La chronique de H. Broncan

Par Rugbyrama
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Le manager agenais Henry Broncan revient sur la reprise du SUA et sur les facéties du calendrier avec la venue d'Auch en ouverture.

Mardi 15 juillet

Entraînement de reprise ; les supporters sont là nombreux, les dirigeants un peu moins. Ils sont une bonne quarantaine dont une quinzaine d'Espoirs à reprendre sous les calmes injonctions du nouveau préparateur physique, Alex Desjardin, revenu d'Asie au terme d'une saison réussie auprès des athlètes du sprint féminin vietnamien. Alex est un "baroudeur", ancien CTR d'athlétisme, venu au rugby - premier club, le grand Tulle des années 80 - parti au football - Centre de Formation de l'A.S Cannes et surtout l'équipe Pro de Montpellier pendant 4 saisons, reparti au rugby Brive, Toulon, Bayonne, Béziers... Il a donc de la "bouteille" et n'a pas besoin de froncer les sourcils pour se faire entendre. Entre nous deux, tout s'est immédiatement bien passé : la complicité de l'âge, la similitude de la taille, les mêmes cheveux blanchis sous le harnais, le nomadisme de l'un admiré par le sédentarisme de l'autre... Tout va bien.

Cette semaine, c'est lui qui prend en charge le groupe sous le soleil enfin brûlant de l'Agenais. Bonne ambiance dans la troupe : le Triangle des Bermudes des débuts de la saison passée - Anciens, nouveaux et étrangers - n'est plus d'actualité à l'instar de Monribot, de Narjissi et Basauri, inséparables stimulateurs. Malgré leurs épaules récemment opérées, Barrau et Sola sont sur le pré. Chez les "minots", des noms que les supporters se plaisent à découvrir : Dulin, Gaston, Djebabblah, Bales, Erbani etc... L'esprit est au travail : le SUA ne peut plus se permettre de tergiverser. Un ami, mieux, un frère, après m'avoir interrogé sur mes fonctions nouvelles s'exclame : "Comment, tu ne vas plus sur le terrain ?"  Je lui fais remarquer que, la saison dernière, l'âge quasi canonique aidant, je m'en étais déjà en partie écarté. Ensuite, j'ai très envie de m'occuper de toutes ces tâches qui correspondent aux activités du manager : liens avec le Centre de Formation et l'Association, harmonisation des différents staffs de l'équipe Pro, relations avec les arbitres et les équipes adverses, recrutement futur et enfin "bras gauche" du Président... Le "frère" insiste : "Tu sais bien que tu ne peux pas rester assis dans un bureau, qu'il te faut bouger, crier, saisir un ballon..." Je lui réponds : "J'ai changé de V.T.T, le nouveau ira plus loin. J'ai retrouvé la vieille Prince qui sommeillait depuis 15 ans au grenier et j'ai bien l'intention de ne pas me laisser malmener par Gilles, Stéphane, Thomas, et Pierre-Henri : enfin le dimanche matin, le petit "toucher" de Francis et Jean-Pierre ne m'échappera plus... De quoi m'endormir tôt, seul, bien sûr..."

Mercredi 16 juillet

Avec Christian, longue réunion sur les nouvelles règles. La semaine dernière nous avons parlé du maul. La possibilité de l'écrouler va t-il le faire disparaître ? Le match du 19 juillet entre les Australiens et les Springboks -pas un maul pendant les 80 minutes - peut donner une réponse mais nous pensons qu'en France, on sera vite capable de s'organiser pour conserver cette phase de jeu même si cette activité sera réduite. Aujourd'hui, place à la touche. D'abord on pourra jouer cette dernière rapidement grâce à une passe vers l'arrière, ce qui était quand même en partie toléré les saisons précédentes. Lors de Tri-Nations, il n'y a eu que très peu d'utilisation de cette nouvelle possibilité : une à deux fois par match. Par contre, on sent les équipes très motivées pour défendre avec hâte sur cette phase : Steyn s'en est rendu compte ! Un rappel important : pour qu'une touche ne puisse être jouée rapidement, il faut qu'un alignement soit constitué par deux joueurs de l'équipe opposante mais aussi par deux joueurs de l'équipe qui lance. Comme le lanceur peut se promener entre l'endroit où il réceptionne le ballon, l'endroit où le ballon est sorti et qu'il peut également reculer tant qu'il veut le long de la ligne de touche, voilà tout un espace que les adversaires se doivent de maîtriser. Autre paramètre important que les arbitres surveilleront car, jusqu'ici, ils faisaient preuve d'un certain laxisme dans ce domaine : les joueurs placés devant le botteur doivent s'arrêter et ne peuvent avancer que lorsque le ballon a franchi la ligne de touche ; ils doivent faire même une action de repli s'ils se trouvent à moins de 10 mètres du point de sortie. Il n'est pas question non plus d'empêcher le réceptionneur de jouer rapidement en se trouvant dans les 5 mètres pour le gêner. Rappelons qu'il faut utiliser le ballon qui était en jeu et que ce dernier ne peut pas avoir été manipulé par une autre personne que le lanceur. Je sais déjà un stade où les ramasseurs de balle seront forcément motivés pour opérer en trouble-fête sur leur piste d'athlétisme ! Une particularité : un joueur plaqué et expédié en touche avec le ballon ne peut empêcher un adversaire de saisir l'ovale pour jouer rapidement.

