Aldigé : "À chaque fois que je vois "Lulu" Mazas, je pense à ce jour terrible de 2002"

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PRO D2 - Pour la première fois depuis qu’il est à la tête du Biarritz olympique (juin 2018), Jean-Baptiste Aldigé va croiser la route d’Agen, dont il est originaire, et où il a joué jusqu’en espoirs. L’occasion, pour le patron du club basque, d’évoquer son rapport au SUA, de se projeter sur le rendez-vous de vendredi où seront fêtés les vingt ans du titre de 2002.

Quel regard portez-vous sur le début de saison du BO ?

Je ne suis pas assez spécialiste pour porter un regard, mais j’ai toute confiance en mon staff. C’est le même qui a su faire monter Biarritz de Pro D2 en Top 14 il y a deux ans. Ils connaissent la recette. Les ingrédients qu’ils essayent de mettre en place sont les mêmes que lors des quatre dernières années.

C’est-à-dire ?

Je répète souvent qu’en Pro D2, ce qui compte dans un premier temps, c’est de mettre les ingrédients pour passer l’hiver et se qualifier. Ensuite démarre un tout autre championnat à partir des phases finales, au printemps. Le rugby, qui vous fait passer l’hiver et vous qualifie,n’est pas le même que celui qui vous fait gagner et passer les phases finales. Il faut être capable, pendant les sept premiers mois, de se mettre en mode tracteur tout-terrain, tout en travaillant par-ci et par-là, malgré les conditions - qu’elles soient météorologiques, de terrain ou d’arbitrage - pour commencer à préparer le jeu de possession et de mouvement qui fera la différence au printemps.

Donc ?

Je regarde plutôt si nous sommes capables de développer les palettes qui seront nécessaires pour aller au bout. Le Pro D2 est un marathon. Chaque année, je lis qui est le favori. À la fin de chaque bloc, je lis des articles où, parce qu’une équipe enchaîne trois victoires, elle devient le favori. Tout ça, c’est pour faire vendre du papier. Le Pro D2 se passe sur trois semaines, en mai. Personne, même les plus grands spécialistes, ne peut savoir ce qui va se passer en mai.

La phase de rodage est-elle terminée pour le BO ?

Le rodage n’est que vis-à-vis de nous-mêmes. Il faut préparer une feuille de route pour nous amener à un seul moment. C’est terrible, parce qu’il n’y a pas de deuxième chance en Pro D2. Il n’y a que trois semaines qui vont compter, donc on les prépare. À l’instant , on peut dire "ils ont gagné, perdu, ils ont été bons…" Ça fait cinq ans que je fais ça. Combien de fois ai-je lu, que le BO était nul, ou que telle équipe était morte ? Non, il n’y a personne qui est mort. Regardez l’année dernière.

PRO D2 - Groupe Biarritz olympique
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Oui ?

Les journaux ont passé la saison à scruter la première défaite de l’Aviron bayonnais, qui dominait la division. Ils ont dit que c’était foutu, que c’était la crise, qu’ils ne passeraient pas l’hiver. À la fin, Bayonne a très bien mené sa barque et, en phase finale, il n’y a pas eu de suspens. Le plus fort a gagné. Comme Perpignan il y a deux ans.

Qu’en est-il de cette année ?

C’est peut-être un peu plus compliqué de détecter le gros qui va remporter la timbale. À cause de la RIF (réforme des indemnités de formation), le rugby français est actuellement en train de se casser en deux entre le Top 14 et le Pro D2. On se retrouve avec les meilleurs joueurs français JIFF confirmés dans les gros clubs de Top 14, tout comme les futurs meilleurs JIFF qui ont aussi été recrutés par ces mêmes clubs. À l’époque, les clubs de Pro D2 servaient à former les futurs grands joueurs du Top 14 et de l’équipe de France. Là, c’est un peu moins le cas. Rugbystiquement, le niveau technique du Pro D2 a baissé, puisque ce vivier n’est plus là. Par contre, d’un point de vue du suspens, le championnat est devenu plus serré. Après, ce n’est que mon avis.

Et Biarritz, dans tout ça ?

Avant, vous aviez Peyresblanques, Hirigoyen qui se baladaient au milieu. Nous, à Biarritz, nous essayons encore de le faire. Même si la filière commence un peu à s'essouffler à cause de la situation avec l’association, aujourd’hui, quand vous regardez Biarritz jouer, il n’y a que des gamins de 20 à 23 ans. Jonas, Erdocio, Jalagonia, Aurrekoetxea, Cadot, Fariscot sont le résultat du travail de Matthew Clarkin sur les trois années précédentes. Après, hormis Baptiste Erdocio, il y a de moins en moins de Basques. Il y aurait dû y avoir le petit Jauneau, mais Clermont nous l’a piqué à 17 ans. Après, ils le font jouer, donc je les en remercie, mais j’aurais adoré qu’il prenne le même chemin que Lucas Peyresblanques ou Mathieu Hirigoyen et qu’il soit la tête de proue de la formation.

Vous avez bien redémarré en battant Montauban. Voyez-vous ce second bloc comme une rampe de lancement ?

À court terme, c’est un petit acquis, mais de rien du tout. C’est une étape dans le marathon de Pro D2. D’un point de vue rugbystique, j’ai bien aimé ce qu’a fait l’équipe à Montauban. Je l’ai trouvée froide et efficace. Face à Carcassonne, nous avions dû faire mille passes en première mi-temps pour marquer vingt et un points. Carcassonne avait fait trois passes pour en marquer dix-neuf. Je préférais leur ratio. Contre Montauban, en ayant fait trois ou quatre passes, nous avons marqué 46 points. J’adore les ratios, celui-là est formidable. Après, ce match ne valide rien. Il ne lance rien. C’est une palette de plus à notre arc.

