Top 14 - Ugo Mola : "Tous les voyants de la data disaient qu'il fallait sortir Romain Ntamack en finale du Top 14"

Par Jérôme Prévôt et Paul Arnould
  • Ugo Mola s'interroge sur les datas, et l'importance que les coachs doivent leur donner.
    Ugo Mola s'interroge sur les datas, et l'importance que les coachs doivent leur donner. - Icon Sport
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Lors d'une conférence sur le thème des progrès technologiques au service du sport, le manager du Stade toulousain Ugo Mola a confié que la data lui indiquait de sortir Romain Ntamack en finale du Top 14. Inutile de rappeler l'action décisive du demi d'ouverture à quelques secondes de la fin du match...

L'heure n'est pas au procès, plutôt à la constatation. Les datas font désormais partie intégrante du rugby mondial, et il faudrait être sacrément archaïque pour revenir sur ce progrès technologique qui a perfectionné un sport déjà très cérébral. Aucun doute là-dessus. Des spécialistes de la data, on en trouve désormais dans tous les clubs, et les staffs des nations majeures du rugby mondial s'en passionnent. GPS, capteurs d’indice de masse graisseuse, tous ces outils arrivés dans le rugby au cœur des années 2000, ont mis plus de temps à être utilisé en France.

En 2018, l'ancien sélectionneur (2012-2015) Philippe Saint-André confirmait : "On a été un peu les derniers à s’adapter aux nouvelles technologies. Pourquoi ? Parce que cela représente des coûts supplémentaires. Pour un effectif de 32 joueurs, il faut acheter 32 GPS. Si on veut bien utiliser ces GPS, il faut un employé à temps plein pour récupérer les données et les exploiter. Tout cela représente de l’argent et ce n’était pas la priorité des présidents de club il y a une dizaine d’années. Les Anglo-Saxons et les Neo-Zélandais ont pris donc pris un coup d’avance sur nous. C’est maintenant rentré dans les mœurs".

Arrivé à la tête du XV de France en 2019, Fabien Galthié a depuis beaucoup utilisé les données pour construire sa sélection et faire progresser les Bleus. Dans une interview accordée au Midi Olympique il y a quelques semaines, le navigateur Thomas Coville, ami de l'ancien demi de mêlée témoignait : "Il avait commencé à vraiment former son staff sur la préparation physique et en particulier la data, ce qui m’avait beaucoup impressionné. En tant que navigateur, j’utilise énormément la data et sur cela, j’avais énormément de sujets de conversation avec lui."

Mola : "Tous les voyants disent qu’il faut le sortir" (Ntamack)

Lors de sa conférence de rentrée, Fabien Galthié a de nouveau choisi les chiffres pour tenter d'expliquer l'élimination précoce du XV de France en quart de finale du Mondial. Cette justification par l'arithmétique apparaît logique, concrète, mais en a agacé plus d'un, à commencer par l'ancien international Richard Dourthe, sur le plateau du CRC (Canal Rugby Club) : "Tous les gens l'adorent c'est parfait mais ils éludent tous les points qui nous intéressent vraiment à savoir : pourquoi on a perdu ? Pourquoi il y a eu autant de blessés ? Il enfume tout le monde avec sa data et je ne crois que c’est cela, respecter les gens qui aiment le rugby."

Faut-il alors se méfier de ces fameuses datas ? À l'occasion d'une conférence organisée à Agen et plus précisément dans le cadre des Rencontres Michel-Serres, le manager du Stade toulousain Ugo Mola, et l'ancien entraîneur d'Agen ou de l'Usap Christian Lanta, ont échangé sur les thèmes de la data et de l'intelligence artificielle dans le sport. Mola, qui a remporté quatre titres avec Toulouse depuis qu'il est en charge du sportif, a réaffirmé l'intérêt des nouvelles technologies, en précisant tout de même qu'elles étaient des outils et non des contraintes : "On a des datas physiques, médicales et des indicateurs de performance, affirme le manager dans des propos rapportés par Sud Ouest. Mais ce ne sont que des aides à la décision. Il ne pas oublier le contexte dans lequel on les prend."