La semaine prochaine, nous aborderons les différents composants de l'alignement.

Jeudi 17 juillet

Ce petit Ricco qui nous avait tant séduit lors de l'ascension de Super-Besse a donc quitté Lavelanet et le Tour entre les pattes des gendarmes. Nous avions bien aimé son coup de rein, son visage d'ange et sa langue acide. Il nous aura bien trompé avec cette Cera, EPO retard. Dans notre milieu de l'ovale, personne ne nous trompe t-il ?

Si les médias se sont régalé au sujet de Riccardo Ricco, ils ont vite oublié Eric Jardin, ce simple professeur d'histoire et géographie qui n'a pu supporté d'avoir conduit, bien involontairement, sept de ses élèves à la mort, lors de la sortie scolaire de fin d'année. Comme beaucoup des "profs" de France, il aimait encore plus ses élèves que lui-même et il laisse pourtant deux petites filles qu'il devait chérir encore plus. C'est une histoire terrible. Combien de chefs militaires se sont-ils suicidés parce qu'ils avaient mené leurs hommes vers le destin funeste ?

Vendredi 18 juillet

La voie verte, direction les cheminées de Golfech. J'avoue que je ne me lasse pas de parcourir, une fois côté levant, une autre côté couchant, les bords du canal : un martin-pêcheur, un héron, une libellule, une péniche, une vedette, un aviron, un cycliste, une joggeuse aux belles cuisses : les mêmes lieux mais des spectacles infinis. A l'aire de saint-Jean de Thurac, le panneau indicateur annonce Saint-Romain à 3 kms. Céline, la cheville ouvrière de l'A.S. Romaintoise m'a parlé à deux reprises du club dont elle est fière et Jacky Laurans, le Président du Comité Périgord-Agenais m'a raconté qu'il avait sa licence... là-bas, je sais maintenant que c'est... là-haut. Pour les trois kilomètres, je soupçonne les services de l'équipement de nous "blouser" : la pente, le soleil et les vieilles jambes m'ont fait trouver la distance bien plus longue ! A la vue du clocher de cette belle église du XVIème, en mon for intérieur, je me suis imaginé assis, dans 5 minutes, à la terrasse du café siège de l'A.S R dégustant la bière si méritée. Or, Saint-Romain le Noble en plus de l'édifice religieux, c'est une mairie, une école, deux maisons, et... un terrain de rugby ! Admirable : comment font-ils pour entretenir une équipe ? Dans le passé, j'avais connu le M.U.R de Frégonville cher aux frères Idrac et à leur splendide présidente mais c'était Versailles à côté d'ici. J'imagine le dévouement, la solidarité, la volonté de ces dirigeants et je pense, presque avec colère, à mon pays de Mirande, sous préfecture, incapable d'avoir sa propre équipe, obligé de se tourner vers les voisins Miélanais ! je crois bien qu'un soir d'automne, j'essaierai de conduire là-haut les pros du SUA, pour un entraînement décentralisé : une façon de leur rappeler que ce sont les petits clubs qui font les grands joueurs.

