Les Bleus maîtrisent

Certains parleront d'une absence, d'autres d'une mise en route difficile ou de fulgurances galloises. La France s'est fait peur de la 12e à la 14e minute, encaissant deux essais, et voyant revenir, peut-être, le spectre des défaites face à ces mêmes Gallois au Stade de France en 1999, 2001 et 2005. Mais à l'image du dernier coup de rein de Vincent Clerc à Croke Park, prouvant qu'elle ne s'avouait jamais vaincue, cette équipe de France a montré une nouvelle facette de son caractère. Celle d'une formation qui ne panique pas et qui dispose, en la personne de David Skrela, d'un métronome au pied.

L'ouvreur du Stade Français, auteur de 19 des 34 points français, a d'abord ramené les siens à la raison avec deux pénalités (11e, 18e) et un jeu au pied intéressant. A ce moment-là, le pays de Galles venait de refroidir l'enceinte dyonisienne avec ses deux essais. Un de Popham qui esquivait Ibanez pour aller aplatir en deux temps après avoir passé Dominici (12e), puis un autre dans la foulée de Shanklin qui trouvait la terre promise comme à la parade, entre les poteaux, à la suite d'une percée de Hook (14e).

Le génie de Dominici

Heureusement pour les Français, les Gallois ne font pas que défendre haut et bien. Ils commettent aussi de nombreuses erreurs qui permettent à Skrela de faire parler son talent. Dans le jeu, ça va mieux aussi et les hommes de Bernard Laporte enchaînent les longues séquences de jeu. Elles ne font toutefois pas plier le rideau du XV au Poireau. C'est un éclair de génie qui va réveiller le Stade de France. Celui de Christophe Dominici. Une accélération, du raffût par-ci par-là et voilà six Gallois mis dans le vent pour un essai de grande classe (28e).

Remis en confiance, les arrières français sont déchaînés. Le match est très rythmé, intense et les Gallois jouent toujours aussi libérés, sans pression, comme on le prédisait et comme ils ont l'habitude de le faire. Leurs prises de risque laissent des espaces et c'est de là que va venir le second essai tricolore. Jauzion accélère et ramène le jeu dans le camp gallois avant de laisser travailler les avants. Betsen insiste au ras et c'est finalement Nallet qui aplatit (34e). Skrela ajoute trois nouveaux points avant la pause (37e). La France est lancée après un départ façon diesel.

Robinson pour rien

Les Gallois retrouvent le terrain avec la même envie qu'en seconde période et sans la vigilance de Marty, Shanklins et Williams, sur un de leurs coups de génie, partaient à l'essai (42e). David Skrela continue d'enquiller les pénalités (45e, 52e) pour conforter l'avance des Bleus pendant que, dans ce temps-là, Stephen Jones rate sa deuxième tentative de la soirée (48e). Même Hook, qui décide de buter à sa place par la suite n'est pas en réussite (55e). Le rythme retombe, les Bleus gèrent leur avance tranquillement jusqu'à une erreur défensive qui leur coûte un troisième essai, cette fois par Robinson (74e).

Mais ces Bleus-là sont trop sereins pour se laisser gagner par le doute et submerger par la pression. De toute façon, les Gallois continuent de jouer la carte de l'indiscipline. Une carte qui leur coûte cher sur ce match tout comme leurs trois pénalités manquées. Lionel Beauxis, entré en jeu à la place de son compère parisien, rassure définitivement tout le public par une dernière pénalité qui offre un succès plein de maîtrise aux Bleus (79e). Ils auront la possibilité de jouer le Grand Chelem en Angleterre, dans quinze jours.