Urios : "Je sentais bien que ce groupe de joueurs était revanchard"

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TOP 14 - Deuxième partie de l'entretien que nous a accordé le manager de l'UBB, Christophe Urios. Avec des mots forts sur l'UBB, sa façon de fonctionner, voici la seconde partie de notre entretien avec l'homme fort de Bordeaux.

Rugbyrama : Vous êtes surpris de l'adhésion rapide du groupe et des bons résultats en début de championnat ?

Christophe Urios : C'est un groupe que je ne connaissais pas du tout. Il y a des clubs que tu connais parce que tu as entraîné des joueurs. Tu connais le staff, le président ou la région. Ici, je ne connaissais personne. Je n'avais entraîné que Mahamadou Diaby. Je ne connaissais pas le président, si ce n'est bonjour-bonsoir, je ne connaissais pas la région. Pour moi, cela a été un grand défi et ce ce qui m'a plu le plus. Après, j'ai bien senti que la fin de la saison dernière avait été très pénible pour les joueurs, pour le staff, le président, le club, les supporters; J'ai bien senti qu'il y avait une cassure et que les gens avaient été marqué. Et je sentais bien que ce groupe de joueurs étaient revanchards.

Quand je les ai vu la première fois, ils étaient marqués mais en en même temps, moi j'étais marqué aussi. C'est marrant parce que je ne sais pas, si j'avais réussi ma fin de saison, cela se serait passé comme cela. Eux étaient marqués, moi j'étais très marqué par ma fin de saison à Castres. Et en fait , on s'est retrouvé là, autour d'une table. On était deux malades : l'UBB parce qu'elle avait fait une fin de saison catastrophique et moi aussi. On s'est retrouvé et on s'est dit : on vaut mieux que ça. Vous les joueurs, moi, mon staff. Ce qu'on va faire c'est qu'on va se mettre au boulot et montrer ce que l'on vaut. C'est un message mobilisateur, qui a été bien perçu. J'ai vu assez vite que cela fonctionnait bien dans la préparation.

On avait mis tout un tas de trucs pour travailler sur le groupe, intégrer, chercher un peu le challenge sportif. Le fait de recevoir aussi deux fois à la maison, Toulouse et Toulon, c'était piégieux mais en même temps, je me disais que si on était capable de les gagner, cela allait lancer notre saison et c'est ce qui s'est passé. Donc, je ne suis pas surpris de notre niveau. Je suis plus surpris de notre niveau de jeu qu'on a eu très vite, parce qu'il me semblait que cela prendrait du temps. Tu sais, l'histoire d'être au bon endroit avec les bonnes personnes, dans le bon timing, je trouve que c'est ça. Aujourd’hui, ce que je ressens ici à Bordeaux, c'est ce que je ressentais quand j'étais à Oyonnax. C'est-à-dire un club avec de l'ambition, pas au même niveau mais en tous les cas, avec cette envie d'écrire les pages de notre histoire. A Castres, les pages ont été écrites. Le club a été champion, a une grande histoire. Je ressens ici plutôt l'envie d'écrire l'histoire et cela tombe bien parce que j'ai envie de le faire.

Vous aviez envie de partir d'une page blanche ?

CU : Je ne pars pas de rien Quand je vois les structures, le club. Il y a eu du très bon travail de fait. Cela s'est joué parfois à peu de choses. Je pense à cette pénalité de Lionel Beauxis en 2015. est-ce que s'il l'avait réussi, je serai ici aujourd'hui ? Je ne sais pas. Après, si cela n'a pas marché, c'est qu'il a toujours manqué quelque chose. Souvent, cela se joue sur des détails, sur de la régularité, sur du travail ; ce que l'on est en train de mettre en place.

L'apport de votre staff est aussi important dans les résultats du club ?

CU : L'année dernière, il y avait de gros problèmes de fonctionnement de staff. Cela a été mon premier challenge. Je ne reviendrai pas sur ce qui s'est passé, mais il y avait un conflit larvé permanent. Je l'ai bien senti quand j'ai rencontré les gens. Mais j'ai aussi senti qu'il y avait de la compétence. Il fallait juste mettre en musique. Les gens que j'ai amené avec moi, eux, devaient apporter évidemment, le coté technique, mais aussi la qualité des personnes. Pour moi c'est essentiel. Je voulais un staff de bonnes personnes. Donc, que ce soit Fred Charrier, que ce soit Julien Lairle, Sébastien Nieto que je connaissais parfaitement, que ce soit Michele Colosio à la prépa physique, ce sont toutes de bonnes personnes avec de l'expérience et l'envie de vivre une belle aventure. et cela a été le dénominateur commun de notre arrivée ici.

