Un fauteuil pour deux

Par Rugbyrama
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Le débat fait rage en Afrique du Sud : quel ouvreur pour conduire le jeu des Springboks ? Ruan Pienaar et son profil plus joueur ou Morné Steyn, véritable métronome au pied ? Lors de la victoire contre les Blacks (28-19), chacun a joué une mi-temps et les deux ont apporté leur prierre à l'édifice.

Malgré des performances plutôt moyennes contre les Lions durant la tournée des Britanniques cet été en Afrique du Sud, Ruan Pienaar avait clairement les préférences du sélectionneur. C'est la raison pour laquelle Peter de Villiers l'avait encore titularisé pour l'entrée en lice de sa formation dans les Tri-Nations 2009 ce samedi à Bleomfontein, contre la Nouvelle-Zélande. Un choix qui avait une nouvelle fois fait couler de l'encre. Et le scénario de la rencontre, avec un Pienaar remplacé à la pause par M. Steyn, ne va pas apaiser les discussions.

Piennar sorti sur blessure ou pour raisons tactiques ?

Ruan Pienaar aurait pourtant pu être le grand bonhomme de la victoire sud-africaine. Un essai et deux pénalités en première mi-temps, il avait inscrit 11 des 14 points de son équipe à la pause. Surtout, il avait su être un parfait animateur. Un rôle dans lequel il excelle et qu'on lui confie en équipe nationale. Toujours prêt à attaquer la ligne, l'ouvreur des Sharks a la faculté de faire jouer ses partenaires et de créer des brèches. Son essai en témoigne. Plein d'opportunisme, suite à un service de Jean de Villiers, il a su contourner la défense adverse pour aller marquer en coin. Et voilà le natif de Bleomfontein en passe de briller dans son jardin... "Nous sommes une équipe et il n'y a pas d'individualisme chez nous. Il n'y a personne qui dit : "je veux être l'homme du match" ou des choses comme ça", a prévenu de Villiers. Et il l'a prouvé.

Seule ombre au tableau de Pienaar, et non des moindres : avec trois pénalités (dont deux sur le poteau) et une transformation ratées, il a laissé filer 11 points au pied (soit autant qu'il en a inscrit). Un déficit trop important pour permettre aux siens de concrétiser leur énorme domination de la première mi-temps (14-3 à la pause). "Ruan connaît parfois des mauvais jours dans son rôle de buteur, mais généralement, il est quand même bien meilleur", admettait Peter de Villiers après la rencontre. Son numéro 10, malgré sa bonne prestation dans le jeu, a cédé sa place à la mi-temps. Et le sélectionneur d'ajouter : "Ruan s'est blessé cinq minutes avant la pause et c'est la raison pour laquelle nous l'avons remplacé. Contre les All Blacks, vous ne pouvez pas jouer avec des joueurs qui ne sont pas à 100%".

Concurrence ou complémentarité...

La presse sud-africaine se montre plutôt sceptique sur la version des faits du sélectionneur springbok, et reste persuadée que Ruan Pienaar est sorti pour des raisons tactiques bien compréhensibles. En effet, Morné Steyn a parfaitement parachevé le travail de son prédécesseur. Avec son trois sur quatre au pied, il a exploité chaque occasion donnée par les All Blacks pour remettre son équipe à l'abri. Moins créateur dans le jeu mais bougrement efficace, comme il l'avait déjà été lors du premier test contre les Lions britanniques en fin de match. Grâce à ses qualités de buteur, le joueur des Bulls possède le pouvoir d'être décisif.

"Vous savez, nous sommes gâtés pour le choix", reconnaissait le sélectionneur après la rencontre. En disposant de deux ouvreurs aux qualités diamétralement opposées, le staff sud-africain possède une richesse non négligeable. Suivant la tactique mise en place ou le scénario du match, il peut s'appuyer sur l'un ou l'autre de ses chefs d'orchestre. Et si, finalement, la rude concurrence entre les deux joueurs, se transformait en une sorte de complémentarité ? La victoire de ce samedi en atteste. En première période, Ruan Pienaar s'est montré à son aise pour emballer le jeu derrière un paquet d'avants ultra dominateur. Après la pause, alors que la domination sud-africaine avait faibli, Morné Steyn a géré le match en occupant le terrain au pied et en réalisant un 75% dans ses tentatives de but. L'abondance de biens est une chose, la diversité des richesses en est une autre…

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