Challenge Cup - Clément Doumenc (Montpellier) : "Avec le nouveau staff, les compteurs ont été remis à zéro"

  • Clément Doumenc, ici contre l'Union Bordeaux-Bègles.
    Clément Doumenc, ici contre l'Union Bordeaux-Bègles. Icon Sport
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Sous-utilisé sous la gouvernance du duo Cockerill-Elissalde, le troisième ligne montpelliérain Clément Doumenc a, avec l’arrivée du nouveau staff, retrouvé un nouvel élan, à l’image de son club. Il raconte sa frustration, son renouveau, et le défi qui l’attend ce soir face aux Lions de Johannesburg.

En manque de temps de jeu depuis le début de la saison, on vous a vu réapparaître durant la Challenge Cup. On imagine que vous devez aimer cette compétition ?

Ah oui je l’aime ! (rires) C’est aussi un jeu différent, plus rapide, face à des équipes que l’on ne croise pas souvent… C’est très intéressant. Et comme vous le dites, c’est aussi une compétition qui permet de montrer qu’on a les dents longues, qu’on a faim et qu’on a envie de jouer.

Justement, les vôtres étaient particulièrement longues car l’ancien staff mené par Richard Cockerill ne semblait pas vous accorder beaucoup de confiance…

Il avait une hiérarchie bien établie, et tu ne jouais que quand il n’avait plus d’autre choix. C’était super frustrant. Quoi que tu fasses, cela ne changeait rien. Et pareil pour ton coéquipier qui était sur le terrain. Jean-Baptiste Elissalde et Richard Cockerill ne me faisaient pas trop confiance non… Mais c’est le jeu.

Ça fait quoi de ne plus jouer ?

À chaque début de semaine, tu espères. Tu t’accroches, tu joues ta vie aux entraînements, tu donnes tout pour te rassurer dans ton jeu et pour espérer que ça tourne. Mais non. Alors tu attends toujours la prochaine opportunité, et tu gardes de bonnes attitudes pour montrer aux coachs que tu ne lâches pas. Mais tu passes par des moments où tu te poses beaucoup de questions. Mentalement, il faut être préparé.

Vous étiez plusieurs joueurs dans ce cas-là…

Tout à fait. Et ce n’était pas justifié pour tout le monde. Si encore l’équipe tournait super fort sur le terrain… Mais là, tu perds tous les week-ends et rien ne change jamais alors que dans ses discours, il disait qu’il allait faire jouer ceux qui ont vraiment envie de jouer. Et le lundi, rebelote. Tu te reprends un coup dans la tête. Et là, tu te demandes quand ton tour va venir…

Vous aviez néanmoins eu une occasion, vous aviez été titulaire à Bordeaux mais vous n’aviez pas pu vous mettre en valeur. Aviez-vous voulu trop en faire ?

C’est le risque, oui. Dans ces cas-là, tu veux tout faire, tu veux trop montrer parce que tu te dis que c’est la seule et unique chance dont tu disposeras. Et comme tu manques de rythme parce que tu ne joues pas… Ce n’est pas évident. C’est vrai que j’ai pris un carton jaune et ça m’a bien fait ch… d’ailleurs. Mais au moins, j’étais heureux de pouvoir rejouer, de plaquer, de gratter des ballons. Et contre une équipe comme l’UBB, cela m’avait fait du bien mentalement.

Quand le nouveau staff est arrivé, vous aviez conscience que c’était une autre opportunité qu’il ne fallait pas manquer ?

Bien sûr. Surtout avec l’arrivée de Christian Labit dans le staff, je retrouvais de l’espoir. Je ne voulais qu’une chose : que ce soit plus juste. Les autres ont tout à fait le droit d’être meilleurs, mais je voulais que ce soit plus juste. Et c’est ce qui s’est passé.

Quelle relation entretenez-vous avec Christian Labit ?

(Il rit) Les mecs vont encore me mettre des pièces à dire que Christian, c’est mon père ! Mais je l’ai eu six ans à "Carca". Depuis mes 19 ans, je n’ai eu que lui comme entraîneur. Je l’ai toujours apprécié, et il m’a fait confiance pour le capitanat. On a des rapports simples, humains. C’est quelqu’un de fiable, en qui on peut avoir confiance. S’il te donne sa confiance, c’est facile de lui rendre. Il sait aussi me piquer avec les bons mots, je vous rassure…

Avez-vous donc abordé votre titularisation à Newcastle d’une autre façon ?

Cela a été surtout inconscient je crois. Avec l’arrivée du nouveau staff, tous les compteurs ont été remis à zéro. On repartait d’une feuille blanche, et chacun avait sa chance. Peut-être que la présence de Christian m’a donné de la confiance aussi, inconsciemment. Il nous tardait aussi de jouer parce qu’on n’avait pas gagné depuis La Rochelle (1ère journée, NDLR.). On voulait retrouver une dynamique positive.

La semaine suivante, vous avez été élu homme du match lors de la large victoire contre les Ospreys. Cela vous a fait du bien ?

Cela a surtout fait du bien à l’équipe. Le titre d’homme du match était anecdotique, même si c’est gratifiant. On a surtout pris du plaisir sur le terrain, on s’est rassuré sur certains secteurs avant de recevoir Castres, on avait relancé l’émulation au sein du groupe car les mecs qui n’avaient pas joué avaient vu qu’on s’était régalé… Bref, c’était bénéfique pour le monde. Et c’est là où le nouveau staff a été très bon : dès son arrivée, il a utilisé tout le groupe, et non 23 ou 26 joueurs.

Vous comptez sept ballons récupérés au sol en Challenge Cup, le plus haut score de la compétition après deux week-ends. Est-ce votre domaine de prédilection ?

Cela colle à mon profil de plaqueur gratteur, oui. Cela vient aussi de ma corpulence, et du fait que j’ai appris à y prendre goût. Les choses viennent plus naturellement. Et puis c’est ce qu’on attend de moi, c’est mon boulot : je dois récupérer des ballons dans les rucks. Si je faisais deux mètres, mon boulot serait certainement différent. Mais je ne mesure qu’un mètre quatre-vingt-quatre donc…

Vous parliez d’affronter des équipes exotiques, vous allez affronter les Lions de Johannesburg samedi soir au GGL Stadium…

C’est génial, ça va être un gros match face à une équipe qui ressemble à leur sélection : une équipe très physique, puissante et avec un gros paquet d’avants. Le vainqueur décrochera sa qualification, donc l’enjeu est énorme. À domicile, on doit faire le boulot. C’est la première fois que Montpellier va affronter une équipe sud-africaine. Ils ont gagné la semaine dernière chez les Sharks, qui comptent plusieurs champions du monde dans leurs rangs. C’est dire leur qualité… Ce sera un gros test, mais on doit entretenir la dynamique de notre victoire contre Toulon.

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