En trouvant la recette à l’extérieur, l’Usap a franchi un cap cette saison

  • Julien Farnoux (Perpignan)
    Julien Farnoux (Perpignan)
  • Sione Piukala (Perpignan) vs Dax le 05/10/2017
    Sione Piukala (Perpignan) vs Dax le 05/10/2017
  • Victoires Perpignan
    Victoires Perpignan
  • Camembert Perpignan
    Camembert Perpignan
  • Victoires Perpignan
    Victoires Perpignan
  • Alan Brazo
    Alan Brazo
Publié le Mis à jour
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La solide victoire (17-24) de Perpignan au stade des Alpes, jeudi dernier contre Grenoble, ne doit rien au hasard. Pour leur quatrième saison en Pro D2, les Catalans ont pris la bonne habitude de s’exporter avec réussite. Avec déjà six succès hors de leurs bases, les Catalans prouvent une fois de plus avoir franchi un cap dans cet exercice 2017-2018.

Celui qui pourrait, enfin, les reconduire vers l’élite du rugby français. Poings enragés, cris libérateurs. La joie des Sang et Or au coup de sifflet final, jeudi dernier au stade des Alpes de Grenoble, préfigure comme une scène au sentiment de déjà-vu. Pour cause, depuis le début de la saison, l’Usap est parvenue à glaner six victoires et un match nul à l’extérieur. Une science du déplacement inédite pour un club catalan abonné au dépaysement jusqu’ici. Souvent malheureux hors de leurs bases, les Sang et Or ont fait de leur point noir un atout numéro un en vue de leur objectif majeur. Comme en témoigne sa deuxième place au classement, le club perpignanais est bien décidé à renouer avec le Top 14. Décryptage d’une révolution.

Six victoires, du jamais vu depuis… la saison du Brennus

Il fut un temps que les moins de dix ans ne peuvent pas connaître. Depuis sa descente à l’échelon inférieur, en 2014, Perpignan éprouve les plus grandes peines à faire valoir son statut de cador de la Pro D2. L’épouvantail catalan est rapidement devenu l’équipe à battre et à abattre. Et si se déplacer Aimé-Giral reste une épreuve redoutée par ses adversaires, les difficultés du club sang et or à régner hors de ses bases se sont tout aussi bien inscrites dans son ADN. Un douloureux leitmotiv mis en exergue depuis l’arrivée de l’Usap dans l’antichambre du rugby français.

Sione Piukala (Perpignan) vs Dax le 05/10/2017
Sione Piukala (Perpignan) vs Dax le 05/10/2017

En trois saisons, Perpignan n’a cessé d’accumuler les désillusions à l’extérieur. Méconnaissable et aux antipodes de son étiquette de grosse écurie, la formation roussillonnaise s’est à chaque fois tirée une balle dans le pied à cause d’une campagne très moyenne en déplacement. Ratant les phases finales lors des deux derniers exercices. "Il y avait deux équipes. Perpignan était catastrophique à l’extérieur, on ne savait plus jouer" résume Enzo Forletta, qui vit sa quatrième saison en Pro D2 et sous le maillot catalan.

Si le début de l’opus 2017-2018 laissait entrevoir un embryon de maturité dans les rangs usapistes, la suite des évènements l’a définitivement confirmé. En onze sorties, Perpignan ne s’est incliné qu’à quatre reprises. Meilleur ratio derrière le phénomène Montauban. Et une première surtout pour les Sang et Or depuis bien longtemps. Avant même le terme de la saison, l’Usap réalise déjà son meilleur exercice à l’extérieur en Pro D2 (voir ci-dessous). Il faut remonter à la saison 2008-2009, celle du Brennus, pour retrouver pareille suprématie des Catalans hors de leurs bases.

Victoires Perpignan
Victoires Perpignan

Vainqueurs à Bayonne, Dax et Grenoble ce mois-ci, les joueurs du trio Lanta-Arlettaz-Freshwater ne se sont inclinés qu’une seule fois lors de leurs sept derniers déplacements (à Biarritz, 37-11, le 30 novembre 2017). Un contraste saisissant compte tenu du passif du groupe catalan.

Autre corde à son arc, Perpignan sait désormais voyager partout. Impériale chez les candidats au bas de tableau, l’Usap est également parvenue à dompter un concurrent direct sur sa pelouse, jeudi dernier à Grenoble. Une première depuis mai 2015 et un succès décisif à Agen lors de la dernière journée de la phase régulière. C’est désormais une certitude, malgré la perte d’éléments précieux en cours de saison, les Sang et Or sont armés pour rêver plus grand. "Une fois, ça peut être un coup de chance. J’attends de voir les autres matchs" tempère le pilier gauche, alors que Montauban et Mont-de-Marsan sont au programme de l’Usap sur ce dernier tiers du championnat.