Vendredi, vous recevez Agen…

C’est un des plus gros clubs de la division. Je vous rappelle que Biarritz a le huitième budget de Pro D2. Il n’y a pas de secret, ceux qui ont fait augmenter leur budget sont ceux qui ont construit un stade. J’étais vendredi dernier à Agen pour l'inauguration d’Armandie. Avec un outil pareil, ils peuvent largement consolider le budget de 13 millions qui est le leur et le faire augmenter si besoin. Bravo à Agen, sa mairie et le territoire du Lot-et-Garonne de s’être donné les moyens d'exister, de se pérenniser et d’évoluer dans le milieu professionnel.

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Eiffage Construction vous présente le XV de départ pour notre J7 face à Agen.

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Aupa ?️?️ ! pic.twitter.com/SklCCZndJd

— BOPBweb (@BOPBweb) October 13, 2022

Revenons au BO. Le club a axé sa campagne de communication, avant la réception d’Agen, sur les vingt ans du titre de 2002. Qu’est-il prévu, vendredi soir ?

Déjà, nous jouons pendant toute la saison avec un logo sur le maillot, qui rappelle la finale de 2002. Vendredi, comme ça fait longtemps que nous n’avions pas croisé à Agen - pour moi, ce sera la première fois - nous avons choisi de cibler ce match pour fêter la finale d’il y a vingt ans. Nous avons invité toute l’équipe de 2002 au stade. Il y aura diverses animations au fil de la soirée pour célébrer ce Brennus. C’est le titre fondateur du BO. Après la finale de 92 de Serge Blanco, ces gars-là ont lancé le Biarritz Olympique dans des années fastes.

Ce titre est-il souvent évoqué, dans les couloirs d’Aguiléra ?

Les anciens de 2002 en parlent des fois. Par contre, certains joueurs n’étaient pas nés. Ils étaient tous très jeunes. Ce sont des images qu’ils n’ont pas. Moi, en tout cas, je les ai bien en tête. Je crois que c’était le pire jour de ma vie.

Pourquoi ?

C’était le 8 juin 2002, le jour de mes 18 ans. J’étais un simple joueur chez les Crabos d’Agen, supporter et fan de mon club, de ma ville. J’avais été à la demi-finale à Montpellier, où le SUA avait battu le Stade toulousain. Je n’avais pas pu aller voir la finale à Paris, car je passais mon bac le lundi. Je me souviens de ce drop terrible de Lulu Mazas. Agen était largement favori et avait perdu. Ce n’est pas un très bon souvenir pour moi, mais l’histoire est rigolote, puisque je me retrouve président du BO, vingt ans après, à rendre hommage aux gagnants de 2002.

Où aviez-vous regardé ce match ?

En ville, avec mon équipe Crabos de l’époque. Le SUA domine avec un essai de Mathieu Barrau sur un départ de Thierry Labrousse, qui était le meilleur en huit. François Gelez passe des pénalités. Agen tombe un ballon au centre et Bernat-Salles va marquer en coin. La deuxième mi-temps est cadenassée, François Gelez et Joe Roff se répondent avec des pénalités. Les prolongations arrivent. Mon ami Soso Puleoto ne m’en voudra pas, mais il y avait évidemment un attentat de sa part sur Luc Lafforgue. De nos jours, il serait parti pour six mois en commission de discipline. J’ai pris beaucoup de plaisir à revoir cette finale pendant le Covid. Je ne l’avais jamais revue. Denis Avril se promenait de tous les côtés. Je crois même que je me suis pris à rêver, à la fin, qu’Agen allait gagner, mais toujours pas, puisqu’il y a ce drop de Lulu Mazas. À chaque fois que je le vois, je pense à ce jour terrible de 2002.

Vous avez tout juste 18 ans à l’époque et jouez pour les juniors du SUA. Auriez-vous imaginé, un jour, devenir président de l’équipe qui venait de battre votre club ?

Pas du tout. De toute façon, gamin, je ne pense pas qu’on imagine devenir président d’un club de rugby. Je ne crois pas qu’il y ait une formation, des études et une voie tracée pour ça. C’est un clin d’œil du destin assez marrant. Vendredi, on va tous se retrouver : les anciens de 2002, mais aussi les Agenais, dirigeants de l’époque, comme Daniel Dubroca, Philippe Sella, Dominique Erbani, Jacques Gratton, Pierre Montlaur. Tous les anciens joueurs qui ont côtoyé mon papa viennent au match. Ce sera très émouvant et très sympa.

Votre père était dirigeant au SUA ?

Mon père a joué à Agen. Il a été champion de France en réserve. Toute cette génération, c’est sa bande de copains. C’est avec eux que j’ai grandi, en apprenant à jouer au rugby à toucher.

Que représente Agen à vos yeux ?

C’est mon premier club. Pour tout Agenais, le SUA est notre repère, l’emblème de la ville, le phare. C’est une institution qui passe avant tout. Si vous allez à Agen un jour de match, vous pouvez braquer la banque sans être armé. Il n’y a personne, tout le monde est au stade. On grandit en regardant les résultats du SUA, où qu’on soit dans le monde. Lorsque j’étais à Hong-Kong, j’ai rencontré des fans du SUA qui se levaient, comme moi, la nuit, pour voir les résultats. Mais vendredi, plus que jamais, je supporterai le BO.

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Voici quelques moments clés des six premières journées de la saison !

Biarritz ⚡️ Agen • Vendredi 14 octobre à 21h
Biarritz ⚡️Colomiers • Vendredi 21 octobre à 21h

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— BOPBweb (@BOPBweb) October 10, 2022
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