Je ressens le pouls de mon équipe

En parlant de staff, vous supervisez les séances d'entraînements sur le terrain, jamais en tribune ?

CU : Je n'anime pas parce que mes entraîneurs sont bien meilleurs que moi dans l'animation. Mais j'ai besoin d'être au contact de mes joueurs. C'est comme dans les matchs, je ne peux pas être en tribune. J'ai du mal, je ne ressens pas le rugby de la même façon. J'ai été en tribune parce que j'ai été plusieurs fois suspendu quand j'étais jeune entraîneur et franchement, c'était un calvaire pour moi. J'ai besoin d'être au coeur de l'action et que les joueurs sentent que je suis là. Sur l'entraînement, j'interviens assez peu. J'interviens beaucoup en salle. Quand on va à l'entraînement, tout est calé, calibré. Tout le monde sait ce qu'il a à faire. Ça, c'est mon job. Tout est fait en amont. La préparation est essentielle. Je trouve qu'en France, on ne passe pas assez de temps en préparation.

Préparer une réunion, une séance de terrain, une vidéo. On doit y passer du temps, cela doit être aux petits oignons, précis. Et quand on va sur le terrain, les uns et les autres, tout est organisé. On sait tous à quel moment on va s'arrêter pour boire, à quel moment on va mettre de la pression, on va tourner. C'est important. Moi, je dors sur mes deux oreilles, je sais que cela va se passer comme ça. Après dans l'animation, ils sont meilleurs que moi. Mais j'ai besoin d'être là au milieu, parce que je ressens le pouls de mon équipe. Et si le pouls de mon équipe ne me plaît pas, là, je peux intervenir.

Ressentez-vous une pression particulière autour de l'objectif de la qualification pour les phases finales ?

CU : Moi je ne le vis pas comme ça, pas comme une pression absolue. D'ailleurs, on n'en parle assez rarement avec les joueurs. On sait que l'on veut être dans le top 6 mais comme 11 autres équipes. J'ai envie de dire que l'on ne charge pas le sac à dos. Ce n'est pas de la com', c'est la vérité. Je veux qu'on retrouve et qu'on regagne le coeur de nos supporters. Parce que quand tu as ça, cela veut dire que le comportement est bon.

Cela veut dire que les supporters se reconnaissent dans l'équipe. Et quand tu as ça, avec le potentiel de notre équipe, les victoires viendront d'elles mêmes. Reconquérir le coeur de nos supporters, avoir un fonctionnement hyper-structuré, redonner le goût du travail fera que les résultats viendront d'eux même. Je suis là-dessus. On a bâti une structure d’entraînement qui va bien et on est très exigeant sur le travail. Je ne veux pas que l'on baisse d'intensité. Ce n'est pas possible.

J'aime le travail, j'aime progresser

Tu as subi des critiques en venant à l'UBB, sur ton soi-disant jeu fermé et défensif ?

CU : Tu sais, c'est de la méchanceté, de la jalousie, de la mauvaise connaissance. Partout où je suis passé, j'ai fait en sorte de faire jouer mes équipes avec leurs potentiels et l'endroit où nous étions. Est-ce que ça, ce n'est pas de la compétence ? Quand je suis arrivé, j'ai dit, on va devoir gagner et plaire. C'est ce que je fais. Ni plus ni moins. Mon jeu à Castres, il était très structuré mais il correspondait parfaitement aux valeurs de la ville et au projet de mon équipe. Et on a été champion de France, peut-être en faisant le meilleur match de rugby de l'année ou en tout cas de la phase finale. Ce postulat, cette caricature, c'est de l'enfumage.

Vous vous revendiquez comme un terrien, un gars du Minervois ?

CU : Moi je suis un mec de terroir. Quand je parle d'authenticité, c'est ça.J'ai été éduqué comme cela; Rien ne me fera changer. Rien. J'aime le travail, j'aime progresser. Je suis un obsédé du respect de la parole. Tout ce que je dis, je le fais. C'est essentiel pour moi. Ici, ils ne me connaissent pas encore. Un petit peu maintenant. Mais j'ai toujours fait ce que j'ai dit. Partout où je suis passé.

Qu'est-ce que vous avez prévu après le rugby ?

CU : Je suis un mec du Minervois, j'y retournerai très certainement. Nous cherchons avec mes frères une exploitation à racheter. Moi, j'ai celle de mon père. Mais on veut faire des choses en plus grand. Je voudrai acheter un domaine sur lequel, on va travailler sur le vin, notre vin à nous. Mais en même, j'aimerai aussi travailler sur l'événementiel, sur la formation. J'aimerais dispenser des cours de management, partager un peu, ce que j'aurai appris pendant toute ma vie. Voila ce qu'on va faire.

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