Accélérer à la 60e, une mécanique bien rodée

En analysant les sept performances de l’Usap à l’extérieur cette saison, une donnée commune ressort de la quasi-totalité des rencontres : Perpignan sait tuer les matchs en accélérant à l’heure de jeu. Comme en témoigne laerenversement opéré à Grenoble jeudi dernier, près de 40% des points de l’Usap en déplacements sont inscrits entre la 60e minute et la fin de la rencontre. Près de deux tiers des points sont même marqués au cours de la seconde période.

Camembert Perpignan
Camembert Perpignan

"Les années précédentes, l’équipe manquait de rythme et de gestion lors des fins de matchs. On paniquait et sortait de notre système de jeu. C’est ce qui a changé. Il y a davantage de gestion, de patience et de confiance. Le groupe est plus mûr" révèle Alan Brazo. "Nous avons tout simplement appris de nos erreurs" résume Enzo Forletta. Là où ils ne cessaient de s’enliser dans leurs doutes ces trois dernières saisons en effet, les coéquipiers de Lifeimi Mafi savent à présent, sans paniquer, faire le dos rond à l’extérieur. Avant de prendre le dessus en fin de match. Un schéma presque type, et répété avec minutie lors de leurs six voyages victorieux cette année (voir ci-dessous).

Avec un banc qui a souvent fait la différence, Perpignan a aussi prouvé que son manque de profondeur, pourtant pointé du doigt, ne figurait plus comme un handicap. À l’image de la rentrée décisive du jeune Romuald Seguy à Vannes, ou de la présence de certains seconds couteaux contre Grenoble, le staff sang et or ose la science du turnover. Une stratégie doublement payante dans un championnat souvent comparé à un marathon. "Il y a beaucoup de matchs où les remplaçants ont impulsé quelque chose sur les fins de matchs" confirme Alan Brazo.

"À Angoulême, Perpignan a été compétitif (30-30) alors que beaucoup de jeunes étaient présents. Tout le monde est impliqué dans le projet, de ceux qui jouent beaucoup à ceux qui ne jouent pas" poursuit le flanker. "Perpignan, ce n’est pas seulement les quinze titulaires" renchérit son compère de la première ligne.

Victoires Perpignan
Victoires Perpignan

Ne plus chuter à domicile, la clé des demi-finales

Avec une saison d'ores et déjà réussie à l’extérieur, la qualification directe de Perpignan en demi-finale ne dépend plus que d’une chose : rester intouchable à Aimé-Giral. Une mission déjà bafouée à deux reprises cette saison. Giflés par Mont-de-Marsan (20-44), son principal concurrent direct pour la deuxième place, au mois d’octobre, l’Usap s’est faite cueillir par Béziers au lendemain des fêtes (22-23). Un nouvel accroc évitable qui pourrait coûter cher aux Perpignanais au moment de sortir les calculatrices, au soir de la 30e journée.

Malgré leurs huit victoires à Aimé-Giral, jusqu’ici toutes bonifiées, les Sang et Or présentent le moins bon bilan à domicile parmi les membres du top 6. "C’est déjà deux défaites de trop, deux erreurs de trop. Et déjà un échec pour moi" lance Enzo Forletta. Avant de recevoir Colomiers, dimanche, les Catalans mesurent la nécessité de rester maîtres en leur demeure d’ici à la fin de la phase régulière. "Le groupe s’était déjà donné comme objectif de ne pas perdre à Giral cette saison. Il n’y avait déjà plus le droit à l’erreur avant Béziers. Maintenant, encore moins. Ce serait dommage de gâcher ces belles victoires à l’extérieur par des non-matchs à domicile" conclut le flanker Alan Brazo.

Alan Brazo
Alan Brazo

Colomiers, bête noire de l’Usap justement. Battus au bout d’interminables arrêts de jeu au match aller, sur un essai de pénalité, les Catalans avaient bien failli briser la série d’invincibilité des Columérins contre l’Usap. Mais Perpignan n’a plus battu le club haut-garonnais depuis le 24 aout 2014, et son premier match de l’histoire en Pro D2. Depuis, les joueurs encore dirigés par Bernard Goutta ont terrassé Aimé-Giral l’an passé en l’emportant 26-22, après avoir été menés 22 à 6 ! Il y a deux ans, une pénalité sur la sirène de Christopher Hilsenbeck avait permis aux Columérins d’arracher le match nul en Catalogne.

En bref, Perpignan a trouvé le meilleur adversaire possible, dimanche, pour s’offrir une solide confirmation une semaine après son exploit grenoblois. Et gravir une marche supplémentaire, vers des phases finales qui fuient les Catalans depuis deux longues saisons désormais.

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