Garbajosa : "Ma priorité est de faire du changement dans la continuité"

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TOP 14 - Barragistes l’an passé, grâce à une formidable remontada entamée début mars après une période noire et une crise, les Héraultais ont sauvé leur saison et préparé en même temps leur avenir. Confié à Garbajosa, le nouveau manager du MHR (à la place de Cotter devenu directeur du rugby), qui a signé pour quatre ans. Déterminé, il se livre sur ses débuts, sa méthode et ses ambitions.

Rugbyrama : Montpellier a entamé sa préparation estivale le 10 juillet. Quels ont été les axes prioritaires de travail ?

Xavier Garbajosa : On a une préparation un peu tronquée. L’équipe n’a que cinq semaines et demie pour se préparer. On a fait le choix de laisser une semaine de vacances en plus aux joueurs pour qu’ils puissent bien récupérer mentalement, moralement et physiquement. On savait donc la difficulté qui nous attendait. Quand ils allaient rentrer, il nous faudrait faire beaucoup de travail physique et mettre en exergue les principes offensifs ou en tout cas les philosophies de jeu. Et c’est ce qu’on réalise avec un travail commun avec le pôle performance du club sur la préparation physique. En y mettant aussi un peu de ballon pour les faire travailler sous la fatigue, même s’il y a également pas mal de boulot sans ballon qui est essentiel.

Etes-vous satisfait de vos premiers pas au MHR et de l’investissement de vos joueurs ?

X.G. : Je suis un éternel insatisfait donc c’est difficile de répondre à cette question. C’est plutôt aux joueurs qu’il faut demander. Mais on a réalisé une belle semaine de stage à Tignes. Sincèrement, si je n’ai pas été surpris ; il y a tout de même eu des bons retours, sur l’engagement et l’investissement des garçons. Même sur leur bonne humeur, ils étaient plutôt enthousiastes. On a fait très peu de rugby mais c’était surement le fait de ne pas avoir touché le ballon depuis six semaines qui les a peut-être un peu excités. Je les ai trouvés investis et conscients qu’il fallait faire les efforts pour basculer pleinement sur le rugby dans quelques semaines, car cela va arriver très vite. Ils ont aussi conscience d’un championnat qui va démarrer rapidement et pour lequel les premiers matchs vont arriver "demain". L’idée est d’avoir la meilleure dynamique possible pour bien commencer la saison.

Pour moi, le MHR reste un club où il y a un projet exceptionnel

En parlant de dynamique. Comptez-vous miser sur celle trouvée par Montpellier en fin de saison passée ?

X.G. : On sait qu’il y a eu du changement, mais il s’est fait dans la continuité. On va continuer à consolider le travail qui a été fait avec Vern (Cotter), parce-que c’est important. Nous avons vu la dynamique de cette équipe en fin de saison dernière qui, malgré tout, s’est qualifiée en dépassant les résultats difficiles du début de championnat. Elle a eu le mérite d’atteindre les barrages, de montrer à tout le monde la vraie image d’un état d’esprit, une vraie image d’équipe. Alors, cela n’a pas suffi pour aller plus loin, mais je crois que nous devons nous servir de cette dynamique. Repartir sur ces bases. C’est important pour les mecs d’avoir l’enthousiasme et la confiance.

Est-ce une chance pour vous, d’arriver au MHR au moment où l’image du club n’a pas été aussi positive depuis plusieurs années ?

X.G. : C’est déjà une fierté pour moi d’être-là, d’avoir la confiance du président, de m’avoir fait venir dans un club comme celui-là. Pour moi, le MHR reste un club où il y a un projet exceptionnel. Ce ne sera pas simple, on le sait. Après, c’est vrai que l’image rendue par les garçons a été importante en fin de saison et ce, aux yeux de tout le monde. On a senti une vraie hégémonie, une véritable force collective avec un mélange entre les étrangers, les anciens et les jeunes. Et pour moi, cela fait partie de mon modèle puisque je suis né dans un club où la formation était importante avec un plan de succession. Ces signaux sont très positifs.

Votre plus grande mission ne serait-elle pas d’amener cette formation, souvent stigmatisée par le profil puissant de ses individualités, vers un jeu axé principalement sur le mouvement ?

X.G. : Je crois qu’on a collé une image à cette équipe. Effectivement, elle bénéficie d’abord de joueurs de talent et d’éléments au physique important. Mais il ne faut pas s’arrêter là. Il faut se servir à bon escient des qualités de chacun pour trouver le meilleur jeu collectif. C’est une mission. Mais la mission est de les faire bien jouer entre eux et surtout, de gagner. On ne pourra pas gagner des matchs seulement avec du beau jeu.

On n’a pas encore identifié un capitaine. Par contre ce que je sais, c’est qu’on gagnera ensemble et non pas avec une seule personne.

Quels sont les objectifs collectifs à atteindre cette saison ?

X.G. : Dans un club comme Montpellier, les objectifs sont tous les ans de se qualifier dans le Top 6. Je ne pourrai donc pas imaginer faire moins bien. L’objectif affiché est de participer aux phases finales. Le MHR s’est pratiquement toujours qualifié pour les phases finales, encore l’an dernier, on ne peut donc pas faire moins bien. Le club est aussi revenu en Champions Cup, avec une poule non pas abordable, mais dans laquelle on va jouer crânement notre chance. Car il est important d’essayer de se qualifier pour disputer des matchs de très haut niveau, qui représentent un apprentissage à vitesse grand V pour nos joueurs.

