Champions Cup - Thomas Ramos et Rodrigue Neti fautifs, Paul Graou en enfer : le baromètre de Leinster-Toulouse

Par Nicolas Zanardi
  • Paul Graou a vécu un enfer sur la pelouse de l'Aviva Stadium.
    Paul Graou a vécu un enfer sur la pelouse de l'Aviva Stadium. Sportsfile / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Alors que le pack irlandais a dicté sa loi dans le sillage d’une troisième ligne royale parfaitement guidée par Gibson-Park, les Toulousains ont sombré, dans une longue chute précipitée par les cartons jaunes de Ramos et Neti.

Les tops 

Jack Conan

Auteur de deux essais en début de rencontre, Jack Conan a incarné à la perfection la main-mise et la supériorité des Irlandais dans tous les secteurs, qu’il s’agisse du défi physique (essai en force à la 16e) ou du jeu de mouvement, avec une jolie cavalcade en bout de ligne ornée d’une feinte de passe sur Antoine Dupont. Parfaitement secondé par Josh Van der Flier et Caelan Doris, il fut le maillon fort d’une troisième ligne royale (17 plaquages, record du match), qui a littéralement surclassé son homologue toulousaine qui a plus que jamais pu mesurer à quel point l’absence d’Anthony Jelonch s’avère préjudiciable dans ce genre de match. 

Dan Sheehan

Il avait manqué le rendez-vous face à la France lors du dernier Tournoi, et les Bleus n’avaient pu que s’en féliciter. Malheureusement, les Toulousains n’ont pas eu la même chance ce week-end, et l’ont senti passer. D’une précision d’horloger sur ses lancers en touche qui permirent au Leinster d’asseoir leur domination dans les ballons portés, il fut surtout présent aux quatre coins du terrain (10 plaquages), avec l’abattage d’un quatrième troisième ligne (66 mètres parcourus).

Dan Sheehan a inscrit le troisième essai des siens.
Dan Sheehan a inscrit le troisième essai des siens. Sportsfile / Icon Sport

Il a en outre eu l’occasion de faire étalage de sa surprenante pointe de vitesse, en transformant en essai un ballon perdu entre Willis et Graou sur leurs 30 mètres, résistant à la course aux retours d’Antoine Dupont et Thomas Ramos. Rien que ça… De quoi évidemment inciter le public irlandais à lui réserver une ovation méritée lors de sa sortie à la 70e.

Jamison Gibson-Park

les observateurs salivaient à l’idée de voir les deux meilleurs demis de mêlée du monde s’affronter, comme une revanche de leur duel épique lors du dernier tournoi. Las, celui-ci a tourné court, puisque la blessure de Pierre-Louis Barassi a obligé Antoine Dupont à occuper le poste d’ouvreur au bout d’un quart d’heure.

Et même si Dupont s’est démultiplié, il n’a pas vraiment pu empêcher Jamison Gibson-Park de briller derrière un pack dominateur. Intelligent dans sa gestion et son jeu au pied, le Néo-Zélandais de naissance s’est surtout distingué par son coup d’oeil et ses bons choix, qui l’ont vu à plusieurs reprises dénicher des coups gagnants dans les côtés fermés. De quoi mériter le titre d’homme du match qui lui fut décerné par les organisateurs.

Pita Ahki

Ils n’ont pas été légion, les Toulousains à évoluer à leur meilleur niveau ce samedi. On recensé parmi eux l’inévitable Antoine Dupont, principal danger de son équipe malgré son replacement précoce à l’ouverture Antoine Dupont, ou encore Emmanuel Meafou et Jack Willis qui ont surnagé devant. Toutefois, quitte à citer un joueur stadiste, on mentionnera pour la forme le trois-quarts centre Pita Ahki, qui fut au-delà de son essai en début de match l’un des rares Toulousains à avancer en permanence, que ce soit en défense ou en attaque. Un pion évidemment central dans le dispositif stadiste, dont on peut seulement regretter que l’indiscipline des siens n’ait pas permis de l’utiliser encore à meilleur escient.

