Kayser : "On a vécu tellement de moments de merde…"

  • Benjamin Kayser (Clermont) - 4 juin 2017
    Benjamin Kayser (Clermont) - 4 juin 2017
  • Benjamin Kayser, Morgan Parra et Camille Lopez (Clermont) - 4 juin 2017
    Benjamin Kayser, Morgan Parra et Camille Lopez (Clermont) - 4 juin 2017
  • Benjamin Kayser et Arthur Iturria (Clermont) - 4 juin 2017
    Benjamin Kayser et Arthur Iturria (Clermont) - 4 juin 2017
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TOP 14 - Sacré pour la première fois sous le maillot de l’ASM Clermont Auvergne, Benjamin Kayser, à l’image de nombreux de ses coéquipiers, avait du mal à mesurer sa joie. Pour le talonneur auvergnat, ce sacre en finale du Top 14 est avant tout un énorme soulagement qui fait oublier les moments douloureux traversés par le club.

Benjamin, quel est le sentiment qui prédomine avec ce sacre ?

Benjamin KAYSER : C’est un immense bonheur, l’accomplissement d’un immense travail, d’énormément de puissance psychologique parce qu’on n’a pas été aidé par les échecs à répétition. Honnêtement, on n’a pas non plus été aidé par une presse de merde (sic) qui a fait que ressasser les échecs depuis 1900 mes couilles alors qu’on n’était même pas nés. Je ne comprends pas comment un club qui va en finale de la Coupe d’Europe contre un club anglais prend un article sur les 24 finales perdues. Sans déconner, quel est l’intérêt de savoir qu’en 1910, y’a un mec qui a loupé une pénalité et que Clermont n’a pas gagné une finale de Championnat de France alors qu’on joue une finale de Coupe d’Europe le lendemain ? Je ne pige pas. On a plus de respect de la part de nos adversaires que de la presse en règle général. Ce sont des coups de massues à répétition qu’on a su avaler. On s’est persuadé les uns les autres que ça allait payer, qu’il fallait continuer à tout donner. On a été soutenu d’une façon sublime par tout un peuple et ça fait chaud au cœur.

Avez-vous senti que la victoire pouvait vous échapper ?

B.K : Même si le match est relativement maîtrisé en première mi-temps, il est archi dur jusqu’à la fin face à une grosse équipe de Toulon qui a beaucoup d’expérience, qui sait réduire le jeu quand il le faut pour être efficace quand nous, on n’a pas su mettre deux, trois occases au fond. Je m’y étais préparé parce que j’y croyais dur comme fer et pourtant je suis incapable de savoir à quel point on est heureux. C’est un truc de malade.

Benjamin Kayser, Morgan Parra et Camille Lopez (Clermont) - 4 juin 2017
Benjamin Kayser, Morgan Parra et Camille Lopez (Clermont) - 4 juin 2017
Dans le vestiaire, les mecs se disaient : "Qu’est-ce qu’on fait ? On a le droit d’être heureux ?"

Comment avez-vous vécu ces dernières minutes où Toulon a bien failli marquer un essai décisif ?

B.K : (il souffle) Avec le palpitant à 200 ! C’était très compliqué. La dernier pénal-touche à cinq mètres de notre ligne fait trembler. C’est une grosse équipe de Toulon. Il faut les prendre les tanks dans la tête. Quand tu prends les Tao, les Vermeulen, les Nonu et Tuisova dans la tête à répétition, ça use. C’est dur à encaisser. On était à flux tendu avec pas mal de pétés.

Quelle était l’ambiance dans le vestiaire ?

B.K : C’était hallucinant… Les mecs sont ravis mais j’en ai vu quelques uns qui y croient à moitié, qui se disent "Qu’est-ce qu’on fait ? On a le droit d’être heureux ?". On a vécu tellement de moments de merde et des vestiaires avec de la sueur, du sang et des défaites que c’est un énorme soulagement. Quand je suis sacré en 2007 avec le Stade français, je ne me rendais pas compte à quel point j’étais béni des Dieux.

Benjamin Kayser et Arthur Iturria (Clermont) - 4 juin 2017
Benjamin Kayser et Arthur Iturria (Clermont) - 4 juin 2017
Le lendemain de la finale contre les Saracens, j’étais au bout de ma vie

Franck Azéma soulignait que ce titre symboliserait le début d’une nouvelle aventure…

B.K : Moi, je pense que c’est la fin de quelque chose parce que Jono Gibbes s’en va. Il influençait pas mal ce qu’on faisait. Parce que des mecs importants du groupe s’en vont comme Benson (Stanley), Thomas (Domingo), le Belge (Vincent Debaty), Clément Ric, Rado, Adrien Planté... Il y a une vraie phase de transition la saison prochaine avec une évolution des jeunes. C’est une chose de vouloir faire jouer les jeunes. Cela en est une autre d’avoir des jeunes monstrueux. Honnêtement, on a eu beaucoup de chances. Le boulot du club est formidable. Mais on va être en transition. Ça ne veut pas dire qu’on sera moins bons mais ce sera différent. C’est pour cette raison que je disais d’arrêter de ressasser ces putains de finales que Damian Penaud n’a jamais perdu il y a 50 ans. C’est une autre page, une autre histoire qui s’écrit. Il y a eu la période de Vern (Cotter) qui s’est arrêté sèchement à la fin. Il y a la période de Franck (Azéma) et Jono (Gibbes) qui s’arrête aujourd’hui.

Avec deux finales dont un titre, votre saison est remarquable…

B.K : Elle est archi réussie. J’en reviens à la même chose parce que ça m’a vraiment pesé. J’en avais vraiment plein la tête. Et, le pire, c’est que je ne sentais aucun soutien de la presse. Le lendemain de la finale contre les Saracens, j’étais au bout de ma vie. Mais vous n’avez entendu personne dire que c’était la faute à pas de chance. Il y a le moment du Leinster en Coupe d’Europe, l’ère de Toulon, l’ère des Saracens et nous on est toujours un peu au même endroit (rires). Mais il y a eu énormément de boulot, de remise en questions, d’engueulades, de pleurs, de sourires pour arriver à ce moment où on peut être hyper fiers de ce qu’on a fait.

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