Avez-vous déjà choisi votre capitaine et ses adjoints pour la saison ?

X.G. : Il y a des garçons qui ont fait preuve de leadership l’an passé, comme Louis Picamoles, Benoît Paillaugue, Fulgence Ouedraogo et Kélian Galletier. Tous ces garçons représentent le club et se sont passés le brassard avec un sens inné de ce capitanat. Différent pour tous, mais qui a tout de même apporté une vraie plus-value. On n’a pas encore identifié un capitaine. Par contre ce que je sais, c’est qu’on gagnera ensemble et non pas avec une seule personne.

Quel est le fonctionnement du nouveau staff que vous dirigez (départ d’Alex King et arrivée de Pierre-Philippe Lafond comme coach des avants) ?

X.G. : Le fonctionnement est plutôt simple entre nous car nous avons manqué de temps. On s’est un peu regardé, un peu sentis et j’ai pu comprendre et déceler un peu de crainte de leur part. C’est normal, ils attendaient de voir comment on allait fonctionner. Le but est de pouvoir leur laisser un maximum de liberté et d’autonomie dans un cadre qui doit être le mien. Car je suis aussi responsable des résultats. Je vais essayer de les amener vers mes idées et mes croyances. Tout en utilisant leurs compétences car, encore une fois, j’ai la chance d’avoir autour de moi un staff hyper-compétent. C’est une richesse. Maintenant, on doit trouver les meilleurs supports et contenus afin d’amener une réelle plus-value aux joueurs. Après, savoir qui intervient sur quoi, je crois que nous sommes suffisamment intelligents pour savoir qu’on est dans le même bateau. Et qu’il faut aller vers un objectif précis en faisant les efforts communs sur une même vision. Et si j’arrive "seul" avec P.P Lafond, nous avons la chance d’avoir Nathan (Hines, coach de la touche), Ian (Wass) et Julien (Tomas) qui connaissent les troupes et les séances d’entraînement passées. Mon but est d’enrichir un petit peu cela, avec mes croyances, mes idées, mes conceptions et mes convictions. Mais je le répète, ma priorité est de faire du changement dans la continuité.

Le MHR ce n’est pas Xavier Garbajosa, mais une équipe

Etait-ce aussi important à vos yeux de devenir le numéro un d’un staff, après avoir été le coach des trois-quarts rochelais durant cinq ans (il avait été numéro un quelques mois l’an dernier, jusqu’en novembre et l’arrivée de Jono Gibbes) ?

X.G. : Franchement, je crois qu’on stigmatise le fait d’être numéro un. C’est simplement sur le papier, écrit sur un organigramme. Effectivement, je récupère des responsabilités mais lorsqu’on gagne, c’est en équipe. Même si, quand on perdra, je serais responsable des mauvais résultats et des "couacs". Il n’y a pas de soucis là-dessus. Etre numéro un ou pas, ça ne veut pas dire grand-chose. Aujourd’hui, c’est d’avoir la capacité de décider de certaines choses, de mettre en place un projet, d’avoir une vraie passerelle avec le centre de formation du MHR ; qui encore une fois, sort des joueurs comme Giudicelli, Vincent, Reilhac et N’Gandebe. On en parle peu ou pas, mais notre centre de formation est hyper-compétent et je souhaite toujours avoir cette passerelle avec lui. Je souhaite qu’on ait des joueurs issus du cru et éduquer à la "mamelle" montpelliéraine, à l’ADN du club.

Moins "pénalisé" en termes d’internationaux sélectionnés durant le Mondial, pensez-vous que Montpellier ait plus de chance de réussir son début de saison ?

X.G. : On est tous dans le même bateau. Nous avons huit joueurs absents, les internationaux français, géorgiens et sud-africains. Et pas des moindres, puisque qu’il y a parmi eux sept ou huit "meilleurs" joueurs de l’équipe. C’est donc déjà une contrainte. Pensez qu’on a eu de la chance au tirage ? Ce serait une grave erreur. Car une équipe comme Castres, avec l’antagonisme que l’on connaît avec Montpellier, nous attendra de pied ferme. Ensuite, avec les réceptions de Pau et La Rochelle, plus le déplacement à Agen, je n’ai pas besoin de vous faire un dessin. Les gens qui pensent que c’est un bon tirage se trompent. J’espère leur donner raison mais attention, toutes les équipes seront prêtes dès le départ. Et on sait de quoi on parle car le premier match, on l’a perdu contre le CO et on connaît la suite… Alors même s’il y aura besoin d’ajustements et que tout ne sera pas parfait, on devra prendre un maximum de points sur ces quatre premières oppositions.

Le MHR va recevoir La Rochelle dès la troisième journée… Avez-vous personnellement déjà coché cette rencontre ou reste-t-elle anecdotique à vos yeux ?

X.G. : Ce n’est pas anecdotique car ça fait toujours plaisir de recevoir La Rochelle. Mais attention, le MHR ce n’est pas Xavier Garbajosa, mais une équipe ! Dans nos temps de passage, La Rochelle est le troisième match, une réception, donc comme toutes les équipes qui reçoivent, on se doit de faire le plein. Mais je connais La Rochelle, les qualités de cette équipe qui aura à cœur de faire un bon match et c’est normal. Je m’attends donc à un gros match.

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