Top 14 - À l’Aviron bayonnais, la fabrique à champions fonctionne toujours aussi bien

  • Tom Spring et Kléo Labarbe symbolisent la formation de Bayonne.
    Tom Spring et Kléo Labarbe symbolisent la formation de Bayonne. Icon Sport - Icon Sport
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Les années passent, les managers avec et les jeunes, capables d’évoluer en équipe première, continuent d’émerger du côté de Bayonne. Dernier exemple en date ? Dix joueurs passés par le centre de formation de l’Aviron étaient sur la pelouse de Jean Dauger dimanche soir, lors de la victoire face à Exeter.
 

Ils s’appellent Kléo Labarbe ou Manex Ariceta, ont 19 ans et pointent le bout de leur nez en ce début d’année 2024. Ils incarnent le visage de l’Aviron bayonnais de demain, même si rien ne dit que tous feront carrière dans le rugby professionnel, car la route vers le haut niveau est encore longue et semée d'embûches.
Ils ont profité de l’aventure du club ciel et blanc en Champions Cup pour grappiller leurs premières minutes avec les grands et ont participé à la belle victoire de Bayonne face à Exeter (40-17), dans un match où sur les 23 joueurs alignés par Grégory Patat dans sa composition, 10 étaient passés par le centre de formation de Bayonne.
Depuis qu’il est arrivé sur les bords de Nive (juin 2022), jamais le technicien n’avait utilisé autant de garçons du cru. “On ne repart pas en arrière lorsqu’on intègre de nouveaux joueurs. Il y a un vrai projet de club avec notre équipe espoirs et le centre de formation. Ça fait gagner en temps et en performance”, a souligné le manager au coup de sifflet final.

Augmentation des effectifs à l’école de rugby

La réussite de la formation bayonnaise n’est pas une nouveauté en soi. L’Aviron a toujours sorti des jeunes de son vivier. Beaucoup sont partis ailleurs (Ollivon, Spring, Etrillard, Luc, Tisseron…). D’autres sont revenus ou vont le faire (Tiberghien, Chouzenoux), et le tout met en avant un travail bien rodé, en amont, que Jean-Baptiste Lartigot, directeur du centre de formation de Bayonne depuis maintenant sept ans, chapeaute au quotidien. Ce dernier a pris la succession de Thomas Darracq, qui occupa le poste entre 2014 et 2017.
Thomas avait déjà augmenté la charge de travail au niveau du centre de formation. Il avait permis de franchir un palier. Lorsque j’ai pris sa suite, je me suis attelé à deux choses. La première était d’augmenter les effectifs au niveau de l’école de rugby. Pour cela, j’ai salarié une personne (Thibaut Doussy, qui s’occupe de son développement, NDLR). Nous avions 180 gamins et nous voulions franchir la barre des 250 en trois ans. Au bout d’un an, il y en avait plus de 200, et désormais nous en avons 300”, explique Lartigot. Le but ? “En ayant cette masse, ça nous permet d’avoir un plus grand panel de joueurs à compétences, et ainsi, faire un recrutement plus ciblé”, poursuit-il.
L’autre mission, lorsqu’il a pris la direction du “CDF” ciel et blanc, fut de “retisser des liens avec les clubs aux alentours”. Chaque année, Lartigot veut proposer la meilleure option pour les joueurs à fort potentiel, qui évoluent sous d’autres couleurs que celles de Bayonne. “On souhaite s’appuyer les uns sur les autres. Les entraîneurs des clubs nous valident, ou pas, le niveau des joueurs, qu’ils connaissent bien mieux que nous. On propose, parfois, des doubles licences. C’est une démarche constructive.”

