La quadrature de l'Ovale

Par Rugbyrama
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Frédéric Michalak était très incertain pour le déplacement inaugural à Montauban. Il a finalement été aligné d'entrée... pour sortir sur blessure au bout de 20 minutes à peine. Pour Guy Novès, le comble de l'absurde a été atteint samedi à Sapiac. Ou quand le rugby devient ubuesque...

On joue depuis 20 minutes environ à Sapiac. Frédéric Michalak, qui tient depuis le coup d'envoi le poste de demi d'ouverture, se tient la cuisse gauche. Il grimace et se tourne vers son staff. Tout le monde a compris. Quelques secondes plus tard, l'international vient s'asseoir sur le banc toulousain, cédant sa place à Jean-Baptiste Elissalde. "Sur une course, j'ai ressenti une vive douleur. J'ai compris que je ne pourrais pas continuer. C'est dommage", regrette l'ouvreur stadiste, visiblement très abattu à chaud au micro de nos confrères de Rugby +.

Dommage, mais prévisible. Du coup, après la déception, c'est la colère qui dominait dans les rangs haut-garonnais. Guy Novès, notamment, s'en est pris à un règlement qu'il juge absurde. Si Frédéric Michalak a joué, c'est uniquement sous la contrainte d'un effectif limité par l'interdiction faite aux internationaux ayant pris part au dernier match de la tournée dans l'hémisphère Sud au mois de juin de jouer ce week-end. Ces derniers doivent en effet respecter les huit semaines de repos réglementaires pour l'intersaison. Or la rencontre Australie-France du 27 juin remonte à... sept semaines. Cédric Heymans, Vincent Clerc, Florian Fritz, Thierry Dusautoir et Romain Millo-Chlusky n'étaient donc pas disponibles pour cette première journée.

Elissalde: "Un jour, cela craquera"

Malheureusement pour Toulouse, les ouvreurs David Skrela (genou) et l'espoir Jean-Marc Doussain (nez) étaient tous deux forfaits. Dès lors, Novès n'avait guère d'autre solution que de faire débuter Michalak. A Sapiac. Certes, parmi les cinq internationaux interdits de terrain ce week-end ne figure aucun ouvreur de formation. Mais Fritz a déjà occupé ce poste. Il aurait pu être titularisé au centre, et Jauzion aurait glissé en 10. Bref, Toulouse aurait eu davantage de souplesse dans ses options. Michalak, lui, qui se plaignait d'un problème musculaire à une cuisse depuis une rencontre amicale le 24 juillet, avait finalement été titularisé à l'ouverture après avoir passé une IRM de contrôle. " Frédéric Michalak a joué insuffisamment rétabli, a déploré Guy Novès après la rencontre. Une IRM montrait une petite cicatrice, il se sentait bien mais la douleur s'est réveillée. "

Voilà donc le comble du paradoxe version rugbystique. Par la faute d'un règlement qui veut protéger les sportifs, un autre athlète a dû jouer blessé. Ce que Guy Novès résume d'une formule: "Aujourd'hui, on casse des joueurs parce que l'on ne nous permet pas de faire jouer les valides". Le règlement est-il trop rigide? Finalement, la vraie solution n'aurait-elle pas été, comme en Angleterre, de reprendre plus tard afin de permettre à tout le monde de bénéficier d'une grande coupure estivale? "En Angleterre, soulignait Sébastien Chabal, invité à établir la comparaison entre Top 14 et Premiership, la compétition commence en septembre et se termine mi-mai, ce qui laisse aux joueurs une période de cinq semaines pour couper complètement. Après, il y a une période de sept à huit semaines pour la préparation à la compétition. Donc, forcément, la préparation est plus pointue et plus intensive. En France, le calendrier n'est pas fait pour les joueurs."

Après le pépin Michalak samedi, difficile de donner tort au deuxième ligne international. D'autant que Michalak a été remplacé par un Jean-Baptiste Elissalde qui souffrait lui-même du talon. En reprenant la compétition alors que la plupart des grands clubs sont privés de leurs forces vives, on risque de s'en prendre à l'équité sportive. Par ailleurs, est-il vraiment raisonnable de jouer en plein après-midi à la mi-août? Le choix de reporter les quatre rencontres de 14h30 à 16h ne change rien au problème. En quoi fait-il plus frais à 16h qu'une heure et demie plus tôt? On se le demande. Jean-Baptiste Elissalde aussi. "On parle de la santé des joueurs et on joue un 15 août à 16 heures, peste l'ancien Rochelais. Heureusement, il n'y a pas eu d'accident. Un jour cela craquera. Il faut jouer plus tard l'été et plus tôt l'hiver." Pendant que le rugby marche sur la tête, Michalak, lui, se retrouve sur une jambe.

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