Histoire de grand chelem - 1997, la remontée fantastique de Twickenham

  • Tournoi des 6 Nations 1997 - La joie des Bleus
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  • Tournoi des 6 Nations 1997 - Olivier Merle et Marc de Rougemont (XV de France)
    Tournoi des 6 Nations 1997 - Olivier Merle et Marc de Rougemont (XV de France)
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TOURNOI DES 6 NATIONS - Si le XV de France a réalisé le cinquième grand chelem de son histoire en 1997, il le doit avant tout à son exploit en Angleterre, là où il s'est imposé au prix d'une remontée fantastique et où il a signé un match de légende. Plus encore quand on sait que c'est dans ce même stade qu'il s'est encore retrouvé largement mené, deux ans et demi plus tard face aux Blacks.

Le roman de ce XV de France, version 1997, a réellement chaviré le 1er mars de cette année. Et même plutôt à l'heure de jeu, lors d'un match mythique, en ce samedi devenu sain pour le rugby hexagonal. Les Bleus sont là, dans l'antre historique de Twickenham. Enfin, ils sont encore là, vivants mais malmenés comme rarement et logiquement distancés au score par un XV de la Rose qui semblait intraitable. Le tableau d'affichage ne mentait pas : 14-6 à la pause pour les partenaires de Lawrence Dallaglio, après l'essai de ce dernier avant de regagner les vestiaires.

[SPÉCIAL GRAND CHELEM] 1️⃣9️⃣7⃣7️⃣ - Ce matin, on vous conte l'histoire d'une compétition où les Bleus n'ont fait aucun changement et n'ont pas encaissé le moindre essai ! https://t.co/0wNg4LGzmd

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) March 15, 2022

Un écart qui a même grimpé jusqu'à 20-6 à la 60e minute. Comment alors penser sérieusement que les troupes du capitaine Abdelatif Benazzi pourraient renverser une situation si mal embarquée en seulement vingt minutes ? Inimaginable... Et pourtant ! Les Français étaient, à cette période, en pleine passation de générations, entre les glorieux anciens du Mondial 1995 tels Olivier Merle, Laurent Cabannes, Philippe Benetton, Guy Accocebery ou Jean-Luc Sadourny puis la nouvelle garde portée par Fabien Pelous, Olivier Magne, Philippe Carbonneau, Thomas Castaignède, Christophe Lamaison, Stéphane Glas ou Laurent Leflamand.

Ces "gamins" partis, sur une initiative des "vieux", boire une bière dans le centre de Londres la veille au soir pour se libérer du poids qui allait immanquablement les envahir à leur arrivée dans le temple de ce sport. Et c'est dans la folie de cette jeunesse insouciante que les Anglais furent emportés. Magne, pour sa première titularisation en sélection, s'est mis à voler sur la pelouse de Richmond, offrant des ailes aux Tournaire, Merle et Sadourny, maîtres des mêlées, des airs et des relances.

Marc de Rougemont, talonneur héroïque en troisième ligne

Leflamand, pour sa deuxième cape, était à la réception d'une diagonale magistrale de Lamaison, qui célébrait sa quatrième sélection, à la 62e minute. L'ancien Berjallien enrhumait le génial Tony Underwood et offrait à son équipe de croire encore en un rêve quasiment inaccessible quelques instants plus tôt. Pour pimenter un peu plus le scénario de ce rendez-vous inoubliable, imaginez que le capitaine Benazzi était contraint de céder sa place à la 66e minute, blessé aux côtes, obligeant le duo Jean-Claude Skrela-Pierre Villepreux (alors aux commandes de l'équipe nationale) à totalement improviser.

