La chronique de Pierre Rabadan

Par Rugbyrama
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Notre expert, le troisième ligne du Stade français Pierre Rabadan, revient sur la déception provoquée par la défaite contre l'Angleterre.

Up and Under

Ce pourrait être le résumé du match de samedi soir qui a achevé le rêve mis en place une semaine auparavant.
La victoire face à la meilleure équipe du monde ne nous permettra donc pas d'être les meilleurs de ce même monde, et ce n'est pas logique, même si on a perdu contre les champions du monde...
Quel monde !
Frustration intense de passer d'un samedi à l'autre, du toit du monde à Cardiff à la tête dans la pelouse du Stade de France - Up and Under -.

Je suis certainement comme beaucoup d'entre vous, déçu du peu de jeu qu'ont étalé les bleus.
Fort de certitudes pour avoir fait tomber les Blacks, le salut Britannique aurait dû passer par le jeu ambitieux qui avait amené le XV de France à briller en matchs de préparations.
Les Blacks étaient joueurs, les Anglais exploitants, et comme nous avions admirablement manipulé et affronté les pratiquants du célèbre Haka, les valets de la Queen majesté en ont fait de même avec nous. Ils nous ont rappelé l'insupportable souveraineté qu'ils se plaisent à cultiver (plus facile avec Wilkinson c'est vrai).
C'est d'autant plus dur à avaler que ce n'est pas la première fois et que nos interminables confrontations viennent de prendre un supplément d'accent "So british"... en match décisif.
Je me doute de la frustration énorme des joueurs eux-mêmes qui ont dû se rendre compte, au-delà de leur déception personnelle (aussi énorme soit-elle), de ce sentiment d'avoir raté de trop peu l'accomplissement de l'idéal sportif et populaire, soulever la coupe Webb Ellis devant un peuple béatifié et euphorisé de la réussite de ses nouveaux symboles.
Drame du sport qui a fait verser tant de larmes ce week-end, ils avaient pourtant les moyens et c'est ça le plus frustrant, je crois.

C'est pas toujours le pied

Stratégiquement, la Coupe du monde paraît, sur l'analyse de beaucoup de ses matchs, paralysée par un jeu au pied omniprésent, une occupation obsédante qui pousse souvent à taper plutôt qu'à passer.
C'est bien dommage c'est vrai.
Il est plus plaisant de voir l'enchaînement de plusieurs passes et une prise d'intervalle tranchante, qu'un jeu au pied aérien dosé retombé dans les bras d'un coéquipier opportuniste et bien placé.
Le geste de récupération est certainement plus difficile en l'air, mais qu'importe, le rugby est un jeu de passe, on essaie encore de le croire.
Facile à dire, mais la réalité est différente.
Les défenses sont sanglantes, précises, pressantes et à l'affût de la moindre approximation.
C'est un fait, il est plus difficile de bien attaquer, quand la défense vise l'homme et ne doit pas contrôler le ballon.
Les cibles sont en vues et lorsque le jeu n'est plus dynamique, le pied est la dernière chance d'avancer.
Bim-Bam-Boum, "Up and Under" et inversion de pression.
Chaque équipe qui vise la gagne se doit de produire un jeu efficace, ("efficient" disent les Anglais) même s'il est moins spectaculaire, moins plaisant...
Et le plaisir sera dans la victoire. C'est vrai.
Mais le problème se pose différemment dans la défaite.
La réalité des "phases finales" est différente, l'élimination est immédiate !
Retour en arrière et revanche Argentine, la VIème Coupe du monde de rugby va se terminer pour la France là où elle a commencé...Un match de fermeture pour réparer l'ouverture !

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