Setiano : "Je vis un truc de fou..."

  • Emerick Setiano - Toulon
    Emerick Setiano - Toulon
  • Levan Chilachava - toulon - 2013
    Levan Chilachava - toulon - 2013
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La hiérarchie au poste de pilier droit, son explosion ou encore la fin de saison qui l'attend avec le RCT, Emerick Setiano, révélation de la première partie de saison toulonnaise, s'est confié à Rugbyrama.

Rugbyrama : Emerick, comment vous sentez-vous à l'approche du sprint final ?

Emerick Setiano : Il ne reste qu'une poignée de matchs, mais ce sont ceux qui peuvent transformer une bonne saison en saison inoubliable. C'est particulièrement excitant. Et à titre personnel, faire partie des joueurs qui peuvent être appelés à disputer ces matchs couperets, ce qui me semblait impensable il n'y a pas six mois... C'est incroyable. J'espère qu'on comptera sur moi. Maintenant, si ce n'est pas le cas ce ne sera pas la fin du monde...

Aujourd'hui, vous semblez avoir définitivement pris la place de Levan Chilachava dans la hiérarchie au poste de pilier droit, ce dernier n'ayant plus fait une apparition depuis le 9 décembre...

E.S. : Non il faut savoir raison garder. Je sais que Marcel (ndlr Van der Merwe) et Levan (ndlr Chilachava) sont d'excellents joueurs, et j'ai beaucoup à apprendre d'eux. Aujourd'hui la concurrence est ouverte et ce n'est pas aussi simple que le nombre d'apparitions pourrait le faire croire. Mais c'est vrai que j'ai d'excellentes sensations et que les coachs n'hésitent pas à me donner du temps de jeu, ce qui me permet de me sentir à l'aise, tant sur le terrain que dans la tête.

Levan Chilachava - toulon - 2013
Levan Chilachava - toulon - 2013

Cette saison, vous avez disputé quinze matchs (cinq titularisations), contre "seulement" deux la saison passée. Qu'est-ce que ça change vis-à-vis du groupe ?

E.S. : Tu n'as pas la même place quand tu joues le week-end. Tu gagnes une forme de légitimité. Puis les mecs te parlent et te conseillent davantage, car ils savent que tu vas jouer à leurs côtés le samedi. J'ai conscience d'être passé du statut de "petit nouveau" à celui de "jeune joueur à qui le groupe commence à faire confiance".

Justement, vous attendiez-vous à avoir cette confiance, non plus du groupe, mais du staff ?

E.S. : Sans dire que je suis étonné, j'ai pu être surpris lors des premières feuilles de match. Je partais pour être troisième dans la hiérarchie, et finalement les coachs n'ont pas hésité à me faire confiance, à me donner ma chance. Ainsi j'ai pu enchaîner les matchs et même démarrer quelques rencontres en titulaire... Désormais j'ai compris que j'étais à ma place dans ce groupe. C'est une fierté, forcément.

Comment abordez-vous ce nouveau statut ?

E.S. : Premièrement j'essaye de garder la tête sur les épaules. Oui je joue, mais si je commence à m'enflammer, je risque de perdre mon rugby. La préparation ? Je ne me mets pas plus de pression, mais je me force à être plus sérieux. Pas forcément les heures qui précèdent le match, mais dans ma façon d'appréhender la semaine.

C'est à dire ?

E.S. : Plus encore que par le passé, je fais en sorte d'avoir le sommeil qu'il faut, de m'hydrater, de suivre une nutrition précise. Ce sont des choses qu'on nous apprend depuis très jeune. Mais la théorie doit devenir de la pratique une fois qu'on bascule dans le monde pro. Et ce sera d'autant plus vrai dans cette fin de saison marathon. Je sais qu'il ne faudra pas veiller jusqu'à quatre heures du matin, ne pas aller manger au restaurant trois fois par semaine... Si tu ne veux pas exploser en fin de saison, il faut savoir garder une hygiène de vie au quotidien. Pour autant je ne parlerai pas de sacrifices, car c'est ce qui nous permet de performer dans le plus beau métier du monde...

Emerick Setiano - Toulon
Emerick Setiano - Toulon

Qu'est-ce qui a changé entre vos premières apparitions, et aujourd'hui où vous êtes définitivement intégré dans la rotation ?

E.S. : J'ai appris à appréhender la pression, tout en gardant la même envie. Une carrière de haut-niveau est pensée de telle sorte qu'un joueur doit être capable de se remettre perpétuellement en question, alors tu ne peux pas céder à l'euphorie après quelques apparitions. Au début j'étais un peu dominé par la pression, désormais je suis uniquement dans l'objectif de remporter le match.

En quoi votre rapport aux supporters a évolué ?

E.S. : La vraie différence, c'est l'engouement autour des matchs... Passer de rencontres espoirs où dans les tribunes il n'y a que nos potes et certaines familles... à Mayol. C'est impressionnant. De ma vie je n'aurais jamais pensé jouer devant 15 000 personnes. Quand tu sors du couloir, tu te sens bien et tu sais que tout le peuple toulonnais est avec toi. Parfois, sans me laisser envahir, je regarde derrière moi et j'essaye de garder mon oeil d'enfant. Je vis un truc de fou. Un rêve éveillé.

Quels sont vos objectifs pour la suite de la saison ?

E.S. : J'aimerais devenir un joueur sur lequel on peut compter les yeux fermés. Que le staff se dise "ça va on a Emerick, il n'y a pas de souci". J'aimerais être une assurance, apporter des garanties. Pour ça il faut gagner en constance et que les coachs n'aient plus à se demander "c'est le jeune, va-t-il déjouer aujourd'hui ?". Il faut donc que je travaille, que je sois plus discipliné en mêlée et que je gagne en constance dans le jeu. Aujourd'hui je peux être bon et basculer d'un coup. Il faut que j'apprenne à gérer mon effort, et ne pas tout donner sur mon entrée pour être cramé ensuite.

Marc Dal Maso a récemment affirmé qu'à terme vous ne seriez pas loin du XV de France. Y pensez-vous ?

E.S. : C'est flatteur et je l'en remercie. Maintenant je garde la tête sur les épaules. Je sais qu'il y a d'excellents joueurs et que le gap qui me sépare des meilleurs droitiers est immense. Il faut savoir être humble... surtout à mon âge. Peut-être qu'un jour ça deviendra un objectif, mais pour l'instant je veux déjà de profiter de mon temps de jeu et essayer de taper à nouveau à la porte des Baabaas. C'est déjà une étape énorme. J'ai du boulot, du progrès à faire et il ne faut pas tout confondre.

Quid de la rencontre qui vous attend du côté de La Rochelle ?

E.S. : C'est un match différent pour moi. D'abord parce que j'ai grandi à Angers et que le Stade rochelais est le grand club voisin. Ensuite parce que j'ai beaucoup d'amis, notamment du pôle de Tours, qui sont Rochelais. Puis au-delà de ça, cette équipe est belle à voir jouer depuis deux ans. Ils sont gaillards, vont à 1000 à l'heure et leur jeu d'attaque est léché. On sait qu'on va affronter un cador ce week-end. Mais je sais également que l'on est capable de les faire déjouer. J'en ai l'intime conviction. Ce sera donc l'occasion pour nous de se jauger. Ils sont invincibles à Deflandre ? Eh bien c'est l'occasion de retrouver le chemin du succès à l'extérieur et de s'affirmer à l'entrée du sprint final.

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