Centre de formation “or” ou “argent”

Dans la lignée de ce que Thomas Darracq avait mis en place, Lartigot a aussi souhaité augmenter la charge de travail chez les équipes jeunes. Les Cadets, qui s'entraînaient deux fois par semaine avec une séance de musculation facultative, ont désormais trois ou quatre séances hebdomadaires. La musculation est obligatoire. Des entraînements collectifs ont aussi lieu avec l’académie Pôles espoirs. “Lorsque j’ai démarré, je m’occupais des Crabos. Avec François Carrillo, lors d’un match à Clermont, alors que nous avions une équipe sympathique, nous étions tombés sur des gamins plus costauds en face, se souvient-il. On s’était alors dit qu’il y avait pas mal de boulot. À Bayonne, nous avons des joueurs talentueux, mais pour tenir une saison, au niveau de la dimension athlétique, il faut qu’ils aient une capacité d’encaissement.”
Au niveau de l'effectif des espoirs, les joueurs sont répartis dans trois catégories. Il y a, dans un premier temps, ceux qui évoluent quotidiennement avec les professionnels (Spring, Tatafu, Perchaud, Orabé…) “Nous avons des échanges réguliers avec eux, mais ils sont sur le planning des pros”, détaille Lartigot.
Viennent ensuite les joueurs qui font partie du centre de formation “or”, comme Martin Villar, Xan Mousques, Kléo Labarbe, Yannis Brillant ou Lasha Tsikhistavi. “Ils sont sur le planning des pros, mais basculent le jeudi avec l’équipe espoirs, poursuit Lartigot. En parallèle, on continue leur suivi, on travaille sur du spécifique et on s'attelle pour qu’ils restent avec la première.”
Pour terminer, d’autres joueurs (souvent les plus jeunes) font partie du centre de formation “argent”. Gabriel Lapègue, Nathan Van de Ven, Pierre Castillon, Max Bru, Badri Tsikhistavi ou Noa Traversier sont, par exemple, de ceux-là. “Ils s’entraînent avec les espoirs et, ponctuellement, partent avec les professionnels. Le but, c’est de les faire basculer avec eux, mais c’est un système de méritocratie. Il faut qu’ils aient cet objectif, il y a une partie d’autodétermination”, explique Lartigot.

Le Campus, quel impact ?

Au quotidien, il n’est donc pas rare de voir, du côté de Jean Dauger, de nouvelles têtes se mêler à l’entraînement avec Camille Lopez, Reece Hodge ou Arthur Iturria. Les “grands” et “petits” se croisent souvent, au sein du Campus. Là-bas, le secteur professionnel a une grosse aile du bâtiment qui lui est dédié.
Les espoirs et le centre de formation ont une partie et des vestiaires qui leur sont réservés, alors que le reste de l’association œuvre en contrebas de Jean Dauger, à la Floride, où sont souvent traités les dossiers administratifs. “Le bâtiment, en lui-même, crée une dynamique, pense Jean-Baptiste Lartigot, qui n’hésite pas à citer Victor Hugo. La forme c'est le fond qui remonte à la surface. Ok le bâtiment est bien, ok il est beau, mais ce qui est important, c’est tout ce qui va être mis en œuvre pour faire fonctionner cet outil et qu’il apporte des choses aux joueurs.”
Parmi les outils qui apportent un plus à ses jeunes, Lartigot évoque “la mutualisation de la salle de musculation ou celle des GPS”. Il insiste, aussi, sur l’importance “des échanges avec le staff professionnel” ou sur “la présence de la halle couverte” lorsque la météo est capricieuse. “En fait, le bâtiment envoie un signal à la majorité de la population, mais ce qui fait percuter les joueurs, ce sont les moyens qui sont mis à disposition, pour eux, dedans”, conclut le patron de la formation ciel et blanche.

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Les commentaires (5)
envoituresimone Il y a 3 mois Le 25/01/2024 à 08:23

L'Aviron Bayonnais est réputé pour ses gens bons au rugby!

alain096475 Il y a 3 mois Le 25/01/2024 à 04:16

Très bel article de Pablo Ordas, ça nous change des torchons de Zègre sur S-O. Et une pensée pour Manu le grand voyageur.

Frenchflairforever Il y a 3 mois Le 24/01/2024 à 17:55

Club exemplaire qui forme des jeunes qui font les beaux jours des clubs plus fortunés. Certains font les beaux jours de l'EDF. Cet article est bien mérité.