Bérard : "Ne pas réussir à se qualifier serait une grosse désillusion"

  • Pro D2 - Pierre Berard (Beziers)
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  • Pro D2 - Pierre Berard (Beziers) célébrant un essai contre Bayonne
    Pro D2 - Pierre Berard (Beziers) célébrant un essai contre Bayonne
  • Pro D2 - David Aucagne et Pierre Berard (Béziers)
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PROD2 – Béziers Battus par Biarritz dimanche (12-23), les Biterrois ont brisé leur série d’invincibilité à la Méditerranée, vieille de seize mois, et se retrouvent ainsi en danger et sous pression dans la course à la qualification. Auteur de son meilleur match avec l’ASBH malgré la défaite, l’arrière polyvalent analyse la sortie de route de son équipe et se projette sur le déplacement à Angoulême.

Rugbyrama : De l’extérieur, on a l’impression que cette défaite face au B.O était presque prévisible, à la vue de vos dernières sorties poussives dans votre antre. Partagez-vous ce constat ou croyez-vous plus à la thèse de l’accident ?

Pierre Bérard : C’est un gros accident qu’on s’est effectivement créé nous-mêmes je pense. Cela faisait plusieurs matchs à domicile où nous passions très près d’une désillusion. A chaque fois, les rencontres sont différentes, mais l’équipe ne les aborde pas de la meilleure des façons. On savait que Biarritz n’avait rien à perdre car c’était le "bazard" en interne et on était aussi conscient du fait qu’ils étaient revanchards, car nous avions gagné chez eux à l’aller. Et malheureusement, nous n’avons pas réussi à prendre le match par le bon bout. On a passé la première demi-heure à défendre dans nos vingt-deux mètres… La pression était plus sur nos épaules et on n’a pas réussi à inverser la tendance. Cela faisait plusieurs rencontres qu’on se mettait en difficulté, comme face à Colomiers et Mont-de-Marsan, et cette fois-ci, ce n’est pas passé. On n’a pas réussi à répondre présent collectivement.

Est-ce que votre équipe ne s’est pas trop vite cru arrivée ?

P.B. : Je ne sais pas si le sentiment collectif était celui-ci. Mais c’est vrai que depuis le début de saison on gagnait à la maison, on réussissait de belles performances à l’extérieur et on sortait d’un succès à Massy… Du coup, on a peut-être été un peu suffisant. On se disait qu’on allait jouer Biarritz qui voudrait se sauver de la relégation et que nous allions donc gagner en développant notre rugby pour faire un bon match. Mais parfois, faire le boulot n’est pas suffisant, il faut cravacher plus dur et savoir s’adapter. Accepter de hacher le jeu et éviter surtout de se compliquer les choses. Parfois, il vaut mieux gagner 6 à 3 en faisant zéro passe plutôt que de s’exposer en jouant et de perdre… Je pense qu’on ne s’est pas mis assez de crainte, de peur en tête face à cet adversaire et on l’a payé cash.

Désormais, vous n’avez plus aucune marge de manœuvre dans la course à la qualification. Vous êtes sixièmes avec seulement un point d’avance sur Vannes et six sur Angoulême, votre prochain adversaire…

P.B. : C’est certain. Le groupe s’était fixé l’objectif de se qualifier en grattant le plus de places possibles dans le haut de tableau, car nous réalisions une belle saison. Mais dans ce championnat très bataillé à tous les niveaux, nous savions aussi que la moindre désillusion pouvait changer le cours de notre saison. C’est désormais le cas et beaucoup de monde est à nos trousses derrière. Il va falloir donc faire très attention, se reconcentrer sur nous et travailler pour éviter un nouveau faux-pas.

Le déplacement de vendredi à Angoulême, prend-il maintenant la forme d’un tournant que Béziers ne doit pas rater ?

P.B. : C’est un gros rendez-vous ! Angoulême n’est pas décroché et peut donc toujours espérer se qualifier. Ensuite, on va recevoir Aix-en-Provence et Vannes, deux autres poursuivants, et ces matchs vont être très importants. Si nous gagnons, on restera maître de notre destin et on pourra bosser un peu plus sereinement. Mais, si l’équipe enchaîne les désillusions, en étant aussi "pauvre" collectivement, ça va poser problème. Si, en comptant les points dans le money-time, nous n’avons plus les cartes en main, on va regretter ce match perdu. De s’être "mangé" la saison face au B.O, alors que tout était réuni pour qu’on se qualifie sans faire de calculs. A nous de monter en intensité sur les prochaines journées en se préparant en conséquence.

Pro D2 - Pierre Berard (Beziers) célébrant un essai contre Bayonne
Pro D2 - Pierre Berard (Beziers) célébrant un essai contre Bayonne

Pensez-vous que votre groupe ait le caractère nécessaire pour y parvenir ?

