M. Méné tire sa révérence

Par Rugbyrama
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Après dix-sept ans d’arbitrage au plus haut niveau, Didier Méné tirera sa révérence le 22 février prochain à l’occasion de Toulouse-Clermont. A 45 ans, il succèdera prochainement à René Hourquet à la tête de la Commission centrale de l’arbitrage. Retour e

. La retraite.-
"J'ai été élu au comité directeur de la FFR le 20 décembre dernier et je suis susceptible de remplacer René Hourquet à la tête de la CCA très prochainement, alors je dois préparer cette succession. En outre, cette fonction sera totalement incompatible avec celle d'arbitre. Je ne pourrai pas être juge et partie ! En dix-sept ans au plus haut niveau, j'ai fait tout ce que j'ai eu à faire en tant qu'arbitre. J'ai eu une carrière bien remplie et c'est l'heure maintenant. Emotionnellement, mon dernier match va être très difficile à vivre. Déjà, l'avant-dernier à Clermont samedi a été spécial. Je suis rentré seul sur le terrain et les spectateurs se sont levés pour m'applaudir. Je n'étais pas au courant que le club avait préparé cela et ça m'a beaucoup touché. A Bayonne aussi, j'ai été honoré... Les clubs ont déjà commencé à me dire au-revoir. C'est très sympa, je crois qu'on ne voit ça que dans le rugby."

. Les souvenirs.-
"Ce que je retiendrai en priorité, ce sont mes trois finales de championnat de France (2000, 2002 et 2006). C'était exceptionnel. Nous sommes seulement trois arbitres à avoir officié sur trois finales. Ce sont des matchs incomparables, la récompense de notre quotidien d'arbitres qui sommes plongés dans le Top 14 tous les week-ends. Les matchs internationaux procurent beaucoup de plaisir également mais cela n'a rien à voir. Ma carrière internationale restera d'ailleurs mon plus grand regret. Elle m'a beaucoup frustré parce que l'IRB m'a ôté de la liste des arbitres internationaux quand j'avais 38 ans, au moment où je pensais avoir atteint mon meilleur niveau. Mon plus mauvais souvenir ? Il y en a quelques-uns… Ces décisions malencontreuses ou malheureuses qui font basculer un match. Comme les joueurs commettent des en-avant ou manquent des pénalités, les arbitres connaissent des mauvais jours eux aussi..."

. L'évolution du rugby.-
"Le rugby a beaucoup bougé depuis mon premier match en janvier 1992. Il s'agissait de Graulhet-Romans. Depuis, le jeu a changé, les mentalités ont changé et le jeu dur a quasiment disparu. Il existe toujours, sous forme de plaquages hauts par exemple, mais il n'y a plus les bagarres générales d'avant. Je me rappelle de derbys Agen/Valence d'Agen avec cinq cartons rouges ! Tout ça, c'est fini et c'est tant mieux pour l'image de ce sport. Je crois toutefois qu'il y a une perte d'authenticité dans le rugby à cause du professionnalisme, de la médiatisation et du sponsoring. Mais heureusement, l'esprit rugby demeure. C'est important. Les témoignages de sympathie que j'ai reçus à Clermont ou à Bayonne en sont la preuve. Globalement, l'évolution du rugby a été positive à mon avis."

. L'évolution de l'arbitrage.-
"Quand j'ai commencé, la vidéo n'existait pas, les oreillettes non plus, les juges de touche n'avaient pas les mêmes prérogatives... Le niveau général des arbitres français a nettement augmenté. Il y a beaucoup plus d'homogénéité qu'il y a vingt ans. Il y aura toujours des polémiques, c'est inévitable, mais aujourd'hui plus d'une dizaine d'arbitres français sont capables d'officier pendant des matchs de haut-niveau. C'est la meilleure moyenne du monde. Il y en a seulement trois ou quatre en Afrique du Sud ou en Nouvelle-Zélande. Il faut absolument que cela soit reconnu au niveau mondial."

. Les futurs chantiers à la tête du CCA.-
"La reconnaissance des arbitres français au niveau international sera l'un des principaux chantiers. Il va falloir faire en sorte que les choses changent. Un autre chantier très important tiendra dans l'amélioration du niveau général des arbitres. Pour cela, il faudra agir sur l'arbitrage "de base". Nous connaissons des problèmes de quantités et de recrutement et il va falloir les régler. Concernant le haut niveau, il faudra trouver de meilleures voies de détection des talents et ensuite améliorer l'évaluation des arbitres. Ce travail, déjà entamé, se résume en trois volets : détection, évaluation et accompagnement."

. Les polémiques autour de l'arbitrage.-
"Les entraîneurs se plaignent beaucoup en début de saison et dès que la Coupe d'Europe commence, on n'entend plus rien ! Quand ils ont eu à faire à des arbitres étrangers, les coachs français rencontrent de telles incompréhensions qu'ils ne disent plus concernant l'arbitrage de leur championnat en suivant. La H Cup leur ouvre les yeux et permet de se rendre compte que le niveau de nos arbitres n'est pas mauvais. Il y aura toujours des malentendus entre les staffs et les arbitres mais ça fait presque partie du jeu. Il faudra peut-être un peu plus de communication à l'avenir."

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