XV de France - "J’ai d’autres ambitions que de venir et simplement faire partie du groupe" affirme Paul Boudehent (La Rochelle)
Invité surprise de la dernière Coupe du monde, Paul Boudehent attend la liste du groupe France pour le Tournoi des 6 Nations avec impatience et détermination. Sur la lancée d'une année 2023 pleine de bonnes surprises sur le plan personnel, le troisième ligne rochelais entend franchir un cap dans les mois à venir.
2023 est derrière vous désormais. On imagine que cette année occupera une place à part dans votre carrière…
Je me sens privilégié d’avoir pu vivre tant de choses. Ça s’est très bien goupillé. J’ai eu l'opportunité de vivre des moments incroyables, que ce soit en Top 14, en Champions Cup ou en sélection. Ça a été une très bonne année (sourire).
Quel enseignement majeur retiendrez-vous de la Coupe du monde ?
Que la vie d’un groupe, c’est très important. Il y avait une super osmose entre nous. J'ai été marqué par la force collective qui se dégageait de notre vie commune et par la cohésion qui nous unissait. Je n’avais pas d’expérience des matchs internationaux avant l’été mais j’ai été très bien accompagné et je me suis senti bien d’entrée. Hormis le résultat final, je n’en retire que du positif. À l’arrivée, ça ne s’est pas concrétisé sur le terrain pour un petit point. Mais c’est la loi du sport et ce qui fait que c’est beau aussi.
La déception finale a-t-elle mis du temps à être évacuée ?
Vous savez, le rugby n’est pas une finalité pour moi. Il y a tellement de sportifs dans le monde. Je me dis souvent : "Aujourd’hui, on est connu mais dans 10-15 ans, qui se souviendra de nous, hormis ceux qui regardent tous les matchs ?" Si ça se passe bien, c’est génial. Mais ça ne reste que du sport. Perdre une Coupe du monde à domicile, encore plus de la manière dont ça s’est passé pour nous, c’est très décevant et il y a plein d’émotions qui ressortent. Mais j’essaye de prendre du recul par rapport à ça.
Sur la lancée de cette première expérience positive, vous devez avoir d’autant plus de détermination à l'idée de retrouver la sélection ?
Disons que l’appétit vient en mangeant. Il y a le 6 Nations qui arrive. J’espère être appelé et le jouer. Je n’ai encore jamais disputé de match dans le Tournoi. La liste tombe la semaine prochaine.
Trois mois après l'élimination du XV de France en quart de finale de la Coupe du monde, Shaun Edwards a visiblement du mal à passer à autre chose.
— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) January 10, 2024
L'entraîneur de la défense des Bleus se sent toujours "lésé"...
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En sachant que le groupe ne sera plus de 42 mais de 34...
Ça va rendre la sélection encore plus ardue. Quand j’avais été appelé il y a deux ans et l’année dernière, on était huit ou neuf troisième ligne. Il risque de ne pas y en avoir autant, forcément. Si ça avait été une liste de 34 il y a deux ans, je n’aurais pas donné cher de mes chances d’intégrer le groupe. Ça n’avait pas été simple sur le moment, avec les allers-retours, mais ça m’avait bien aidé.
Allez-vous attendre cette liste avec plus d’appréhension que les précédentes ? Avant, vous aviez tout à gagner...
Oui. D’autant plus que j’ai d’autres ambitions. Au-delà de venir et de faire partie du groupe, je veux vraiment jouer et apporter ma pierre à l’édifice. Déjà, faire un match, même en débutant sur le banc, ce serait bien. Après, le but sera de commencer une rencontre. Puis de faire 80 minutes... Ce sont des étapes à passer. J’ai envie de vivre le Tournoi pleinement, de l’intérieur, en amenant quelque chose. Si tu regardes sur le long terme, tu te dis : "J’ai fait une Coupe du monde, je peux en faire une deuxième..." 2027 en Australie ? Je veux me donner les moyens de postuler. Là, j’ai eu un rôle de carte surprise. La prochaine fois, je veux pleinement faire partie du groupe.
On imagine que vous vous êtes fixés des objectifs de progression en conséquence…
Faire un gros match, tous les joueurs de Top 14 y sont déjà parvenus. Mais le plus dur est de les enchaîner. Quand j’y arriverai, ce sera déjà pas mal. Je suis exigeant envers moi-même et je sais qu’il y a plein de choses que je peux améliorer.
Concrètement, par quoi passera ce franchissement de cap ? On pense notamment à votre capacité à porter le ballon, que vous n’exploitez peut-être pas pleinement…
Porter plus le ballon ? Oui... Il y a tant de trucs à améliorer. Quand je revois mes matchs, je vois 300 trucs à faire mieux ou différemment. Je trouve toujours que je fais de mauvais matchs quand je me regarde (sourire). Il y a plein de leviers à activer pour progresser si l’on s’en donne les moyens.
Avant de parler du XV de France, il vous faut déjà constamment prouver votre valeur en club. Votre troisième ligne est peut-être plus dense que jamais…
Oui. Il y a Greg (Alldritt), Leps (Botia), Yo (Tanga), Judi (Cancoriet), Ultan (Dillane) qui peut dépanner. Il y a aussi les jeunes comme Noé Della-Schiava qui percent. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est la marque de fabrique du club mais j’ai toujours eu l'impression qu’il y avait une grosse troisième ligne : à l’époque, quand il y avait Wiaan Liebenberg, Kévin Gourdon, Victor Vito, c’était dur de faire son trou. J’étais neuvième troisième ligne, je me disais que ça allait être compliqué. En même temps, il faut ça pour être performant sur toute une saison. Jouer troisième ligne, ça demande tellement d’engagement. On ne finit jamais dans le même état que les trois-quarts. On ne fait pas le même sport. Je vois la différence quand je dépanne au centre ou à l’aile (sourire).
Pour résumer tout ça, si 2023 avait été l’année des bonnes surprises, 2024 doit être celle de la confirmation...
Disons de la continuité. Avec une petite amélioration, ce serait bien. Il me faut déjà confirmer en club. Et après, trouver pleinement ma place en équipe de France, ce serait top.
Pour votre club aussi, double tenant du titre en Champions Cup, il s’agit de confirmer, de rester tout en haut. Ce sont désormais vos standards et ceux de vos supporters, aussi…
Nous avons des supporters très exigeants. Et ils ont raison de l’être. Nous voulons remonter la pente. La victoire à Pau nous a déjà fait énormément de bien. Le compteur à l’extérieur est débloqué. Ce n’était pas trop tôt. Nous sommes huitièmes mais à trois points seulement de la troisième place. On recolle gentiment mais il faut assurer dorénavant. Pour la Champions Cup, ce serait bien de gagner les deux rencontres à venir. Ça aurait été encore mieux si l’on avait gagné les deux premières... Mais l’équipe a déjà relevé des challenges plus durs que ce qui l'attend.
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