L'édito de J. Verdier

La victoire de Blanco

Je l'ai dit sur RMC au soir de l'annonce du ralliement des clubs anglais à la thèse française. Je l'écris aujourd'hui alors que rien ne semble réglé et que le rugby européen semble en proie à un pandémonium indicible. L'épreuve de force imposée par Serge Blanco représente son acte politique le plus fort depuis sa prise de fonction à la tête de la LNR et débouchera, j'en suis persuadé, sur une victoire personnelle qui fera date. Parce que l'ERC et le Board, ainsi placés au pied du mur, n'auront d'autres solutions que de satisfaire aux désirs de l'ancien capitaine du XV de France. Parce que la volonté de Serge est légitime et repose sur une argumentation qui "fait sens", comme on dit, aujourd'hui, dans le patois en vogue.

Quelle est-elle ? Permettre aux clubs français et à la Ligue de devenir actionnaires de la société commerciale qu'est l'ERC - non à des fins économiques, comme il a été dit à tort - mais purement stratégiques. La crainte de Blanco repose sur le fait que les fédérations cherchent tôt ou tard à se séparer des clubs au profit de franchises commerciales dûment gérées par les fédés. Son voeu reste donc de mettre les pieds dans le plat de façon à être partie prenante des décisions d'importance concernant le rugby européen. Qui saurait le lui reprocher ?

Syd Millar, le président du Board, peut bien s'insurger, vilipender notre président de Ligue, ses arguments sont fallacieux. Parce que Blanco n'avait d'autres solutions que d'imposer l'épreuve de force afin d'être entendu. On l'écrivait il y a déjà cinq ans, sur le même sujet de la Coupe d'Europe, quand nous invitions justement Serge à rompre les relations, afin de pouvoir faire entendre la voix française dans ce concert anglo-saxon et rien n'a changé depuis. Fâcheux de tirer ainsi sur la Coupe d'Europe, de prendre le risque de tout foutre en l'air ? Evidemment. Mais à qui la faute ? Et comment s'en sortir autrement ?

On me dit aujourd'hui que la fédération anglaise serait prête à revenir sur ses intentions premières et à aller désormais dans le sens de ses propres clubs. C'était à prévoir. Mon idée, c'est qu'à terme, il ne peut en être autrement. Et ce jour-là, célébrera la victoire de Serge Blanco et des clubs français sur des années de non-dits, de non-droit, de flou très peu artistique...

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