Elissalde sous la menace?

Depuis deux ans, à l'exception d'un anecdotique déplacement en Roumanie en juin dernier, où Pierre Migoni avait été titularisé, le numéro neuf était devenu chez les Bleus la copropriété de Dimitri Yachvili et Jean-Baptiste Elissalde, avec 12 titularisations pour le premier, et 8 pour le second. Bernard Laporte ayant annoncé de longue date qu'il emmènerait deux numéros neuf au Mondial, afin de pouvoir embarquer trois talonneurs, l'affaire semblait pliée. Yach' et JBE allaient être du voyage, les deux ayant tout le temps de s'expliquer pour savoir qui hériterait le Jour J du costume de titulaire.

Sauf que le scenario, si bien écrit, est en train d'être méchamment raturé par Mignoni. Profitant, comme Elvis Vermeulen à l'automne, de la formidable saison de son club, Clermont, l'ancien Biterrois revient en grâce au meilleur moment. Il a su saisir sa chance en Italie et en Irlande, dirigeant la manoeuvre avec une certaine autorité. Du coup, l'avenir de Yachvili et Elissalde semble moins directement tracé, même s'ils conservent probablement une petite longueur d'avance au regard de leur passé récent.

"Il n'y a aucun souci"

Fragilisé de manière récurrente par des pépins physiques, le Toulousain se sent-il particulièrement menacé? Pas vraiment. Cette concurrence renforcée, il assure la vivre très tranquillement. "Je m'entends bien avec Dimitri et je me suis toujours bien entendu avec Pierre Mignoni car on a fait toutes les sélections de jeunes ensembles, explique-t-il. Il n'y a vraiment aucun souci. On connait tous la donne. Nous sommes trois pour deux places. Pour l'instant, on n'y pense pas. Nous sommes tous là pour nous tirer les uns les autres vers le haut."

Mais dans ce jeu à trois, Elissalde serait plutôt en bas aujourd'hui, même si, Mignoni vient de le démontrer, tout peut tourner très vite. Freiné par une déchirure à une cuisse, il patiente dans le fameux groupe des 18, resté en en réserve de la République depuis le début du Tournoi. "Il y a une bonne ambiance, assure le buteur stadiste, même si nous sommes dans le groupe un peu plus dans l'ombre. On prend notre mal en patience en travaillant du mieux possible. On se lève tôt pour bosser mais bon il faut relativiser, il vaut mieux se lever à 6h30 du matin pour aller faire du sort que pour aller à l'usine ! "

Bernard Laporte ayant promis que tout le monde jouerait au moins un match d'ici la fin de la compétition, Jean-Baptiste Elissalde aura sa chance. Peut-être dès le week-end prochain face au pays de Galles, même s'il parait plus probable qu'il revienne pour les deux dernières journées. Lui se sent prêt. "J'ai repris l'entrainement physique en début de semaine et le rugby mardi. Je serai apte à postuler la semaine prochaine si on me le demande. Il n'y aura aucun souci", promet JBE. Il sait désormais qu'il faudra cravacher jusqu'au bout pour ne pas rater la grande fête de l'automne. Pour lui, qui a déjà manqué le bon wagon en 2003, c'est maintenant ou jamais.