Le message de Clermont

Elvis Vermeulen s'en souviendra. L'âpreté du combat livré par les deux équipes à Pierre-Rajon tient en une image, celle de la dent perdue dans la bataille par le numéro 8 de Clermont. Pourtant, même avec une canine en moins, le bon Elvis peut arborer un franc sourire, car la victoire obtenue samedi soir en Isère par l'ASMCA (14-20) est de celle qui comptent dans une saison. Les Auvergnats sont sortis vainqueurs d'un match qu'ils ont longtemps maitrisé, avant de subir la furia berjalienne au coeur de la seconde période pour, finalement, rafler la mise à cinq minutes de la fin.

Ce succès confirme que Clermont possède désormais une équipe tout-terrain, capable de s'imposer partout. Voilà les hommes de Vern Cotter installés dans le trio de tête, où l'on retrouve, déjà, Toulouse, Clermont et le Stade Français, les trois principaux candidats au titre de champion de France. Pour les Jaunards, qui ont déjà dû se déplacer à Paris et, donc, à Bourgoin, les temps de passage sont excellents. Pour Bourgoin, en revanche, il s'agit là d'un coup d'arrêt. Invaincu après trois journées, le CSBJ subit son premier accroc dans ce Top 14.

Coup de poignard

Les Berjalliens pourront nourri des regrets légitimes. Ils ont laissé filer ce match sur une énorme bourde. A cinq minutes à peine du terme de la partie, Benoit Cabello choisissait le fond d'alignement sur une touche tout près de sa ligne de but. Mal lui en a pris, puisque le ballon retombait dans les mains de l'heureux pilier remplaçant géorgien de Clermont, Shvelidze, qui aplatissait tout juste sur la ligne. Un vrai coup de poignard dans le coeur pour le public de Pierre-Rajon. Sur cette cagade, le mince avantage isérois (le score était alors de 14-13 en faveur de Bourgoin) vola en éclats.

Que d'efforts ruinés sur cette malheureuse phase de jeu. Le CSBJ avait tant donné pour prendre les commandes un quart d'heure plus tôt. Mené 7-0 à la pause suite à un essai de filou de Pierre Mignoni, opportuniste sur une chandelle de Brock James, puis 13-0 à la 50e minute après deux pénalités de ce même James, Bourgoin paraissait dépourvu de solutions. Puis ce fut la furia ciel et grenate. Si sûre de sa force, l'armada clermontoise pliait deux fois en cinq minutes, sur deux essais magnifiques de Janin et Coux. Avec les deux transformations de Boyet, les Berjalliens prenaient alors les commandes, pour de bon croyait-on...

C'est tout le mérite de Clermont d'avoir su garder la tête froide au coeur de la tourmente. L'ASM a su laisser passer l'orage pour crucifier son hôte sur le fil. Plus opportunistes que réellement dominateurs, les Auvergnats sortent tout de même renforcés dans leurs convictions. Sans faiblesse apparente, capable d'éclairs géniaux à l'image de son Fidjien Delasau, dont les crochets onr rendu fou Bourgoin, le vice-champion de France a fière allure. Il passera un nouveau défi de taille dans les deux semaines à venir, en se frottant deux fois aux Wasps, la meilleure équipe d'Europe. Mais ce Clermont-là n'a pas peur de grand monde...