné sa chance, je veux partir en leur donnant ce minimum…

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Les commentaires (2)
btz6422 Il y a 2 mois Le 15/02/2024 à 18:55

Commence par lâcher le ballon avec tes cadrages débordement qui sont les mêmes 10 fois par matchs et surtout trouver les touches quand tu tapes aux pieds car à Paris on va pas te laisser faire et rien dire... se prends pour Teddy Thomas a la même époque et qui finira comme lui, c'est à dire passer à côté d'une vraie carrière à force d'avoir le boulard

gizon64 Il y a 2 mois Le 16/02/2024 à 15:07

tu plaisantes cest ca?