P.B. : Oui, car nous avons déjà montré sur des gros matchs comme face à Oyonnax et Brive, que nous étions capables de renverser les situations. On est aussi passé à deux doigts de faire un exploit à Bayonne, et on a gagné à Massy malgré un très mauvais départ. Aujourd’hui, le groupe doit se servir de cette claque pour repartir de l’avant. Et surtout, se redonner confiance pour aller chercher cette place qualificative. On n’a pas voulu l’évoquer beaucoup en début d’année dans nos déclarations, mais Béziers est un prétendant aux phases finales. Notre objectif est d’être dans le Top6. Et à la vue de notre parcours, si nous ne rentrons pas dans les qualifiés à la fin, ce serait une grosse désillusion et vraiment une erreur de notre part.

Dimanche, vous avez été l’auteur d’un essai et d’une superbe passe décisive en offload sur l’essai de Jérôme Porical. Cette prestation trois étoiles de votre part représente-t-elle votre match référence avec l’ASBH (19 matchs, 13 titularisations et 3 essais cette saison) ?

P.B. : C’est effectivement un de mes meilleurs matchs cette saison. J’avais déjà réalisé quelques bonnes performances auparavant, en début de saison face à Massy, ou par la suite à Bayonne. Je suis sur la continuité.

Certes, mais c’est la première fois qu’on vous sent autant en confiance sur vos prises de décisions. Y-a-t-il eu un déclic dans votre esprit ?

P.B. : Non pas plus que ça. Mais j’ai eu une discussion dans la semaine avec David Aucagne, dont je suis proche, qui m’a dit clairement ce qu’il attendait de moi. Il a réussi à me remotiver on va dire, sous la forme d’une petite "piqure de rappel". En me réaffirmant sa confiance, il m’a redonné de l’assurance et notre échange a été très positif.

Que vous a-t-il dit ?

P.B. : Il me demande d’être plus leader par rapport à mon "statut" et ma place dans l’effectif. J’arrive de Top14 (Castres, NDLR), j’aspire à y retourner rapidement et David veut donc que je fasse partie des cadres du groupe. Ce n’est pas facile au départ quand tu arrives, mais aujourd’hui, je pense avoir gagné le respect du vestiaire, et il veut donc que j’apporte mon envie et mon expérience des phases finales à l’équipe, pour faire en sorte qu’on avance. Il veut que je fasse partie des "moteurs" du groupe.

N’est-ce pas contre-nature pour vous qui êtes un taiseux ?

P.B. : C’est sûr. Et David Aucagne le sait car il me connaît depuis des années. Ce n’est pas vraiment dans ma nature de m’exprimer et de dire aux autres ce qu’il faut faire. Car j’ai toujours une forme de pudeur vis-à-vis de l’effectif. Mais j’essaye à ma manière aux entraînements et dans les matchs de montrer que je peux être un leader ; Et que si je dois prendre la parole, que je peux être écouté. Aujourd’hui, j’ai la confiance de mes partenaires et je suis moi aussi en pleine confiance. A moi de le faire, même si cela va un peu à l’encontre de ma façon d’être.

Pro D2 - David Aucagne et Pierre Berard (Béziers)
Pro D2 - David Aucagne et Pierre Berard (Béziers)

Pensiez-vous avoir besoin d’autant de temps pour retrouver votre vrai niveau cette année, après des saisons délicates ?

P.B. : J’ai signé à Béziers pour me relancer après une rupture des ligaments croisés d’un genou. Mais je suis en concurrence avec le buteur numéro un de l’équipe (Porical) et c’est vrai que ça a été un peu délicat par moments d’accepter d’être remplaçant. Mais comme je le disais, j’en ai discuté la semaine passée avec les coachs et chacun a pu exprimer son point de vue. Il n’y a jamais de sous-entendu entre nous et les choses sont toujours dites de manière positive pour me faire avancer et permettre aussi à l’équipe d’aller de l’avant.

Seriez-vous prêt à vous "installer" à l’aile pour garder votre place de titulaire ou préférez-vous toujours évoluer à l’arrière ?

P.B. : Je peux jouer au centre ou à l’aile si les coachs en ont besoin. Mais je sais aussi que par-rapport au style de jeu du ProD2, je suis plus performant à l’arrière. C’est là où je me sens le mieux et où je peux m’exprimer de plus en plus. Ce week-end, je ne marque pas mon essai et je ne fais pas marquer une réalisation en restant sur mon aile. Je me suis déplacé un peu comme si j’évoluais à l’arrière, en venant au centre du terrain pour être présent sur le plus d’actions possibles. En réalisant le bon choix pour faire la différence et servir le collectif. Je suis polyvalent mais mon poste numéro un reste celui de numéro quinze.

Vous n’aviez signé qu’un an à l’ASBH et arrivez donc à la fin de votre contrat. Etes-vous déjà fixé sur votre avenir (courtisé notamment par Agen) ?

P.B. : Non, pas encore. Rien n’est décidé. J’ai ma saison à Béziers à terminer. Il nous reste cinq matchs à jouer pour disputer les phases finales au bout. Je reste donc entièrement concentré là-dessus.

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