Le jeu offensif des Blacks, ce cliché

Par Rugbyrama
  • Kieran Read - New Zealand
    Kieran Read - New Zealand
  • Steve Hansen Coach - Nouvelle Zélande
    Steve Hansen Coach - Nouvelle Zélande
  • Ben Smith (Nouvelle-Zélande) - 24 juin 2017
    Ben Smith (Nouvelle-Zélande) - 24 juin 2017
Publié le Mis à jour
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FOUR NATIONS - Alors que la Nouvelle-Zélande affronte ce samedi l'Argentine à Nelson, nous en profitons pour décortiquer une des facettes du jeu des Blacks : l'utilisation du ballon. Ainsi, les Pumas devront faire plus que tenir le ballon pour l'emporter au Trafalgar Park.

Le cliché est tellement gros qu’il en est presque devenu un adage : "les All Blacks sont l’équipe la plus joueuse qui soit." Et bien reclassons tout de suite cette idée populaire qui ferait des partenaires de Kieran Read une formation ultra-joueuse, à l’image de ce qu’à pu proposer à moindre mesure La Rochelle la saison dernière, ou encore les Barbarians, les actions fantasques en moins. Elle ne l’est pas.

En fait, la subtilité réside dans la capacité unique des Blacks à optimiser leur possession grâce à des séquences offensives parfaitement huilées et des attaquants comme on ne peut en trouver qu’au pays du long nuage blanc. L’exemple de Julian Savea (46 essais en 54 sélections) ou encore plus récemment de Rieko Ioane (16 essais en 17 sélections) n’attise que encore plus cette thèse. Résultat, cette idée collée à l’image des Tout Noirs n’est finalement qu’une illusion d’optique, que les hommes de Steve Hansen cultivent à outre mesure.

Steve Hansen Coach - Nouvelle Zélande
Steve Hansen Coach - Nouvelle Zélande

En effet, il suffit dans un premier temps de jeter un coup d’oeil sommaire aux statistiques pour s’apercevoir de l’évidence, à savoir que face aux nations du Top 10 mondial, les Blacks ne dépassent ô grand jamais les 55% de possession. Aux antipodes des 70% qu’eurent les Blacks lors d’un certain quart de finale de Coupe de Monde 2007… Pis, ces derniers se contentent aujourd’hui très souvent d’une possession ne dépassant guère les 45%. Ainsi en juin dernier, le test le plus marquant fut le troisième, lorsque les Bleus passèrent près de dix minutes dans les 22m français pour inscrire 14 petits points, quant les Blacks en cinq minutes de possession dans cette zone critique, en avaient inscrits 49… Dès lors, la notion d’efficacité prend tout son sens.

L’exemple fut tout aussi frappant lors du premier match de la Bledisloe Cup 2018, quand les Néo-Zélandais furent menés 6 à 5 face à l’Australie à la pause, avec environ 38% de possession, et que chacun les voyait sans solutions face à la densité du premier rideau adverse. Quand les Tout Noirs mirent de manière plus significative la main sur le ballon en deuxième période (52% à 48% à la fin du match), ils passèrent un cinglant 33 à 7 aux Aussies. A armes égales, impossible de rivaliser.

Le système d’occupation

Les Blacks optimisent donc au maximum la possession, c’est un fait. Mais, sous l’égide de Steve Hansen, en poste depuis 2012, c’est en fait tout le système de jeu néo-zélandais qui casse les codes. Et le phénomène semble s’être accentué depuis leur deuxième titre mondial en 2015, comme pour parer à l’évolution permanente de notre jeu, dont ils sont constamment avant-gardistes.

En effet, les partenaires de Beauden Barrett ne prennent en fait que très peu de risques : pas de jeu dans leurs propres 40m et du jeu au pied autant qu’il en faut. Néanmoins, les coups de patte ne sont jamais rendus bêtement, toujours tapés dans des zones mal couvertes par l’adversaire, mais aussi beaucoup de chandelles suivies sous lesquelles excellent les Ben Smith et autre Milner-Skudder. Un jeu pragmatique, assez proche au final de celui des Saracens, l’ennuie du flegme anglais en moins.

Ben Smith (Nouvelle-Zélande) - 24 juin 2017
Ben Smith (Nouvelle-Zélande) - 24 juin 2017

Car attention aux ballons de récupération! Là dessus, les AB’s collent au possible à l’image qu’ils renvoient. Avec eux, le moindre ballon perdu est une occasion franche d’essai, et ce peu importe la zone du terrain. Deux actions récentes ont frappé les esprits. D’abord l’essai de Jack Goodhue en ouverture du Four Nations, quand un ballon anodin arraché par Naholo se termina après 3 passes et un cad-ded’ de Ioane plus tard, 80 mètres plus loin.

Et que dire du quatrième essai de Barrett lors de son récital du deuxième match du Rugby Championship ? Lorsque les Australiens cafouillèrent un ballon à proximité de l’en-but des Blacks, et qu’après une percée éclair de McKenzie et un relais parfait de Ben Smith, le meilleur joueur du monde pointait en but une nouvelle fois, là aussi 90 mètres plus loin. C’est simple, les All Blacks sont les seuls à pouvoir faire ça. Quand bien même les autres équipes tenteraient de les imiter, cela les mèneraient certainement à leur perte. Le mythe prend donc fin ici, quand la magie noire acquière elle tout son sens…

Par Théo Fondacci

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