La chronique de Pierre Villepreux

Par Rugbyrama
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Notre expert Pierre Villpereux s'attarde cette semaine sur le choc France-Galles de vendredi soir. Selon lui, les joueurs français oidvent outrepasser l'usure physique née de la journée de Top 14 le week-end dernier et ne pas en faire une excuse pour réduire leurs intentions de jeu.

France –Galles devrait être le rendez vous du beau jeu. Mais le débat est ailleurs. On est entré une nouvelle fois, comme c'est chaque fois le cas quand le XV de France peine, en pleine polémique. Le désordre qui s'est instauré avant ce match n'augure rien de bon. En tout cas, on ne place pas les Tricolores dans les meilleures conditions pour faire face à des Gallois complètement rassurés à la fois par leurs deux victoires et par leur jeu.

J'espère malgré tout, dans ce malaise ambiant, que les Français ont une chance même minime de produire le jeu capable de battre les gallois, de ravir les spectateurs et de rendre consensuel l'évaluation médiatique.

En cause, entre autres, la compétition domestique qui a placé les joueurs face à des contraintes physiques trop élevées, compte tenu du temps accordé entre le dernier match de championnat et celui à venir, programmé en plus un vendredi soir. Joueurs et entraîneurs n'ont pas manqué d'évoquer ces cadences infernales qui pénalisent tout le monde, les joueurs, les clubs, la préparation forcement tronquée et le jeu lui même qui (dixit les joueurs), devra être plus adapté donc moins ambitieux compte tenu du contexte. Contexte qui réjouit même Gatland, l'entraîneur des Gallois, puisque lui, a contrario, a bénéficié des meilleures conditions pour préparer son équipe. Il n'en faut pas plus pour remettre en cause tout le système de fonctionnement du rugby et de procéder en urgence aux réformes

Remettre en cause le jeu espéré pour "usure physique" me semble regrettable à ce niveau de pratique. Ce match mérite d'être joué sans aucune arrière-pensée par ceux qui ont été sélectionnés. Si il y a un défi à lancer aux Gallois, c'est bien celui du jeu

Je ne suis pas certain au demeurant que cette prétendue dégradation physique du fait d'une trop grande sollicitation des tricolores aurait été évoquée si la France avait soldé ses deux premiers matches par des victoires. Le débat aurait pris une tournure différente et se serait déplacé sur d'autres points.

Il me paraît difficile pour un collectif d'aborder ce type de match avec des doutes dans la tête concernant son potentiel physique. Mais, plus grave, dans la conjoncture actuelle, cette focalisation sur les possibles manques physiques utiles aux Bleus pour assurer la performance exigée à ce niveau risque d'avoir des effets sur le mental non seulement des joueurs plus concernés (ils sont 9) mais par contagion sur l'ensemble du collectif... Les interviews de certains sont significatives. Ils y expriment leurs doutes sur leur état physique pour performer cinq jours après. Ce doute, quand il s'insinue sournoisement dans la préparation du groupe, abaisse forcement le degré d'implication et d'engagement des uns et des autres. Quand on joue ce type de match, le coeur de la performance réside bien dans cet engagement préalable, sous peine de voir le collectif se présenter avec un mental amoindri. En cas de victoire on ne manquera pas de louer la force mentale qu'il leur a fallu pour se surpasser. En cas de défaite, l'excuse sera toute trouvée.

En tout cas, aujourd'hui, dans la préparation de ce match, il faudra beaucoup de compétence et de psychologie au staff technique pour faire évacuer cette plausible déficience qui s'ancre d'abord dans le mental puis rejaillit sur le physique. Il leur faudra faire preuve de conviction pour persuader tout le collectif que les exigences physiques ne sont qu'une partie du jeu, dimension certes importante, mais pas prioritaire si le collectif tricolore sait élever son niveau tactique, auquel cas le problème posé deviendrait, en cas de réussite, totalement anecdotique.

Forcement, cette équipe est, vu les derniers résultats et comment ils ont été acquis, confrontée à un défi. Celui-ci engage tous les joueurs et va bien au delà de ce seul match. Il n'a de chance d'être relevé que si ce groupe arrive à accepter, même à dépasser, les contraintes du contexte et que tous consentent à les transformer en une dynamique de coopération sans faille au profit d'un jeu qui visera à conserver et entretenir ce qu'il y a eu de bon dans le match contre l'Irlande. C'est la seule façon d'évoluer vers un projet de jeu jamais consommé mais en continuelle évolution. Le cadre théorique du jeu recherché par Marc Lievremont existe. C'est bien aux joueurs qu'il revient de tout mettre en œuvre pour tenter de le réaliser chaque fois un peu mieux, en attendant de le faire de manière permanente. Dans l'instant, on ne peut se satisfaire des seuls épisodes.

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