L'Irlande sous tension

Par Rugbyrama
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Pour des raisons sportives mais aussi historiques, le choc de samedi face à l'Angleterre à Croke Park revêt une importance capitale pour l'Irlande. Deux semaines après la défaite face aux Français, un nouveau revers, face à l'ennemi héréditaire, serait ma

Croke Park, morne plaine? L'hypothèse, impensable en début de Tournoi, fait frémir tout ce que l'Irlande compte d'amoureux du rugby. Battu par la France à la dernière minute pour sa première sortie dans le temple dublinois, le XV irlandais aborde le match face à l'Angleterre avec une pression colossale. "Nous n'avons que deux matches à Croke Park cette année et nous avons perdu le premier. Nous ne pouvons pas nous permettre que l'année inaugurale du rugby à Croke Park se solde par deux défaites ", admet Brian O'Driscoll, la star verte, absente contre les Bleus, mais de retour face à l'Angleterre.

Si sûrs d'eux avant le début du Tournoi, les Irlandais ne peuvent faire l'économie d'une victoire samedi, au risque de fragiliser les certitudes acquises ces derniers mois. "C'est le tournant de la compétition pour nous, juge Eddie O'Sullivan. Si nous gagnons, nous sommes encore dans la course pour la victoire finale, sans oublier la Triple Couronne. En cas de défaite, la fin du Tournoi risque de nous paraître interminable." Deux raisons d'être optimiste: les retours d'O'Driscoll et celui de Peter Stringer, deux des principaux leaders de l'équipe, et l'absence de victoire anglaise contre l'Irlande depuis 2003.

Bien plus qu'un match

Paradoxalement, c'est bien l'Angleterre, annoncée moribonde, et que l'on qualifiera au mieux de convalescente, qui se rend à Croke Park en étant invaincue. Il n'ne fallait pas plus pour que les champions du monde appuient gentiment là où ça fait mal. "Durant les quatre ans que j'ai passés là-bas, ils ont été incapables d'assumer le statut de favori et ils en ont encore été incapables contre la France", a ainsi lâché Mike Ford, l'adjoint de Brian Ashton, entre mépris et provocation. A l'inverse, les irlandais, qui avaient beaucoup parlé avant de jouer les Français, ont choisi de ne pas répondre. C'est peut-être bon signe pour eux.

Ce profil bas assumé trouve aussi sa source dans le poids, énorme, du passé. Pour le peuple irlandais, il sera évidemment question de rugby samedi, mais pas seulement. Rappelons que Croke Park est un des symboles de la lutte pour l'indépendance irlandaise. C'est là que l'armée de sa Majesté avait abattu 14 personnes venues assister à une rencontre en 1920. Ce fut le premier Bloody Sunday. "Pour les Anglais, ce sera juste un match de plus. Pour les Irlandais, ce sera bien plus que ça", confie l'ancien international, Connor O'Shea.

Certains redoutent même des incidents, mais ces derniers jours, l'heure était à l'apaisement, à l'image des propos tenus par O'Sullivan. "J'espère qu'il sera question de respect. Les hymnes, par exemple, ont toujours été respectés à Lansdowne Road. Je suis convaincu qu'il en ira de même à Croke Park", prévoit le sélectionneur irlandais. Samedi, à 18h30, il ne sera plus question que de sport. Et ce seul aspect des choses suffit à motiver les Verts. Car si la défaite face à la France a fait mal au coeur, une autre contre l'Angleterre aurait quelque chose d'insupportable.

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