Pita Ahki a inscrit le premier essai de la rencontre pour Toulouse.
Pita Ahki a inscrit le premier essai de la rencontre pour Toulouse. Sportsfile / Icon Sport

Les flops

Thomas Ramos

Sur cette pelouse de l’Aviva qui lui avait peu réussi pendant le Tournoi, Thomas Ramos avait pourtant entamé la rencontre de manière idéale, d’abord sauvant une touche puis un trouvant un exceptionnel 50:22, prélude à l’essai de Pita Ahki. Sauf que de la totale confiance à la sur-confiance, il n’y a parfois qu’un pas que l’arrière toulousain a probablement franchi.

D’abord en commettant une erreur d’appréciation sur un ballon pourtant anodin, qui concéda au Leinster une bonne munition dans le camp stadiste. Puis en se rendant coupable, dans la continuité, d’un en-avant volontaire sur une tentative d’interception qui ne s’imposait probablement pas… Un fait de jeu lourd de conséquences puisqu’en son son absence, les Stadistes concédèrent la bagatelle de 3 essais qui creusèrent au score un écart qu’ils ne parvinrent jamais à rattraper. La faute à une deuxième mi-temps probablement trop neutre, là encore à l’image d’un Ramos sans doute échaudé par sa première période.

Richie Arnold

Il était, depuis le début de la saison, un des maillons forts du pack toulousain, indéboulonnable au point d’inciter le staff à décaler Thibaut Flament sur le flanc de la troisième ligne. Las, face au Leinster, Rory Arnold ne s’est pas montré à la hauteur de ses précédentes performances. Loin d’être à son avantage dans son domaine de prédilection du combat, il s’est surtout signalé par deux pertes de balle dans les 22 mètres adverses sur des temps forts toulousains (3e, 30e) forcément préjudiciables. Signe de son manque d’influence, il a d’ailleurs été remplacé dès la 50e par Alexandre Roumat.

Richie Arnold a souffert face aux Leinstermen.
Richie Arnold a souffert face aux Leinstermen. Sportsfile / Icon Sport

Rodrigue Neti

Entré en jeu assez tôt à la place de Cyril Baille, il avait pour mission d’apporter sa fougue à une équipe qui, revenue à 10 longueurs au score (27-17), pouvait encore espérer. Las, celui-ci s’est tout bonnement laissé piéger par l’expérience de Josh Van der Flier, commettant l’irréparable en assenant un – certes très léger – coup de tête au flanker irlandais, sanctionné comme de juste d’un carton jaune. Lequel fut sanctionné, comme le premier, par deux essais irlandais…

Alors certes, les supporters les plus fervent du Stade toulousain pourront regretter qu’une grosse faute de Porter sur Mallia en première période n’ait pas été sanctionnée avec la même sévérité par M. Barnes. Mais cela n’empêche malheureusement pas que les fautes grossières commises par les Stadistes, surveillés par 45000 paires d’yeux, n’avaient pas lieu d’être...

Paul Graou

Il n’était évidemment pas faire un cadeau que de demander à Paul Graou, qui évoluait encore la saison dernière en Pro D2, d’entrer en jeu dès la 14e minute sur la mythique pelouse dublinoise, dans un contexte rendu doublement difficile par le carton jaune de Thomas Ramos et la réorganisation tactique impliquée par la sortie de Pierre-Louis Barassi. Reste que Graou comptait pour un, comme n’importe quel autre joueur, et que s’il serait évidemment injuste de faire peser sur lui la responsablité de la défaite, force est de constater qu’il fut impliqué sur deux essais du Leinster.

D’abord en se montrant naïf en défense sur un côté fermé bien négocié par Jack Conan (22e), et surtout en jetant un ballon brûlant dans la tête de Jack Willis (26e) immédiatement transformé en essai par Dan Sheehan. Et l’on passera sur ces autres petites erreurs, comme ce temps fort de la 46e gâché par un mauvais choix, ou cette pénalité bêtement concédée pour hors-jeu (53e) devant un coup de pied de Ramos, sans oublier plusieurs ballons perdus derrière des rucks. Dur apprentissage, mais telle est l’implacable loi du haut niveau...

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