La gueule de bois

Celle-là, ils ne l'avaient pas vue venir. Nous, non plus, pour être honnêtes. La défaite à domicile face à un Castres pourtant diminué, vendredi, a surpris tout le monde, à commencer par les Clermontois eux-mêmes. Les Jaunards, qui restaient sur 10 victoires de suite en Top 14, dévastant tout sur leur passage. Partis pour battre tous les records, ils jouaient comme dans un rêve depuis trois mois. Le réveil a sonné, brutalement. Quatre essais encaissés, plus de 30 points concédés pour la première fois de la saison, et une invincibilité à domicile envolée. Marcel-Michelin, imprenable depuis plus de deux ans, est tombée au moment où on s'y attendait le moins.

Qu'est-il donc arrivé au leader? Mario Ledesma a son idée sur la question. "On a été suffisants, voilà la vérité... ", assène l'Argentin dans La Montagne. Le talonneur des Pumas ne digère pas: "On n'avait pas le droit de jouer un match comme celui-là. Ça fait mal! Je suis énervé car on a eu tout faux." Surtout lors de la première période, peut-être la plus mauvaise de la saison clermontoise. Multipliant les erreurs, l'ASM s'est placée dans une situation inextricable. "On a pris un coup sur la tête, puis un autre, puis un troisième et on ne s'en est finalement jamais remis ", constate Julien Malzieu.

Une claque salutaire?

A force de gagner si facilement ces dernières semaines, les Auvergnats avaient peut-être fini par croire, inconsciemment, qu'ils suffisaient de rentrer sur le terrain pour poursuivre leur série. Mais en rugby, l'absence de fondamentaux se paie très vite. Et cash. "On a voulu obtenir un résultat sans y mettre l'investissement nécessaire. Cela ne marche pas", soupire Vern Cotter, qui n'avait encore jamais connu les affres d'une défaite à domicile depuis son arrivée à l'été 2006. "Le rugby, c'est d'abord du combat, du combat et encore du combat", rappelle Pierre Mignoni.

Au plan comptable, cette défaite n'a heureusement qu'une portée très limitée. Clermont reste en tête du championnat avec six points d'avance sur Toulouse (qui compte toutefois un match en retard), et sa place en demi-finales est de toute façon quasiment assurée. A défaut d'inquiéter, elle agace. "C'est très difficile à vivre. Perdre devant son public est toujours un mauvais moment", concède Malzieu. C'est un accroc, plus qu'une catastrophe.

Pour un peu, l'avertissement pourrait même s'avérer salutaire. "On vient de prendre une bonne claque mais il vaut mieux la prendre maintenant que dans quelques semaines", poursuit Malzieu. Un avis partagé par Elvis Vermeulen: "Que ça nous serve de leçon pour l'avenir. Finalement, il vaut mieux que cela nous arrive aujourd'hui plutôt qu'en phase finale." L'avenir proche dira si l'ASM peut digérer ce K.O. d'une brutalité inattendue. Castres, bourreau d'un soir, est l'exemple à suivre. Surpris à domicile par Montpellier voilà un mois au sortir d'une belle série de victoires, le CO avait su se remobiliser pour repartir de l'avant, jusqu'à signer l'exploit de l'année à Marcel-Michelin. Clermont sait ce qu'il lui reste à faire...