Etcheto: "Si le rouleau compresseur sud-africain se met en marche…"

  • Marcell Coetzee lance la charge - Afrique du Sud Argentine - 16 août 2014
    Marcell Coetzee lance la charge - Afrique du Sud Argentine - 16 août 2014
Publié le Mis à jour
Partager :

Pendant toute la durée de ce Four Nations, Rugbrama demande chaque semaine à un expert d’analyser le jeu d’une équipe en compétition. Samedi, l’Afrique du Sud de déplace en Australie (12h05 à Perth) et la Nouvelle-Zélande accueille l’Argentine (9h35 à Napier)

Avant cette troisième journée, c’est l’entraîneur de l’UBB Vincent Etcheto qui se prête à ce petit jeu, concernant l’Afrique du Sud. Observateur attentif et régulier des nouvelles formes de rugby, le Girondin a posé son œil aiguisé sur les Springboks.

Vincent, depuis quelques temps, on parle de l’Afrique du Sud comme le principal concurrent des All Blacks. Quel est votre avis ?

Vincent ETCHETO: Les Springboks sont assez dominateurs dans tout ce qu’ils font. Ils ont de la puissance, une capacité à avancer dans le un contre un, donc c’est primordial. Ils essayent également d’élargir leur palette de jeu, notamment avec leur arrière (Willie Le Roux), en jouant beaucoup sur les premières phases de jeu et de relance. C’est une chose qu’ils faisaient rarement avant. Ils le font avec talent, c’est une équipe complète.

Pourquoi cette équipe a-t-elle changé de visage ces dernières années ?

V.E.: Dans le Sud, les nations sont tout le temps en train de chercher à se développer, à évoluer. On le voit aussi avec le rugby australien qui a connu des années difficiles mais qui a cherché à évoluer. Évidemment, le roulement des sélectionneurs fait aussi que la manière de jouer change. Ces nations ont un potentiel de joueurs de qualité et elles s’aperçoivent que pour dominer le monde, il faut avoir un rugby de plus en plus complet. On ne peut pas se contenter d’une seule manière de jouer. La recherche d’un jeu avec plus d’alternance est liée à cette capacité de sortir des joueurs de très haut niveau à tous les postes et tout le temps. L’exemple de la troisième ligne en Afrique du Sud est marquant. Ils doivent six ou sept joueurs blessés à ce poste, mais ils ont toujours à disposition tous les profils. Des troisièmes lignes puissants, gratteurs, etc. Je pense que collectivement, avec cette recherche de développement, l’Afrique du Sud va se rapprocher de la Nouvelle-Zélande.

L’Afrique du Sud n’hésite pas non plus à propulser des joueurs très jeunes tout de suite dans le grand bain. L’ouvreur Pollard, champion du monde -20 ans, est d’ailleurs titulaire.

V.E.: Ils osent ! Ils ont de la qualité individuelle à tous les postes, ils n’hésitent pas à faire confiance aux jeunes. Il y  aussi un centre très costaud qu’on a déjà vu, qui sortait comme Pollard des -20 ans. Dans une équipe dominatrice forte sur ses bases, ils ont forcément plus de facilité à s’exprimer derrière. Ils sont capables de mettre de la vitesse. Un joueur avec du talent, même jeune, peut s’exprimer dans cette équipe.

Les Springboks semblent également déterminé à conserver leurs "anciens", comme Botha, Habana, Smith, etc. Comment l’expliquer ?

V.E.: Dans le rugby, on a besoin de bases, de combattants. On a besoin de joueurs d’expérience qui sont allés se frotter à d’autres championnats. Cela fait partie de la construction intelligente d’une équipe. On ne peut pas tout révolutionner avec que des jeunes joueurs. On a besoin de ce mélange. Les avants qui se sont frottés aux mêlées ou aux ballons portés européens sont forcément un avantage pour les Sud-Africains.

On connaît la mentalité de ces joueurs qui ne lâchent jamais rien

Comment expliquer les difficultés rencontrées par l’Afrique du Sud face à l’Argentine (victoires 33-31 et 13-7) ?

V.E.: L’Argentine, si on parle de panachage entre jeunes et joueurs expérimentés, est un bon exemple. C’est une équipe qui au niveau international a du mal à s’affirmer mais qui sort des joueurs de très bon niveau tout le temps. Le Top 14 est bien placé pour le savoir, nous sommes les premiers à en profiter même si c’est dur de concilier les exigences du Top 14 avec le Rugby Championship maintenant. Les Argentins vont être des empêcheurs de tourner en rond dans ce Four Nations. Il y a de la qualité. On connaît la mentalité de ces joueurs qui ne lâchent jamais rien. C’est aussi pour cela que les Springboks ont eu beaucoup de mal face aux Pumas lors des deux premiers matches.

Comment les Sud-Africains doivent-ils s’y prendre pour gêner l’Australie selon vous ?

V.E.: Pour gêner les Australiens, les Blacks ont déjà un peu montré la voie. Il faut jouer encore plus vite qu’eux. Mettre plus d’intensité. La clé pour les Springboks sera la base du rugby : la conquête, la mêlée. La puissance des avants pourrait faire du mal aux Wallabies, notamment au niveau de la deuxième ligne et de la troisième ligne. Si le rouleau compresseur sud-africain se met en marche, les Australiens vont devoir être très bons sur leur jeu de mouvement. Il va leur falloir être parfait, notamment sur leurs lancements lorsqu’ils vont chercher les extérieurs car sinon les contres des Springboks vont faire très mal…

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?