Une pluie de billets verts pour les All Blacks ? Décision jeudi à Wellington...

Par Rugbyrama
  • Le haka du match Nouvelle-Zélande- Angleterre en 2019
    Le haka du match Nouvelle-Zélande- Angleterre en 2019
Publié le
Partager :

INTERNATIONAL - La Fédération néo-zélandaise de rugby va décider jeudi, par un vote en assemblée générale, si elle accepte de vendre un peu de l'âme des mythiques All Blacks à un gros fonds d'investissement américain, une question suscitant un débat passionné depuis plusieurs jours en Nouvelle-Zélande.

La tendance était à un vote favorable à la proposition du fonds Silver Lake, basé en Californie: 280 millions de dollars (230 millions d'euros) pour acquérir une partie de la marque "All Blacks", celle des hommes en noir triples champions du monde, qui gagnent huit matches sur dix.

Leur haka d'avant-match est presque aussi célèbre qu'eux, il fait peur à certains et leur âme, jusqu'à maintenant, n'était pas à vendre. Au cours du débat de ces derniers jours, certains ont même évoqué un veto des joueurs, un peu comme quand les capitaines des clubs de la Premier League anglaise se sont opposé au projet délirant d'une Super Ligue dans le football européen.

Les All Blacks sont à la fois un monument historique et une obsession de tous les jours en Nouvelle-Zélande, ils font partie intégrante de la vie des habitants, de leur fierté nationale, à quelques encablures des grands rivaux australiens et sud-africains.

Silver Lake souhaite acheter 12,5% des droits commerciaux et le droit de négocier des accords dans le monde entier pour vendre des droits de télévision et des produits dérivés. Ce qui ferait bondir la valeur commerciale globale du rugby néo-zélandais à 2,2 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros).

" Vendu leur âme "

Pour le grand patron de New Zealand Rugby Mark Robinson, par ailleurs en discussion avec le groupe français Altrad pour le sponsoring maillot, cet accord permettrait de "transformer" le rugby néo-zélandais et surtout de procurer une manne inespérée aux clubs locaux, souvent dans le rouge malgré les succès des Blacks sur les pelouses de la planète.

"Nous sommes convaincus que le jeu doit changer et que nous avons un rôle de leader à jouer pour que des opportunités se présentent", a dit Robinson à des journalistes locaux, dans un pays où la pandémie semble mieux maîtrisée qu'ailleurs mais où le rugby souffre quand même.

"Les clubs ont vendu leur âme", a regretté l'un des prédécesseurs de Robinson, David Moffett, sur Radio NZ. Selon lui, Silver Lake, qui gère un portefeuille d'actifs de 79 milliards de dollars (65 milliards d'euros), va tenter de presser les All Blacks comme des citrons, quitte à leur faire jouer des matches exhibition dénués de sens aux Etats-Unis.

Veto sur le haka?

"On verra les All Blacks jouer plus de matches sans intérêt, ce qui va dévaluer la plus belle marque du rugby mondial", prévoit Moffett. Des fans des All Blacks avaient déjà réagi en nombre, sur la page Facebook de la fédération, quand la société d'assurance américaine AIG avait annoncé en 2012 qu'elle apparaîtrait sur les fameux maillots noirs, longtemps vierges de tout sponsor.

Sur ce dossier, les supporters sont restés silencieux, laissant le syndicat des joueurs monter en première ligne. D'autant que l'investisseur potentiel n'est pas le premier venu: Silver Lake a acquis fin 2019 une part de 10% dans le City Football Group, propriétaire de Manchester City.

Selon des documents révélés avant le vote, une partie de l'investissement initial de Silver Lake, s'il est accepté jeudi, sera versée dans une Fondation destinée à préserver les intérêts du rugby néo-zélandais.

Mais selon un chroniqueur sportif du site Stuff.co.nz, Mark Reason, Silver Lake veut juste gagner de l'argent "en augmentant la valeur de New Zealand Rugby sur le papier avant de revendre en encaissant une plus-value, comme ils font d'habitude".

L'association des joueurs ne souhaite pas que les chants des cultures Maori et Pasifika, y compris celui du fameux haka, fassent partie de la transaction. Elle peut mettre son veto. Jeudi.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?