Chronique de P.Villepreux

QUELS LEADERS?

Comment ne pas être un peu surpris, relativement à la défaite concédée en Angleterre, par la place prise cette dernière semaine dans les médias par les leaders. Le rôle des "tauliers", comme on les appelle, est forcément remis en cause quand on perd. Il est en revanche plus facile à assumer quand la victoire est au rendez vous. Le succès enlève curieusement du poids à cette fonction. Dans les sport collectifs, le rôle du ou des leaders consiste, pour faire court, à créer une dynamique de groupe qui ne devrait pas se démentir sur et hors du terrain.

Difficile d'être bon partout surtout quand on sait que les styles de leadership sont variables selon la personnalité de chacun surtout, que l'accomplissement de ce leadership peut ne pas convenir à tous. Capter l'intérêt, la motivation, et l'engagement des autres joueurs, demande du charisme mais aussi une parfaite connaissance de tous les acteurs du système dans lequel s'exerce cette animation pour ne pas dire charge.

On ne peut "performer" dans ce rôle que si le groupe reconnait les leaders comme joueurs indispensables dans le système de jeu proposé. Les performances en jeu sont les meilleurs atouts des leaders, ce qui veut implicitement dire qu'ils ne devraient pas (sauf indisponibilité) ne pas être sélectionnés. Cela implique un parti pris que tout encadrement se doit d'assumer surtout quand le leader en question n'a pas été à la hauteur dans un match.

D'autre part, pour bien s'exprimer dans ce rôle, la conception de la fonction doit être bien précisée et définie par rapport au jeu choisi. Il serait aberrant de donner du pouvoir à un joueur qui ne serait pas à l'aise pour entrer sans réticence dans le style proposé. Les bons leaders sont les garants du jeu à condition que cette animation puisse s'appuyer sur un fonds de jeu, condition indispensable pour permettre de faire face à toutes les situations, les meilleures mais aussi les pires, car il s'agira alors pour les leaders non pas de changer de jeu mais d'apporter les ingrédients d'adaptations tactiques utiles, le plus souvent minimes, qui permettront à tous de s'investir efficacement et sans anxiété .

Placer les leaders dans une logique d'intervention identifiable, c'est leur donner les moyens, de bien fonctionner, d'abord en jeu, seule façon de trouver leur juste place et ce juste pouvoir qui doit permettre aussi d'assurer un leadership intéressant hors du jeu.

Idéalement, si une équipe domine et maitrise son rugby dans le cadre d'un référentiel de jeu commun à tous, chaque porteur de balle est à même d'endosser le rôle de leader. En prenant librement l'initiative du jeu , son action décisionnelle, si elle est guidée par ces mêmes références, doit permettre de lier son option à celles des autres, grâce à la reconnaissance par tous des indices et éléments constitutifs du jeu dans le contexte momentané.

La mise en place de ces références communes liée à l'amélioration de l'activité décisionnelle du joueur permettrait une lecture du jeu pertinente. Les joueurs, tour à tour porteurs de balle et leaders, véhiculeraient le même message tactique.

Ce serait aussi un moyen intéressant de rendre plus facile un rôle aujourd'hui difficile à assumer.

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