Samedi 19 juillet

Les grands joueurs, ils sont sur la pelouse d'Armandie ce soir. Les dirigeants du SUA football n'ont pas agi dans la demie mesure en s'attachant la venue de l'Olympique de Marseille et des Girondins de Bordeaux. Seule l'aile gauche de la Tribune Basquet recèle quelques vides : 12000 spectateurs dont quelques rugbyphiles. Pour m'aider dans l'approche de l'événement, j'ai la chance d'avoir Alex sur le siège voisin. Sur les bancs Eric Gerets et Laurent Blanc ; sur la pelouse, les Ramé, Gourcuff, Diawara, Chamack (enfant d'Aiguillon) d'un côté, Mandanda, Ben Arfa, Cissé et Niang de l'autre. Curieusement, à deux pas de Bordeaux, ce sont les supporters phocéens qui sont les plus nombreux. Sont-ce eux qui ont déclenché la triste bagarre générale qui a opposé un peu avant le coup d'envoi une bonne cinquantaine de personnes autour de la buvette côté nouvelle tribune ? Un épiphénomène sans doute puisque la presse a oublié d'en parler alors que des enfants se trouvaient à proximité et qu'il fallut une intervention musclée non seulement des vigiles mais aussi des policiers agenais. Pour le reste, il faut rendre hommage aux organisateurs pour une manifestation réussie si ce n'est "l' incident" relaté ci-dessus. Pourtant, de mon côté, je suis rentré bien dubitatif : pourvu que notre rugby ne tombe pas dans l'idolâtrie de la vedette que j'ai ressenti tout au long de la soirée, même si notre sport a besoin, lui aussi, de grands joueurs pour attirer des licenciés et....des spectateurs !

Dimanche 20 juillet

La rumeur circulait depuis quelques jours et, ce matin, elle est confirmée : le Football club auscitain Gers sera le premier visiteur d'Armandie, le 6 septembre. Notre trésorier se frotte les mains car il sait que la Tribune Basquet ne connaîtra ce soir-là, aucun vide. De mon côté, j'ai pensé que la Ligue, soucieuse de m'expédier à la retraite, voulait organiser... mon jubilé ! Je sais que les Gersois tenaient leur première réunion de la saison aujourd'hui, "Au coin du feu" et je devine aisément l'unique sujet de conversation de leur après-midi. Certes, les Barcella, Idieder, Sentous, Tchale-watchou, Bontinck , Battut, Fonua, Salobert, Brana, Tidjini, Edmond-Samuel, Olivier, Pesteil... sont partis mais le réservoir des Espoirs auscitains est riche et quelques recrues bien choisies seront de la partie. D'ores et déjà, pour ce déplacement, je les imagine, les traits tirés, les dents serrées, cheveux en épis, au départ du car, devant l'antre du Bourrec. Pour une fois, Roger n'aura pas besoin du G.P.S, et Monique n'aura pas le temps de se disputer avec lui. Pendant le court trajet, Jacques pourra fulminer tout son saoul contre la désignation de l'arbitre et Alain racontera une nouvelle fois sa participation à l'arrestation de l'ennemi numéro 1 des années 80. Au fond du bus, les petits jeunes : Alexandre, Pierre, Julien, Frédéric... vont se "remonter" comme au bon temps des juniors. Les "vieux" Tau, Stephan le capitaine, Titi, Fred, habitués des grands rendez-vous auront quand même du mal à cacher leur fébrilité ; jusqu'ici, le derby, c'était le TPR et la Bigorre, maintenant c'est Agen et le Lot-et-Garonne. Après le donjon de Sainte-Mère, ils seront en terre ennemie. Il ne m'étonnerait pas que, comme lors de moments importants, le Président du Conseil Général, guide et mascotte du club, prenne place parmi eux. A l'arrivée, je les vois déjà s'énerver : Roger va manquer la rue Lavoisier et franchira difficilement l'étroite grille derrière Armandie, Monique va enfin pouvoir lui crier dessus ; l'infernal trio médical Jean-Paul, Pierre et Jacques - déjà un carton rouge en 2005 - toisera ses vis à vis trop polis, trop gentils. Même mon ami Momo va râler parce qu'il va trouver qu'on lui fait gravir trop de marches pour installer sa vidéo ; Jacques s'énervera en remplissant la feuille de match car je lui laisserai une table bancale ; Nicolas rouspètera car il n'aura que deux "Gilbert" trop usés et les clubs amis ne lui laisseront qu'une partie de l'en-but.

Ce ne sera pas une rencontre facile : dans un derby, le terrain n'a pas d'importance. Même ma voisine est en danger ; elle n'est pas du tout sûre d'être la reine d'Armandie, ce soir-là : les filles du Gers non seulement sont très belles mais elles sont également très solides !

P.S : Je cherche en vain sur les journaux spécialisés les résultats du rugby Beach de Gruissan : l'équipe du M.O malgré les maladresses des deux Nicolas, (comment peut-on s'appeler Nicolas en 2008 ?) les mauvaises passes de Gregory et les absences défensives d'Emmanuel.

Dernier renseignement : Quelles étaient, d'Emilie et de Myriam, les tenues vestimentaires ?

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