Romain Ntamack, auteur de l'essai décisif en finale du Top 14 le 17 juin dernier face à La Rochelle.
Romain Ntamack, auteur de l'essai décisif en finale du Top 14 le 17 juin dernier face à La Rochelle.

Le risque des datas n’est-il pas qu’un coach s’en serve pour se dédouaner quand il est dans l’échec ?

En finale du Top 14, notamment, où le manager a confié que tous les indicateurs lui conseillaient de coacher Romain Ntamack, finalement grand héros du 17 juin après une chevauchée extraordinaire dans la défense rochelaise : "En finale de Top 14 contre La Rochelle, Ntamack enchaîne les contre-perf depuis dix minutes, il joue son 31e match de la saison, tous les voyants disent qu’il faut le sortir. Mais quand il marque l’essai de la victoire à la 78e minute, il touche sa vitesse max absolue de la saison !" Comme quoi, les chiffres n'expliquent pas tout... Et à Christian Lanta de conclure, en guise d'avertissement : "Ces outils doivent rester à la place de l’outil. Le risque des datas n’est-il pas qu’un coach s’en serve pour se dédouaner quand il est dans l’échec ?"

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Les commentaires (25)
unepunk Il y a 5 mois Le 15/11/2023 à 15:58

Je vais citer des datas qui sont imparables :
depuis 2007 et le titre de Top14 que Galthié a gagné avec le SF, il n'a gagné que 2 matches à élimination directe sur les 13 qu'il a dirigés (ou codirigé) : 1 barrage et 1 demi en 2011 avec Montpellier, il perd en finale contre le ST.
Soit 15,4% de victoires (à rapprocher de ses 80% qu'il passe son temps à nous rabâcher les oreilles depuis 2 semaines).
Sur les 5 derniers matches à élimination directe qu'il a dirigés (ou codirigé) et perdus, 1 demi 2014 avec Montpellier, 1 quart coupe d'Europe et 1 barrage en 2018 avec le RCT, 1 quart CdM 2019 et 1 quart CdM 2023 avec l'EdF, c'est :
- 3 défaites de 1 point
- un match nul au nombre d'essais marqués
- 1 défaite de 3 points en prolongations (à 5 minutes de la fin, son équipe obtient une pénalité à 30m, il demande à jouer une pénaltouche alors que si son buteur passe la pénalité, il y a match nul et Montpellier est qualifié au nombre d'essais).

Ces 5 matches se caractérisent par un écart de point minimum, des faits de jeu rocambolesques et des décisions pathétiques. J'invite les lecteurs à se renseigner sur le comment des défaites du RCT au Munster et contre le LOU en barrage en 2018, ça vaut son pesant de cacahouètes.

Bref, ce sont des datas de loser (contrairement à celles de Mola et de Erasmus) et lorsque c'est autant récurrent, ce n'est plus le fait du hasard ou de la malchance.

Et si la FFR avait un président digne de ce nom (et pas un pantin qui n'est président que parce que copain du pouvoir), il aurait étudié de près ce triste palmarès et en aurait tiré les conséquences qui s'imposent dans l'objectif d'un titre en 2027. Je précise : pas sûr que Laporte qui a placé Galthié au poste l'aurait dégagé vu l'échec, mais Laporte est un gagneur qui a fait ses preuves, lui.

PatFer Il y a 5 mois Le 14/11/2023 à 20:37


Les datas sont nécessaires mais il faut savoir en tenir compte dans un contexte donné. Hors sur le terrain le contexte est mouvant. Et surtout les datas ne préparent pas les joueurs à la "guerre"

QuatreVingtNeuf Il y a 5 mois Le 14/11/2023 à 19:08

Je ne suis pas certain que FG ait fait confiance à 100% aux data.