Tournoi des 6 Nations 1997 - Olivier Merle et Marc de Rougemont (XV de France)
Tournoi des 6 Nations 1997 - Olivier Merle et Marc de Rougemont (XV de France)

Le talonneur Marc de Rougemont se retrouvait en position de flanker et y multipliait les plaquages dévastateurs, quand Fabien Pelous, lequel évoluait alors en troisième ligne, montait dans la cage. La suite n'était que légende... A dix minutes du terme, les Bleus récupéraient une munition au sol, pilonnaient la défense adverse par Tournaire ou Castel puis le ballon était envoyé au large, jusqu'à ce diable de Lamaison qui terminait en terres promises. Une transformation du même Briviste et la France était revenue à hauteur de son meilleur ennemi.

Mais il fallait encore une apothéose et il était écrit qu'elle viendrait ce jour-là de Christophe Lamaison. C'est lui qui, d'une pénalité à la 76e minute, faisait définitivement basculer les siens dans une autre dimension, au prix d'une remontée fantastique (23-20). Les Anglais, médusés, n'en revenaient pas et savaient que le XV de France s'envolait vers le grand chelem. "Il est arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe", en sourit encore Pelous.

Le XV de France avait pris date

Ce match ahurissant disait finalement tout de cette équipe de France, aussi talentueuse et qu'inconstante, capable de renverser un stade de Twickenham où elle ne s'était plus imposée depuis dix ans et où on lui promettait l'enfer, puis de s'écrouler quelques mois plus tard contre l'Afrique du Sud au Parc des Princes (10-52) pour une des défaites les plus traumatisantes de l'histoire du rugby français.

"C'était une période de turnovers et on était un peu dans l'incertitude, avait confié Christophe Lamaison. L'équipe était renouvelée de moitié, cela avait fait jaser. Mais on était de jeunes coqs, avec cette fraîcheur et cette envie de jouer." Voilà aussi pourquoi il convient de s'attarder sur l'exploit en Angleterre au moment d'évoquer ce grand chelem 1997. Lors des deux premières journées de ce Tournoi des 5 Nations, le XV de France avait d'abord gagné avec sérieux en Irlande (32-15) avant de s'offrir quelques frayeurs face au Pays de Galles (27-22) à Paris.

Premier numéro d'"Histoire d'un Grand Chelem" avec évidemment 1968 !
Ce ne fut pas une marche implacable mais une série de quatre victoires sur le fil du rasoir avec pas mal de réussite et une équipe totalement bouleversée.https://t.co/nfxjZIYYIV

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) March 14, 2022

Mais, pour valider la prouesse, encore fallait-il battre l'Ecosse, quinze jours après, à domicile. En fait, les Bleus n'ont jamais tremblé (47-20), comptant treize points d'avance à la pause et assommant leurs adversaires au fil des minutes en deuxième période, notamment grâce à la botte d'un Christophe Lamaison encore éblouissant avec ses vingt-quatre points personnels. La France réalisait officiellement son cinquième grand chelem, qui trouvait la majeure partie de son origine dans la banlieue de Londres.

Un fait d'armes qui résonnera encore deux ans et demi plus tard, lors d'une certaine demi-finale de la Coupe du monde 1999 contre la Nouvelle-Zélande. Cette même enceinte de Twickenham, une autre remontée folle et un match légendaire... L'histoire était en marche !

Le groupe :

Première ligne : Christian Califano, Marc Dal Maso, Franck Tournaire, Jean-Louis Jordana, Marc de Rougemont, Didier Casadeï.

Deuxième ligne : Hugues Miorin, Olivier Merle.

Troisième ligne : Abdelatif Benazzi (capitaine), Philippe Benetton, Fabien Pelous, Olivier Magne, Richard Castel.

Demis de mêlée : Fabien Galthié, Philippe Carbonneau, Guy Accocebery.

Demis d'ouverture : Alain Penaud, David Aucagne.

Trois-quarts centre : Christophe Lamaison, Stéphane Glas, Thomas Castaignède, Richard Dourthe.

Ailiers : Emile Ntamack, David Venditti, Laurent Leflamand, Ugo Mola.

Arrières : Jean-Luc Sadourny, Pierre Bondouy.

Résultats :

Irlande-France : 15-32

France-Pays de Galles : 27-22

Angleterre-France : 20-23

France-Ecosse : 47-20

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